Les recettes fiscales maintiennent leur trajectoire ascendante. Après avoir clôturé l’année 2024 à un niveau record de plus de 300 milliards de dirhams (MMDH), en progression de 14,3%, elles poursuivent sur leur lancée en 2025.
À fin mai, les recettes fiscales cumulées se sont élevées à 144,25 MMDH, en hausse de 16,7% par rapport à la même période de l’année précédente, selon les dernières données du ministère de l’Économie et des Finances relatives à l’exécution de la Loi de finances.
L’impôt sur les sociétés, moteur principal de la dynamique
L’impôt sur les sociétés (IS) s’illustre comme le principal levier de cette performance, avec un taux de réalisation de 51,9% et une hausse de 9,7 MMDH (+34,5%). Cette progression exceptionnelle est alimentée par une hausse notable des recouvrements spontanés, qui ont bondi de 11,1 MMDH. En parallèle, les restitutions d’IS ont atteint 2,7 MMDH, contre 1,5 MMDH un an auparavant, traduisant un effort accru de l’administration fiscale en matière de remboursement.

Forte contribution de l’IR grâce à la régularisation volontaire
L’impôt sur le revenu (IR) enregistre également une progression significative de 7 MMDH (+27,6%), avec un taux de réalisation de 52,8%. Cette hausse s’explique par le succès de l’opération de régularisation fiscale volontaire menée en janvier 2025, qui a rapporté 3,8 MMDH, ainsi que par le renforcement du contrôle fiscal (+1,8 MMDH). L’IR sur les salaires a également progressé de 738 millions de dirhams, reflétant la dynamique du marché de l’emploi formel.
TVA: des recettes en hausse, mais une structure inchangée
La TVA continue d’apporter une contribution substantielle aux finances publiques, avec des recettes de 39,64 MMDH, en hausse de 4,4%. Cette progression est entièrement tirée par la TVA à l’importation, qui a bondi de 7,1%, alors que la TVA à l’intérieur est restée stable. Par ailleurs, les remboursements de TVA ont doublé, atteignant 8 MMDH contre 4,3 MMDH un an auparavant, signe de la poursuite de l’effort d’apurement des crédits accumulés.
Autres ressources: TIC et enregistrement en hausse, douane en recul
Les Taxes intérieures de consommation (TIC) ont dépassé les 15 MMDH, en progression de 13,6%, portées par les produits énergétiques, dont les recettes ont augmenté de 1,3 MMDH (+17,8%).
L’évolution des recettes fiscales entre 2024 et 2025 en milliards de dirhams. (Source: ministère de l’Économie et des Finances).
Impôt | A fin mai 2024 | A fin mai 2025 | Variation |
---|---|---|---|
TVA | 37,98 | 39,64 | 4,4% |
IS | 28,16 | 37,897 | 34,5% |
IR | 25,20 | 32,159 | 27,6% |
TIC | 13,28 | 15,08 | 13,6% |
DET | 10,01 | 10,74 | 7,3% |
Les droits d’enregistrement et de timbre (DET) ont enregistré une hausse de 7,3%, atteignant 10,74 MMDH, grâce à la bonne tenue des droits d’enregistrement, de la taxe spéciale annuelle sur les véhicules (TSAV) et des droits de timbre. À l’inverse, les droits de douane (DD) ont reculé de 8,6%, à 6,75 MMDH.
Une progression structurelle sur la décennie
Cette dynamique haussière confirme la montée en puissance des recettes fiscales au cours des dix dernières années. Entre 2015 et 2024, elles sont passées de 182,25 MMDH à plus de 300 MMDH, soit une croissance de plus de 64%, malgré l’impact de la pandémie de Covid-19 en 2020. Depuis, la reprise est soutenue, avec une accélération marquée depuis 2021.
Sur les cinq dernières années, ce sont 100 MMDH supplémentaires qui ont été collectés, une performance rendue possible grâce à la mise en œuvre de la réforme fiscale, selon le ministère.
Vers un système plus équitable… mais toujours dominé par la TVA
Pour le département des Finances, la réduction du taux de l’IS et l’ajustement du barème de l’IR visent à rendre le système fiscal plus équitable et à élargir la base des contribuables. En parallèle, des mesures significatives de renforcement du recouvrement et de lutte contre la fraude ont été engagées par l’administration.
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Cependant, la structure des recettes fiscales reste inchangée, avec une prépondérance croissante de la TVA, dont la part est passée de 28,92% en 2019 à 29,74% en 2024. Une situation qui traduit la forte dépendance de l’État aux impôts sur la consommation, en raison de leur assiette large, alimentée essentiellement par la consommation des ménages.
Cette configuration résulte notamment de la réforme de la TVA entamée en 2005, ainsi que de la hausse continue des recettes à l’importation, qui renforcent le poids de cet impôt indirect dans les finances publiques.