Pour faire face aux aléas du marché, le Maroc a adopté une approche proactive: la mise en place de stocks stratégiques afin de surmonter les contraintes d’approvisionnement en céréales et de se protéger contre les fluctuations des marchés céréaliers mondiaux, qui ont subi plusieurs secousses depuis 2007-2008.
Le projet de stock stratégique de céréales, rapporte Les Inspirations Eco dans son édition du 28 avril, est conduit par la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL), Il ambitionne de mettre en place un dispositif efficace pour faire face aux crises d’approvisionnement. Défendu par Omar Yacoubi, président de la FNCL, ce projet repose sur la création d’un stock capable de garantir l’autonomie du Maroc sur une durée de quatre à six mois, ajustable en fonction des besoins de l’État. «Il est fondamental de constituer ces stocks pour ne plus dépendre des aléas d’approvisionnement en blé», affirme Omar Yacoubi, cité par le quotidien.
Le mécanisme envisagé prévoit des achats coordonnés par les pouvoirs publics, financés par les opérateurs du secteur (CMA, SMA), avec un stockage sécurisé par des indemnités et des contrats-programmes spécifiques à la filière. Toutefois, certains défis persistent, notamment le besoin de renforcer les infrastructures de stockage à travers la construction de nouveaux silos.
Pour assurer la stabilité des prix et une gestion optimale des stocks, la FNCL propose d’instaurer des appels d’offres encadrés par l’État. Ce dispositif permettrait une collecte rapide du blé local à des prix valorisés, tout en assurant une autonomie suffisante pour répondre aux besoins nationaux. Selon la FNCL, ce modèle préserverait le fonctionnement du marché local et maintiendrait la libéralisation des importations, tout en maîtrisant les coûts.
Un autre enjeu de taille concerne la gestion de la qualité du blé pendant toute la durée de stockage. Les autorités devront veiller à ce que la qualité des céréales soit maintenue depuis la collecte jusqu’à la distribution, précise Les Inspirations Eco.
L’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) joue un rôle clé dans l’approvisionnement du marché national. D’après Bilal Hajjouji, directeur de l’ONICL, «la filière céréalière marocaine est caractérisée par une forte volatilité et une dépendance importante aux conditions climatiques ». «La chaîne de valeur est principalement concentrée sur l’axe Casablanca-Fès, ce qui constitue un risque en cas de crise», explique-t-il. Dans ce contexte, l’ONICL adopte une politique dynamique de gestion des stocks, visant à intégrer davantage la production nationale au tissu industriel et à garantir un prix rémunérateur pour les producteurs.
La gestion des stocks par l’ONICL s’appuie sur plusieurs leviers : assurer un écoulement optimal pour l’approvisionnement des minoteries, appliquer des droits d’importation protecteurs et instaurer des primes de magasinage pour stimuler la collecte.
À l’issue d’une rencontre consacrée aux défis de la filière céréalière, trois conventions majeures ont été signées. La première, entre l’ONICL et la FNCL, vise à renforcer les capacités d’analyse et d’étude du secteur minotier. La seconde porte sur le cahier des charges relatif au stockage des céréales. Quant à la troisième, un avenant technique signé entre l’ONICL, Intercéréales France et France AgriMer, elle prévoit, pour 2025, des actions destinées à renforcer les compétences techniques et la gestion des laboratoires de l’ONICL.