Propriété du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, le conglomérat marocain, déjà implanté en Mauritanie depuis 2023, ambitionne de renforcer sa présence sur le continent via sa filiale Akwa Africa. Toutefois, ses projets de rachat des actifs de TotalEnergies au Burkina Faso n’ont pas abouti, en raison d’un contexte jugé trop risqué, indique le magazine Jeune Afrique. De quoi trahir les limites d’une stratégie encore sélective, voire opportuniste.
Créée en 2014, Akwa Africa est la plateforme du groupe dédiée à l’internationalisation de ses activités énergétiques. Elle a été propulsée sur le devant de la scène en 2023 après le rachat, pour 163 millions d’euros, de la totalité du capital de TotalEnergies Mauritanie. Cette opération a permis à Akwa de mettre la main sur un réseau de 40 stations-service, consolidant ainsi son premier pied-à-terre en Afrique subsaharienne.
Dans la continuité de cette acquisition stratégique, Akwa Group a entamé en 2024 des négociations avancées pour reprendre les actifs de TotalEnergies au Burkina Faso. Présente dans le pays sahélien depuis 1994, la major française y exploitait 170 stations-service, constituant une part importante de son réseau régional.
Cependant, selon des sources proches du dossier citées par Jeune Afrique, le groupe marocain a finalement renoncé à cette opération. D’après un acteur ayant participé aux discussions, «Akwa craignait des risques politiques et une trop grande exposition financière». Le Burkina Faso connaît en effet une situation géopolitique instable, marquée par des tensions diplomatiques avec la France et une instabilité sécuritaire persistante, ce qui a également motivé la décision de TotalEnergies de céder ses activités dans le pays.
Ce désengagement d’Akwa a ouvert la voie à un acteur local: Coris Invest Group (CIG), filiale du groupe bancaire Coris Bank International. CIG a finalisé, en février 2024, l’acquisition des actifs burkinabè de TotalEnergies, concrétisant ainsi une forme de «relocalisation» régionale du secteur de la distribution d’hydrocarbures.
Akwa Africa poursuit son développement sur le continent. D’autres projets sont en cours, notamment au Sénégal, dans le cadre d’une stratégie graduelle mais résolue de conquête des marchés africains de l’énergie. Le groupe mise sur son savoir-faire logistique, sa puissance de distribution et sa solidité financière pour s’imposer. Encore faut-il oser.
Souvent décrié, le poids d’Akwa Group dans le paysage énergétique marocain confère à ses ambitions africaines une base solide. En 2023, sa filiale Afriquia SMDC – leader national de la distribution de carburants – a réalisé un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros, confirmant sa position dominante sur le marché. Dirigée par Adil Ziady, figure historique du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM), la filiale internationale Akwa Africa dispose ainsi des leviers nécessaires pour continuer à explorer les opportunités sur le continent, mais reste attentive aux risques géopolitiques.