Londres renonce au projet Xlinks d’importation d’électricité verte depuis le Maroc

Des panneaux photovoltaïques. DR

Revue de presseLondres tourne le dos au projet Xlinks, censé acheminer de l’électricité verte du Maroc vers le Royaume-Uni. Malgré son envergure et son potentiel environnemental, ce mégaprojet est jugé incompatible avec la nouvelle priorité britannique de souveraineté énergétique locale. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 26/06/2025 à 21h52

Le gouvernement britannique a annoncé, jeudi 26 juin, l’abandon du projet énergétique Xlinks, qui visait à importer massivement de l’électricité solaire et éolienne produite au Maroc. Cette décision, indique le magazine Challenge, marque un tournant stratégique dans la politique énergétique du Royaume-Uni, désormais axée sur le renforcement des capacités locales.

Porté par l’entreprise britannique Xlinks, le projet prévoyait l’installation de vastes fermes solaires et éoliennes dans la région de Tan-Tan, au sud du Maroc, couplées à une infrastructure de transmission inédite: un réseau de 4.000 kilomètres de câbles sous-marins reliant directement le Maroc au Royaume-Uni. L’objectif affiché était de fournir une électricité propre à environ 7 millions de foyers britanniques, soit près de 8% de la demande nationale, précise l’hebdomadaire.

Mais dans une déclaration ministérielle publiée jeudi, les autorités britanniques ont indiqué que le projet ne s’alignait pas «clairement avec les objectifs de développement d’une électricité locale». Londres évoque également des «risques élevés» en matière de livraison, d’exploitation et de sécurité énergétique.

Xlinks espérait obtenir un contrat de soutien public sur 25 ans, garantissant un prix fixe pour l’électricité importée. Une demande à laquelle le gouvernement a donc opposé une fin de non-recevoir. Pourtant, en 2023, le projet avait été classé parmi les «projets d’importance nationale» par le Royaume-Uni.

Réagissant à la décision, le président de Xlinks, Sir Dave Lewis, s’est dit «extrêmement surpris et profondément déçu». Il a toutefois assuré que l’entreprise allait explorer «d’autres voies» pour «maximiser la valeur» du projet et relancer son potentiel, relève Challenge.

Selon les projections de Xlinks, cette énergie verte aurait pu permettre de réduire de 9% les prix de gros de l’électricité au Royaume-Uni et de diminuer d’environ 10% les émissions de CO₂ du secteur énergétique britannique.

Malgré ce revers, le Royaume-Uni demeure un leader européen dans le domaine des énergies renouvelables, notamment grâce à son parc éolien terrestre et offshore. Il reste toutefois devancé par les pays scandinaves, qui exploitent de manière intensive les ressources hydrauliques et éoliennes.

Dans le cadre de ses objectifs climatiques, le Royaume-Uni s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 81% d’ici 2035, par rapport aux niveaux de 1990, et à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour y parvenir, le gouvernement a récemment annoncé un investissement de plus de 30 milliards de livres dans l’énergie nucléaire, considérée comme un pilier essentiel de sa stratégie énergétique à long terme.

Par Nabil Ouzzane
Le 26/06/2025 à 21h52