Le ministère espagnol de la Transition écologique a confirmé à l’agence Europa Press, hier soir, mercredi 2 février 2022, qu'il a répondu «positivement» à la demande du Maroc «d'un soutien pour garantir sa sécurité énergétique sur la base de relations commerciales», comme «il convient de le faire avec tout autre partenaire ou voisin».
En ce sens, le département dirigé par Teresa Ribera a précisé «qu'en toute transparence, le Maroc pourra acquérir du gaz naturel liquéfié (GNL) sur les marchés internationaux, le décharger dans une usine de regazéification sur le continent et utiliser le gazoduc du Maghreb pour atteindre son territoire».
Ce geste envers le pays voisin n'est pas anodin, mais pourrait à son tour avoir des répercussions sur les relations avec l'Algérie, principal fournisseur de gaz de l'Espagne, commente «Europa Press», rappelant qu'Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août dernier et a fermé en novembre le gazoduc Maghreb-Europe (GME).
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Suite à cette fermeture, le gouvernement marocain avait initialement assuré qu'il n'y aurait pas de problèmes d'approvisionnement, mais il a finalement choisi de demander l'aide de l'Espagne.
La ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a déclaré à Bloomberg que Rabat souhaitait signer des accords pour au moins cinq ans afin de garantir son approvisionnement en GNL, pour lequel elle a invité un groupe d'opérateurs à soumettre des offres début janvier.
Depuis plusieurs semaines, le Maroc était en pourparlers avec l'Espagne pour utiliser les terminaux GNL (gaz naturel liquéfié) des ports espagnols pour ensuite acheminer le gaz vers le Maroc, via le Gazoduc Maghreb-Europe.
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Le360 vous l'indiquait dans un article précédemment paru, citant un haut responsable à l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), «l’inversion du flux du GME n’est qu’une solution parmi d’autres sources alternatives d’approvisionnement. Elle permet d’alimenter les centrales marocaines (celles fonctionnant au gaz, Tahaddart et Aïn Beni Mathar, Ndlr) depuis l’ouest du pays à partir de l’Espagne, si cela est nécessaire, mais aussi potentiellement à partir d’une installation maritime d’importation connectée au GME».
Ce même interlocuteur a expliqué que si l’option d’approvisionnement à partir de l’Espagne devait être mise en place, il ne s’agirait pas de faire venir au Maroc, ni du gaz algérien par une voie détournée, comme aimeraient le faire croire certains médias (tout particulièrement les médias algériens, et à leur tête l’agence de presse officielle APS), ni de gaz prélevé sur le marché espagnol, en compétition avec les consommateurs locaux en cette période de flambée des prix.
«Il s’agirait au contraire de gaz acheté par le Maroc sur les marchés internationaux et déchargé en utilisant des infrastructures européennes, espagnoles, portugaises ou autres, et envoyé vers le Maroc à travers le GME, par des opérateurs qui sont régis par des règles européennes de libre accès des tiers et de non-discrimination», a ajouté cet interlocuteur à l'ONHYM.