Pour décarboner ses secteurs manufacturiers et réduire ses émissions de gaz à effet de serre, l’hydrogène vert est devenu une priorité dans la stratégie énergétique adoptée par le Maroc.
Le Royaume est désormais qualifié pour devenir un acteur clé dans le développement du "nouveau pétrole". Il pourrait capter jusqu'à 4% de la demande mondiale en molécules vertes, grâce à une feuille de route bien tissée. C’est pourquoi le rapport de McKinsey & Company, intitulé "Africa's Green Manufacturing Crossroads: Choices for a Low Carbon Industrial Future" (Carrefour de la fabrication verte en Afrique: des choix pour un avenir industriel à faibles émissions de carbone), a dédié un encadré à la production du Maroc de l’hydrogène vert.
Selon cette nouvelle étude du cabinet new-yorkais de conseil en stratégie, "le développement de la production d'hydrogène vert à grande échelle est la clé de la stratégie du Maroc pour un avenir net zéro".
Hydrogène vert, vecteur de transition énergétique et de croissance durable au MarocLe Royaume progresse ainsi dans la prise de conscience de sa responsabilité face au changement climatique et agit de manière croissante pour contribuer à enrayer ce phénomène. Toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement, la société civile, les entreprises et les organisations internationales, travaillent ensemble pour y parvenir, souligne l’étude.
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A ce titre, le rapport de McKinsey & Company donne l’exemple du World Power-to-X Summit, organisé par l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) et l'Université Mohammed VI polytechnique (UM6P) du 1er au 3 décembre 2020. Un rendez-vous qui a déclenché des discussions de haut niveau et des partenariats pour une nouvelle ère d’énergies propres, rendue possible grâce aux opportunités offertes par l’hydrogène vert et ses produits dérivés.
Cet évènement avait également pour objectif de créer une plateforme de discussion régionale dédiée à l’hydrogène vert et à ses applications dans l’ensemble de l’économie Power-To-X, est-il précisé.
Une feuille de route sur la tableLe Maroc s'assure également de participer à d'autres discussions internationales clés sur l'hydrogène, fait observer la même source, telles que la Conférence portugaise sur l'hydrogène qui s'est tenue en avril 2021.
Le rapport de McKinsey & Company indique que pour soutenir le passage à une économie verte, axée sur l’hydrogène, le gouvernement marocain a mis en place un environnement réglementaire favorable. Ainsi, il a créé, en juin 2020, un Conseil national de l’hydrogène (CHD) pour conduire les études de faisabilité de déploiement de ce nouveau pétrole et faciliter la mise en place d'une feuille de route dédiée.
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Le Maroc tient aussi à consolider l'infrastructure nécessaire pour soutenir l’essor de cette énergie renouvelable. Par exemple, ajoute le même rapport, l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) chapeaute un groupe de travail sur les infrastructures gazières du CHD afin d’émettre des recommandations sur le développement d'un hub logistique pour acheminer l'hydrogène vers l'Europe.
Les partenariats se multiplient pour promouvoir la production du pétrole vert au MarocPlusieurs partenariats ont été également conclus avec divers pays européens pour développer davantage la production d'hydrogène et explorer de nouveaux mécanismes de financement, de recherche et de formation.
Le Maroc, qui a développé un modèle énergétique favorable à la production de l’hydrogène vert, basé essentiellement sur la montée en puissance des énergies renouvelables, a pu développer 960 MW de sources d'énergie renouvelables en seulement quatre ans (de 2015 à 2019), pour atteindre une capacité renouvelable totale installée de 3.865 MW à fin 2019. La centrale solaire de Noor Ouarzazate représente la capacité la plus élevée avec 580 MW, détaille l’étude du cabinet stratégique new-yorkais.
Quid de l'Afrique?Côté Afrique, le rapport de McKinsey & Company souligne que le continent pourrait développer un secteur manufacturier à faible émission de carbone. Ainsi, Kartik Jayaram, associé senior du bureau de ce cabinet à Nairobi, fait savoir que les choix faits par le continent africain seront déterminants pour concilier industrialisation et croissance verte.
Il déclare que les opportunités de croissance de l'industrie manufacturière sont nombreuses, mais que la transition vers une industrialisation durable présente certains défis.
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"La moitié des infrastructures industrielles susceptibles d'émettre des GES (gaz à effet de serre) en 2050 ne sont pas encore présentes en Afrique. L’industrie manufacturière a donc la possibilité de faire un saut technologique, en privilégiant le développement de solutions à faible émission carbone. Cette stratégie permettrait d’éviter une forte dépendance aux énergies fossiles et les coûts liés à la transition de la filière combustible vers les énergies renouvelables, telle que constatée dans les pays développés. Cette perspective ouvre également la voie à une économie africaine plus compétitive, résiliente et durable", explique-t-il.
Les recherches montrent que l'industrie manufacturière africaine émet actuellement environ 440 mégatonnes d'équivalent de CO2 (Mt éq CO2), soit 30 à 40% du total des émissions africaines. Et cinq secteurs de l’industrie manufacturière émettent le plus d’émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit du ciment, de la transformation du charbon en liquide, du raffinage du pétrole, du fer et de l'acier et de l'ammoniac.
Il est donc nécessaire de penser à une croissance économique plus durable puisque le continent est à la croisée des chemins et peut choisir la voie d'un avenir industriel à faibles émissions de carbone.