Dans sa lettre datée du 14 mai, adressée au département de la planification, la compagnie Xlinks a demandé une mise en pause de la procédure d’obtention de l’ordonnance de consentement de développement (DCO). Cette décision a été motivée par l’attente d’une réponse du côté du département britannique de la sécurité énergétique et de la neutralité carbone au sujet du Contrat pour la différence (CfD).
«Il s’agit d’une mise en pause du processus DCO et non d’une suspension», insiste une source autorisée, ajoutant que l’objectif est d’éviter «un désalignement des différentes étapes de développement du projet».
«Le DCO est un processus lié aux différentes autorisations dont le projet a besoin au niveau local (site, environnement, architecture, etc.). Le CfD est un processus discuté avec le gouvernement britannique relatif au prix de l’électricité. Les deux processus sont indépendants», ajoute la même source.
Dans sa lettre, Xlinks évoque des «circonstances exceptionnelles indépendantes» et estime qu’une pause «permettrait au processus d’examen de se dérouler de la manière la plus efficace et la plus rigoureuse possible, tout en garantissant que le DCO puisse ensuite progresser rapidement».
Pour rappel, le contrat CfD, en cours d’examen par le gouvernement britannique, devrait garantir à Xlinks un prix de revente de l’électricité produite de 77 livres sterling et 87 livres sterling par Mégawatt/heure respectivement pour l’énergie solaire et l’énergie éolienne produite dans la région de Guelmim-Oued Noun, et ce pour une durée de 25 ans. Le mécanisme du CfD, également appelé «contrat d’écart compensatoire», permet à Xlinks de sécuriser son business model, notamment auprès des financiers et bailleurs de fonds.
Le retard pris dans la finalisation du CfD s’explique par la formule choisie par Xlinks, qui a opté pour une négociation de gré à gré au lieu de passer par le canal des appels d’offres. L’instabilité gouvernementale au Royaume-Uni a aussi perturbé le processus de négociation. Début avril dernier, dans une déclaration au quotidien britannique The Telegraph, Dave Lewis, président de Xlinks, a laissé entendre que, si le retour du gouvernement était davantage retardé, alors que le projet est déjà déclaré d’importance nationale, les actionnaires pourraient décider de rediriger les ressources vers d’autres projets en cours de développement, ajoutant que celui d’une liaison entre le Maroc et l’Allemagne est une option parmi d’autres.
Rappelons aussi que le groupe australien Fortescue envisage de développer un projet de liaison électrique similaire (100 Gigawatts) entre l’Afrique du Nord et l’UE. Dans un entretien accordé au même Telegraph, son président, Andrew Forrest, a affirmé avoir eu des discussions à ce sujet avec Ed Miliband, secrétaire d’État britannique en charge de la sécurité énergétique. Des discussions sont également en cours avec divers gouvernements européens sur l’installation de plusieurs câbles sous-marins afin de transporter l’électricité, apprend-on de la même source. Ces câbles pourraient, a-t-il dit, acheminer jusqu’à 500 térawattheures (TWh) d’électricité par an, soit près de l’équivalent de la consommation annuelle totale de l’Allemagne ou de la production de 17 centrales nucléaires «Hinkley Point C» fonctionnant 24 heures sur 24.