Une réunion technique entre responsables marocains et espagnols, relative à l’exploitation du gazoduc Maghreb-Europe, a eu lieu, mercredi 20 octobre, par visioconférence, a appris Le360 de ses sources. Objet de cette réunion: étudier les modalités d’inversion du flux du gaz qui était acheminé depuis bientôt 30 ans, du sud au nord.
C’est l'Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym) qui mène, côté marocain, les négociations avec la partie espagnole, pour définir les paramètres techniques et financiers d’un nouveau schéma de partenariat gazier entre les deux pays.
Contactée à plusieurs reprises, la directrice de l'Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym), Amina Benkhadra, est restée injoignable.
Fraîchement nommée à la tête du ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, a également pris part à la réunion du 20 octobre. Celle-ci marque le début d’une nouvelle étape dans le fonctionnement du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) et intervient à quelques jours de l’expiration de l’accord tripartite Algérie-Maroc-Espagne, qui arrive à échéance le 31 octobre prochain.
Les débats de la réunion de mercredi dernier ont porté sur les modalités de mise en œuvre du scénario d’inversion des flux du GME (un reverse flow, selon le terme technique consacré), de sorte à pouvoir importer du gaz (pas forcément algérien) à partir des ports espagnols avant de l’acheminer via le même gazoduc jusqu’aux centrales de Aïn Beni Mathar et de Tahaddart. Alimentées jusqu’ici par le gaz algérien, ces deux centrales contribuent à hauteur de 17% à la production électrique nationale.
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Dans un article récemment paru, le quotidien économique espagnol Cinco Dias a indiqué que ce projet d’inversement des flux, qui serait confié au groupe Enagás, est techniquement possible et était même prévu dans l’accord initial, mais nécessitera un investissement dont le montant dépendrait du volume à transporter et des frais de transit -qui restent à déterminer. Les négociations en cours vont devoir trancher sur les paramètres techniques, économiques et financiers qui vont encadrer le fonctionnement du nouveau schéma inversé du gazoduc.
Citant un haut responsable marocain, l’agence de presse britannique Reuters a indiqué que le GNL qui sera importé par le Maroc «ne va pas concurrencer les approvisionnements espagnols en gaz» et qu’il s'agira d'un achat supplémentaire demandé par le Maroc, qui va régler les frais lié au transit par les ports espagnols et par le gazoduc.
Le Maroc, toujours selon Reuters, aurait déjà accordé des autorisations à des importateurs de gaz en prévision du non-renouvellement de l’accord sur le gazoduc.
Le vendredi 15 octobre dernier, le ministère de la Transition énergétique, motivé par un engouement des opérateurs, a annoncé avoir prolongé de dix jours la durée de l’appel d’offre pour la construction d’une station de transformation du gaz liquéfié en gaz naturel au large du Maroc.
Lors d'une de ses sorties médiatiques, voici douze jours, le dimanche 10 octobre dernier, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que l'Espagne ne sera plus approvisionnée en gaz via le GME transitant par le Maroc. «Nous n'avons plus besoin de ce gazoduc… Nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner via Medgaz», a-t-il soutenu.
Concernant la poursuite du pompage du gaz algérien au Maroc via le GME, Tebboune a laissé entendre qu'«aucune décision n'a encore été prise à cet effet», soulignant que l’Algérie continuera à pomper le gaz via ce gazoduc jusqu’à la fin du contrat en vigueur, prévue donc le 31 octobre 2021.