L’automobile, miroir cruel de l’incompétence du régime algérien

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

Revue de presseL’Algérie est le seul pays au monde qui a du mal à rendre applicables des décisions souveraines actées par des lois de finances et émanant de la volonté exprimée au plus haut sommet de l’Etat. L’évolution du marché automobile algérien continue d’incarner l’incapacité du président Tebboune à tenir ses promesses.

Le 30/01/2023 à 20h33

Abdelmadjid Tebboune rêve d’emboîter le pas au Maroc, qui a su s’imposer comme une plateforme industrielle de choix, en mesure de séduire les grands constructeurs automobiles. Grâce à un savoir-faire ancré dans l’histoire, depuis la naissance de l’usine de Somaca en 1959 jusqu’à l’émergence des sites de Stellantis et de Renault à Kénitra et Tanger, le Royaume est en passe de devenir la référence africaine en matière d’industrie automobile, avec une performance record réalisée en 2022 dépassant le seuil de 100 milliards de dirhams d’exportations.

Face à cet exploit, l’Algérie se réfugie derrière les slogans trompeurs du régime militaire, qui veut faire croire à une industrie automobile qui, en réalité, n’existe que dans l’imagination de Tebboune, Chengriha & Co.

De quelle industrie automobile parle-t-on quand on sait que la plupart des unités de montage installées lors du mandat de Bouteflika (Kia, Volkswagen, Hyundai, etc.) se sont effritées sous l’effet des magouilles orchestrées par le nouveau locataire du Palais d’El Mouradia? L’affaire Tahkout est là pour témoigner à quel point l’industrie algérienne baignait dans un climat corrompu, digne d’une république bananière.

L’Algérie est le seul pays au monde où le prix des véhicules d’occasion dépasse celui du neuf. Ce résultat paraît logique dans un contexte marqué par la suspension forcée de l’activité d’importation de véhicules neufs et de celle d’assemblage. Pour remédier à cette situation de blocage, la loi de finances 2023 a autorisé l’importation des véhicules de moins de trois ans, mais à ce jour, la mesure n’est toujours pas appliquée dans la pratique.

Ce n’est pas nouveau, fait savoir le quotidien algérien Le Midi Libre. «Une disposition dans ce sens a été introduite dans la loi de finances 2020, mais le gouvernement a gelé son application à cause de sa non-conformité aux lois en vigueur, notamment celle sur la monnaie et le crédit», souligne le journal.

Et d’expliquer: «Il était en effet prévu que les particuliers désirant importer des véhicules de moins de trois ans effectuent le paiement via un compte bancaire ouvert en Algérie et alimenté par leurs devises propres.»

Concrètement, ajoute la même source, il s’agissait d’acquérir des devises sur le marché noir et de les déposer en banque pour effectuer ensuite le transfert. «Or, le change parallèle est officiellement interdit par la loi algérienne. La disposition était critiquée et présentée comme susceptible d’encourager le marché parallèle des devises», est-il précisé.

Une disposition similaire est contenue dans la loi de finances complémentaire pour 2021, mais elle n’a jamais été appliquée pour les mêmes raisons, renchérit le journal, en rappelant qu’entre-temps, ni l’importation du neuf ni l’assemblage n’étaient autorisés et les prix ont continué à monter.

Fin 2022, le régime a une nouvelle fois fait étalage de mesures susceptibles de mettre fin aux tensions sur l’automobile, dont le retour à l’importation des véhicules neufs, la relance des usines de montage et l’autorisation de l’importation des véhicules d’occasion. Cette dernière mesure est actée dans la loi de finances pour 2023. «Alors que les Algériens attendaient qu’elle soit effective dès le début de l’année, ils ne voient rien venir alors qu’un mois est déjà écoulé», s’étonne Le Midi Libre. Ce qui n’exclut pas de penser qu’il s’agit encore une fois de propos maladroits émanant d’un régime incapable de faire ce qu’il dit.

Par Wadie El Mouden
Le 30/01/2023 à 20h33