Lors de sa sortie médiatique hier, dimanche 10 octobre 2021, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que l'Espagne ne sera plus approvisionnée en gaz via le GME transitant par le Maroc. «Nous n'avons plus besoin de ce gazoduc… Nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner via Medgaz», a-t-il affirmé.
Conscient du fait que Medgaz (pipeline sous-marin reliant directement l’Algérie à l’Espagne) ne permet pas, à lui seul, d’honorer les engagements et de répondre aux besoins de l’Espagne et du Portugal, Tebboune indique que les autorités algériennes se sont entendues avec l'Espagne pour que «s'il y a un quelconque dysfonctionnement, tous nos bateaux vont se diriger vers l'Espagne pour lui livrer du gaz naturel liquéfié».
Concernant la poursuite du pompage du gaz algérien au Maroc via le GME, Tebboune a affirmé qu'«aucune décision n'a encore été prise à cet effet», soulignant que l’Algérie continuera à pomper le gaz via ce gazoduc jusqu’à la fin du contrat en vigueur, prévue le 31 octobre 2021.
Interrogée par Le360, une source proche de ce dossier assure que le Maroc est prêt à faire face à tous les scénarios. «En cas de non-renouvellement de l’accord sur le GME, nous n’allons pas laisser pourrir le gazoduc», a-t-elle fait savoir, ajoutant que le Maroc ne tardera pas à l’utiliser en inversant le sens des flux de gaz qui, le cas échéant, seront acheminés depuis l’Espagne.
Lire aussi : Algérie-Maroc: pas encore de décision définitive sur le renouvellement du contrat du gazoduc, selon Tebboune
Sachant que le gaz algérien a servi jusqu’ici à alimenter les deux centrales électriques de Ain Beni Mathar et de Tahaddart, le niveau d’exploitation du tronçon Espagne-Maroc dépendra de la viabilité économique de chacun des scénarios mis sur la table. «Le Maroc pourrait dans un premier temps se contenter d’alimenter la centrale de Tahaddart à partir de l’Espagne, avant d’enchaîner dans un second temps avec celle de Ain Beni Mathar», poursuit notre source.
Alimentées jusqu’ici par le gaz algérien, les deux centrales de Ain Beni Mathar et de Tahaddart fonctionnent en semi-base. Elles sont occasionnellement utilisées comme centrales d’appoint lorsque les besoins du réseau se font sentir. Ces deux centrales contribuent à hauteur d'environ 10% à la production électrique nationale.
«L’arrêt du gazoduc n’aura aucun impact à court terme sur l’approvisionnement en électricité au Maroc», rassure de son côté cet expert en énergie. Et d’ajouter: «Le Maroc se trouve actuellement en surcapacité de production d’électricité. En cas de besoin, on peut toujours importer l’électricité».
Toutes les mesures nécessaires seront prises pour assurer un approvisionnement normal et régulier en électricité, rassure-t-on du côté de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable.