En attendant le terminal GNL de Mohammedia, le Maroc va inverser le flux du gazoduc avec l’Espagne

La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali.

La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali. . DR

En recherche active d’une solution alternative pour s’approvisionner en gaz naturel liquéfié (GNL) depuis l'arrêt des livraisons du gaz algérien début novembre dernier, le Maroc a fait le choix d'importer du gaz via un port espagnol en inversant le flux du Gazoduc Maghreb-Europe (GME).

Le 02/02/2022 à 14h42

La ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, a choisi un média étranger pour confirmer cette information qui va sans doute avoir un impact direct sur la production nationale d'électricité et surtout sur l'approvisionnement des deux stations à gaz de Tahaddart et de Aïn Beni Mathar, celles-ci se trouvant à l'arrêt depuis la suspension des livraisons du GME (Gazoduc Maghreb-Europe). 

«Début janvier, le Maroc a invité un groupe restreint de négociants en GNL à soumissionner pour des contrats. Nous leur avons dit: 'Vous pouvez livrer dès que possible - soit en février, soit en mars - dans ce port d'un pays voisin et nous pouvons l'acheminer au Maroc… Ils pourraient envoyer des cargaisons directement au Maroc une fois qu'il disposera d'un terminal flottant pour importer du GNL, dont le premier sera au port de Mohammedia», a déclaré Leila Benali à l'agence Bloomberg.

Depuis plusieurs semaines, le Maroc était en effet en pourparlers avec l'Espagne pour utiliser les terminaux GNL (gaz naturel liquéfié) des ports espagnols pour ensuite acheminer le gaz vers le Maroc, via le même gazoduc.`

Comme rapporté dans un précédent article, citant un haut responsable à l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), «L’inversion du flux du GME n’est qu’une solution parmi d’autres sources alternatives d’approvisionnement. Elle permet d’alimenter les centrales marocaines (celles fonctionnant au gaz, Tahaddart et Aïn Beni Mathar, Ndlr) depuis l’ouest du pays à partir de l’Espagne, si cela est nécessaire, mais aussi potentiellement à partir d’une installation maritime d’importation connectée au GME».

Si l’option d’approvisionnement à partir de l’Espagne devait être mise en place, poursuit la même source, il ne s’agirait pas de faire venir au Maroc, ni du gaz algérien par une voie détournée, comme aimeraient le faire croire certains médias (tout particulièrement les médias algériens, et à leur tête l’agence de presse officielle APS), ni de gaz prélevé sur le marché espagnol, en compétition avec les consommateurs locaux en cette période de flambée des prix.

«Il s’agirait au contraire de gaz acheté par le Maroc sur les marchés internationaux et déchargé en utilisant des infrastructures européennes, espagnoles, portugaises ou autres, et envoyé vers le Maroc à travers le GME, par des opérateurs qui sont régis par des règles européennes de libre accès des tiers et de non-discrimination», ajoute cet interlocuteur à l'ONHYM.

Selon notre source, l’ONHYM a déjà organisé, en concertation avec l’Etat et l’ONEE, la mise en place des moyens techniques et réglementaires pour cette inversion des flux. Mieux encore, pour la première fois, le régulateur espagnol a mis en place un tarif de sortie par le gazoduc GME vers le Maroc, comme c’est le cas vers le Portugal ou la France. «La solution d’inversion des flux pourrait être mise en œuvre sans délai, si la décision était prise pour cela», précise la même source.

Par Wadie El Mouden
Le 02/02/2022 à 14h42