Gazoduc Maghreb-Europe: «Rien de précis ne m'a été indiqué», a affirmé le MAE espagnol, José Manuel Albares

Le ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Albares, au cours d'une conférence de presse le 10 septembre 2021.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Albares, au cours d'une conférence de presse le 10 septembre 2021. . Farooq NAEEM / AFP

Dans un entretien accordé au journal "El Periodico", le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, affirme ignorer encore si l’Algérie continuera ou non à fournir du gaz à l’Espagne via le Gazoduc Maghreb-Europe transitant par le Maroc, dont le contrat expire le 31 octobre prochain.

Le 12/10/2021 à 15h43

Le flou persiste toujours autour du Gazoduc Maghreb Europe (GME) reliant l’Algérie à l’Espagne et qui traverse le territoire marocain sur environ 540 kilomètres.

«Le contrat du GME reste en vigueur jusqu'au 31 octobre. Aucune décision définitive n’a encore été prise… Lorsque j’étais à Alger, rien de précis ne m'a été indiqué à cet égard», lance José Manuel Albares qui, pour rappel, lors de sa visite en Algérie fin septembre dernier, a été reçu par le président Abdelmajid Tebboune.

«Il n’y a rien d’officiel pour le moment. Ce qui est important pour les Espagnols, c’est que l’approvisionnement en gaz est garanti et l'Algérie satisfera la demande de l'Espagne en gaz… J'ai reçu toutes les garanties que l'Algérie respectera les contrats convenus», a-t-il ajouté dans cet entretien accordé au journal espagnol El Periodico.

Mais comment l’Algérie pourrait-t-elle honorer ses engagements alors que les capacités du gazoduc direct Medgaz (pipeline sous-marin reliant directement l’Algérie à l’Espagne) sont en deçà des besoins de l’Espagne? «C'est une décision qui n'appartient pas à l'Espagne. Il existe d'autres moyens de transport comme le gaz naturel liquéfié (GNL)», répond José Manuel Albares.

Interpellé sur le prix relativement cher du GNL, le ministre espagnol des Affaires étrangères fait savoir qu'il s’agit de «contrats privés dans lesquels il faudra voir comment le prix est fixé et quel est le prix final».

«La capacité de transport du gaz par Medgaz sera déjà étendue. Il faudra voir comment sera le gazoduc qui transite par le Maroc d’ici le 31 octobre. Si le chemin alternatif n'est toujours pas prêt, à ce moment-là nous verrons quel en sera le prix».

A la question de savoir si le gouvernement espagnol espère le maintien du GME, José Manuel Albares répond qu’il s'agit d'une décision qui ne relève pas de la responsabilité du gouvernement espagnol. «J'ai très clairement exprimé la position de notre gouvernement et je sais, et cela m'a été transmis, que l'Algérie va tout faire pour satisfaire la demande espagnole», a tenté de rassurer le chef de la diplomatie espagnole.

Lors de sa sortie médiatique, dimanche 10 octobre 2021, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que l'Espagne ne sera plus approvisionnée en gaz via le GME transitant par le Maroc. «Nous n'avons plus besoin de ce gazoduc… Nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner via Medgaz», a-t-il affirmé.

Conscient du fait que le pipeline Medgaz ne permet pas, à lui seul, d’honorer les engagements et de répondre aux besoins de l’Espagne et du Portugal, Tebboune indique que les autorités algériennes se sont entendues avec l'Espagne pour que «s'il y a un quelconque dysfonctionnement, tous nos bateaux vont se diriger vers l'Espagne pour lui livrer du gaz naturel liquéfié».

Concernant la poursuite du pompage du gaz algérien au Maroc via le GME, Tebboune a affirmé qu'«aucune décision n'a encore été prise à cet effet», soulignant que l’Algérie continuera à pomper le gaz via ce gazoduc jusqu’à la fin du contrat en vigueur, prévue le 31 octobre 2021.

Par Wadie El Mouden
Le 12/10/2021 à 15h43