Pour décarboner l’industrie et réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’hydrogène vert est devenu une priorité dans les stratégies énergétiques de nombreux pays, dont les plus développés. Dans un récent rapport, «Géopolitique de la transformation énergétique: le facteur hydrogène», l’IRENA estime que d'ici 2050, l'utilisation de l'hydrogène pourrait atteindre jusqu'à 12 % de la consommation mondiale d'énergie.
L’émergence de cette nouvelle énergie bas carbone devrait également, selon ce document, modifier la géographie du commerce de l'énergie, alors que «le commerce traditionnel du pétrole et du gaz est en déclin». L’hydrogène vert est produit à partir d'électricité renouvelable (éolienne et solaire) par un processus d'électrolyse de l'eau (un procédé qui décompose l'eau en dioxygène et d'hydrogène gazeux). Il se distingue de l’hydrogène «gris», qui est produit à partir de sources d’énergie fossiles.
Le Maroc est à cet égard bien placé pour devenir l’un des principaux pays producteurs et exportateurs d’hydrogène vert au monde, aux côtés des Etats-Unis, du Chili, de l’Arabie Saoudite et de l’Australie, à en croire l’IRENA.
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Le Royaume, qui s’est positionné assez tôt sur cette filière, fait partie des pays susceptibles de produire de l’hydrogène vert à faible coût, estime l’agence internationale, en capitalisant sur le potentiel considérable en énergies renouvelables, particulièrement solaire et éolienne, dont il dispose. Le Maroc devrait ainsi passer du statut d’importateur net d’énergie à celui d’exportateur, grâce au développement de l’hydrogène vert.
Le rapport souligne aussi que le Maroc a œuvré à mettre en place un environnement réglementaire favorable au développement de l’hydrogène vert. Une Commission nationale ad hoc a ainsi été créée dès 2019, et une feuille de route dédiée au développement de cette filière a été rendue publique en janvier 2021.
D'ici 2030, prévoit le document, le Maroc envisage un marché local de l'hydrogène de 4 térawattheures (TWh) et un marché à l'export de 10 TWh qui, cumulés, nécessiteraient la construction de 6 GW de nouvelles capacités renouvelables et soutenir la création de plus de 15.000 emplois indirects.
Grâce à ces atouts, et à sa proximité géographique avec l’Europe, le Maroc est naturellement courtisé par les géants du Vieux Continent qui cherchent à sécuriser leur approvisionnement futur en hydrogène vert. L’IRENA rappelle ainsi que l'Allemagne a conclu des accords bilatéraux sur l'hydrogène vert avec plusieurs fournisseurs potentiels, dont le Maroc.
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Ces accords bilatéraux entre Etats fournisseurs et Etats importateurs vont se multiplier à l’avenir, contribuant à redessiner la carte de la géopolitique énergétique, telle que nous la connaissons actuellement.
«Les pays qui réussissent à devenir de grands exportateurs d'hydrogène vert et de carburants dérivés devraient également gagner en importance géostratégique», résume l’IRENA dans son rapport.
En septembre dernier, le cabinet McKinsey avait estimé dans un rapport que le Maroc pourrait capter jusqu'à 4% de la demande mondiale en molécules vertes.