Après plusieurs mois de rénovation, le Musée d’art contemporain africain Al Maaden à Marrakech (MACAAL) rouvre ses portes ce 2 février 2025, avec une nouvelle vision ambitieuse pour l’art africain contemporain. Porté par la Fondation Alliances, ce projet majeur met en lumière une collection exceptionnelle d’œuvres artistiques tout en réinventant l’expérience muséale.
L’exposition permanente, intitulée «Seven Contours, One Collection», présente plus de 150 œuvres tirées d’une collection de plus de 2.000 pièces rassemblées par la famille Lazraq au fil des décennies. Cette collection, véritable réservoir de l’art africain contemporain, inclut des œuvres emblématiques d’artistes tels que Hassan Hajjaj, Abdoulaye Konaté, Malick Sidibé, Mohamed Melehi et Chéri Samba.
La directrice artistique du musée, Meriem Berrada, évoque cette nouvelle exposition: «Nous avons voulu concrétiser des œuvres qui sont des projets d’artistes, en les organisant autour de sept thématiques fortes. L’idée était de donner une nouvelle lecture de ces pièces, dans un cadre permanent, après plusieurs années d’expositions temporaires». L’exposition explore des enjeux majeurs de l’art africain contemporain, comme la décolonisation, la mondialisation et l’environnement.
Le commissaire d’exposition, Morad Montazami de Zamane Books and Curating, explique l’approche de cette exposition permanente: «L’objectif était de croiser les différentes histoires du continent africain et de trouver un langage commun. Nous avons choisi sept verbes, comme décoloniser, transcrire, initier, tisser, qui appellent à l’action et ouvrent le dialogue entre les artistes». Cette démarche non linéaire offre aux visiteurs une expérience pluriverselle, loin d’un parcours chronologique, permettant à chacun de s’immerger dans un univers dynamique et interconnecté.
Lire aussi : La Foire 1-54 Marrakech vue par les galeries marocaines
Outre l’exposition, le musée a réaménagé ses espaces, incluant une Bibliothèque de nouveaux médias (BNM), une «Timeline Room» retraçant l’histoire de l’art africain, ainsi qu’une «Artist Room» dédiée aux expositions temporaires, inaugurée par Sara Ouhaddou. L’architecture du musée a également été repensée avec des installations monumentales de Salima Naji et Aïcha Snoussi, un nouveau café, une terrasse et des espaces verts.
Le designer d’intérieur béninois Franck Houndegla, qui a signé la scénographie de cette exposition, souligne l’importance de ce projet: «Le MACAAL n’est pas un musée comme les autres. Il présente des œuvres de toute l’Afrique, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, et sa collection est d’une grande richesse. Ce projet à Marrakech offre la possibilité de réaliser des choses qu’on ne pourrait pas faire ailleurs».
La réouverture du MACAAL marque donc un tournant important dans la valorisation de l’art africain contemporain, une invitation à redéfinir les rapports au pouvoir du musée occidental et à donner une voix aux artistes contemporains africains.
Au fond au centre, l'œuvre de Mohammed Melehi. (K.Essalak/Le360)