Finance participative: une croissance soutenue, mais encore peu diversifiée

Banques participatives, actives dans le Royaume.

Revue de pressePortée par une demande en quête d’alternatives éthiques et un cadre réglementaire en structuration, la finance participative poursuit sa progression dans le Royaume. Mais, derrière cette dynamique, le secteur reste confronté à un manque de diversification des produits et à des freins structurels qui limitent son véritable impact économique. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Éco.

Le 25/06/2025 à 19h17

Longtemps cantonnée à la marge du système financier, la finance participative poursuit sa lente ascension au sein du paysage bancaire du Royaume.

Dopée par une demande structurellement forte et un encadrement réglementaire en voie de maturation, cette branche, dite «éthique», affiche une croissance régulière.

Mais, derrière cette dynamique, des fragilités subsistent, notamment en matière de diversification des produits et d’impact réel sur l’économie, relève le quotidien Les Inspirations Éco.

Selon les dernières statistiques publiées par Bank Al-Maghrib, les encours des financements participatifs ont atteint 34,65 milliards de dirhams en février 2025, en hausse de 1,7% sur deux mois et de plus de 20% en glissement annuel.

Une croissance significative, mais concentrée sur un seul produit: la Mourabaha immobilière, qui représente plus de 82% des encours, soit 28,4 milliards de dirhams.

Cette prédominance tient autant à l’offre qu’à la demande, a-t-on lu.

«Lorsqu’il n’y a pas d’écart de prix avec l’offre conventionnelle, les gens optent naturellement pour le participatif. Ils y trouvent une confiance sur le moyen-long terme», analyse Saïd Amaghdir, président de l’Association marocaine des professionnels de la finance participative, cité par Les Inspirations Éco.

L’élargissement du recours au Takaful, un système d’assurance emprunteur conforme à la Charia, a également contribué à renforcer cet engouement.

Malgré cette dynamique, la gamme des produits reste limitée. Les financements destinés au commerce et à l’investissement, tels que Salam, Ijara ou Moucharaka, peinent à s’imposer, écrit le quotidien.

À titre d’exemple, les financements Salam plafonnent à 384 millions de dirhams.

Le développement de produits plus complexes se heurte à des lenteurs réglementaires persistantes.

Même les initiatives de montée en gamme de la Mourabaha, où les banques participeraient à la promotion immobilière, peinent à décoller.

«Tout le monde y gagnerait si les banques construisaient puis vendaient, mais cela demande du temps et une vraie volonté stratégique», a concédé Amaghdir.

Pour l’heure, l’aversion au risque reste forte, freinant l’innovation.

Du côté des ressources, la situation n’est guère plus favorable.

Les dépôts à vue continuent de progresser modestement (12,03 milliards de dirhams, +0,4% sur deux mois), tandis que les dépôts d’investissement –censés soutenir une logique d’épargne productive– reculent à court terme, malgré une tendance haussière annuelle.

Cette faiblesse structurelle limite les capacités de transformation du modèle participatif en levier de financement de projets productifs.

La future introduction des OPCVM participatifs pourrait changer la donne.

Le projet de loi, dont la promulgation est attendue pour cette année 2025, devrait ouvrir la voie à une nouvelle génération d’instruments: ETF conformes à la Charia, fonds en devises, produits allégés en contraintes opérationnelles...

Chaque produit devra faire l’objet d’une validation doctrinale rigoureuse, dans une logique d’innovation maîtrisée.

Si le socle banque-assurance est aujourd’hui consolidé, l’intégration des marchés de capitaux demeure le maillon faible de l’écosystème participatif.

L’émission souveraine de Sukuk, attendue de longue date, se fait toujours attendre.

Quant aux projets émanant du secteur privé, ils se heurtent à des procédures de validation jugées trop lourdes.

«La future loi sur les OPCVM viendra compléter l’édifice, mais il faudra aussi fluidifier les circuits administratifs», a insisté Amaghdir.

Le produit Daâma Tamwil, adossé à Tamwilcom, illustre les efforts pour favoriser l’inclusion financière à travers des garanties publiques, souligne Les Inspirations Éco.

Mais son impact reste, à ce jour, limité. Malgré une base sociale solide, la finance participative n’a pas encore réussi à franchir le cap d’une diversification fonctionnelle et sectorielle.

Pour les professionnels, une solution réside dans un élargissement progressif de l’arsenal réglementaire, et une accélération des mécanismes d’homologation.

Par Nabil Ouzzane
Le 25/06/2025 à 19h17