Harry Belafonte, superstar afro-américaine de la chanson et du cinéma aux origines caribéennes et inlassable combattant pour les droits humains aux États-Unis et à l’étranger, est mort mardi à New York à 96 ans, déclenchant un torrent d’hommages.
«Chanteur renommé, acteur, (...), figure légendaire des droits civiques, Harry Belafonte est mort ce matin d’une insuffisance cardiaque à son domicile de New York», sa femme Pamela à ses côtés, a annoncé son agente dans un communiqué. Aux États-Unis, dans le monde de la culture, de l’économie, du sport et de la politique, les réactions ont afflué sur les réseaux sociaux et par communiqués.
Jill and I are saddened by the passing of a groundbreaking American who used his talent and voice to help redeem the soul of our nation.
— President Biden (@POTUS) April 25, 2023
Harry Belafonte’s accomplishments are legendary and his legacy of outspoken advocacy, compassion, and respect for dignity will endure forever.
Le président Joe Biden s’est incliné devant un «Américain révolutionnaire qui s’est servi de son talent, sa notoriété et sa voix pour racheter l’âme de notre Nation». Né en 1927, «lorsque la ségrégation était la norme de la société américaine», Harry Belafonte a «consacré toute sa vie à briser les barrières et à combler les divisions», a salué le dirigeant démocrate.
After dad was assassinated, Harry Belafonte joined me, mom, and my siblings in Memphis. He was one of the only people to make sure that mom and her children were taken care of in the months, days, and years after the assassination. He was there for us even when others had gone.
— Martin Luther King III (@OfficialMLK3) April 25, 2023
À l’ONU, le secrétaire général Antonio Guterres a lui aussi jugé qu’en plus de «toucher des millions de gens grâce à son charme inimitable et son charisme dans la musique, le cinéma et le théâtre, M. Belafonte avait dédié sa vie à lutter pour les droits humains et contre l’injustice sous toutes ses formes».
Catherine Russell, directrice de l’Unicef, dont il était depuis 1987 ambassadeur de bonne volonté, a rendu hommage à «l’un des plus grands acteurs, chanteurs, producteurs et champions des droits humains, notamment pour les enfants».
Harry Belafonte was not only a great entertainer, but he was a courageous leader in the fight against racism and worker oppression. Jane and I were privileged to consider him a friend and will miss him very much. pic.twitter.com/TO2xrz0GJF
— Bernie Sanders (@BernieSanders) April 25, 2023
À gauche de l’échiquier politique américain, le sénateur Bernie Sanders a vu en «Harry Belafonte pas uniquement un grand artiste du divertissement, mais un dirigeant courageux dans la lutte contre le racisme et l’oppression des travailleurs».
«Subversif, révolutionnaire»
Et même ses héritiers dans la musique, comme John Legend, ont souligné la dimension «subversive» et «révolutionnaire» des «messages» contenus dans ses chansons. L’actrice Mia Farrow, le comédien Jeffrey Wright, les ex-stars du basket et football américain Magic Johnson et Colin Kaepernick ont salué celui qui a «ouvert la voie pour tant d’artistes noirs dans l’industrie du divertissement».
Thank you, Mr. B, for all of your years of mentorship, guidance, & lifetime of activism fighting for a better future for all of us. You will be missed by many, but your memory & impact live on. Rest in Power.
— Colin Kaepernick (@Kaepernick7) April 25, 2023
“Movements don't die, because struggle doesn't die.”
-Harry Belafonte pic.twitter.com/bCArTOtCC2
Né à Harlem en 1927 d’une mère jamaïcaine et d’un père martiniquais, Harry Belafonte a grandi en partie à la Jamaïque avant de s’installer à New York, une enfance aux influences mélangées qu’il avait intégrée dans sa musique, qui rencontre très vite un succès immense dans l’Amérique prospère des années 1950. En 1956, son album «Calypso» devient le premier dans l’histoire à se vendre à plus d’un million d’exemplaires.
Harry Belafonte was a barrier-breaking legend who used his platform to lift others up. He lived a good life – transforming the arts while also standing up for civil rights. And he did it all with his signature smile and style. Michelle and I send our love to his wife, kids, and… pic.twitter.com/g77XCr9U5b
— Barack Obama (@BarackObama) April 25, 2023
Comme chanteur, il a rempli les salles et ses enregistrements, dont six disques d’or, ont un succès mondial et lui vaudront plusieurs Grammy Awards dès 1960.
Parallèlement, au cinéma, Belafonte joue dans «Carmen Jones», d’Otto Preminger (1954), «Le coup de l’escalier» (Robert Wise, 1959), «Kansas City», de Robert Altman (1996), «Buck et son complice», de et avec Sidney Poitier (1972) et « Bobby » (Emilio Estevez, 2006) sur l’assassinat de Robert Kennedy en 1968, le frère de John F. Kennedy.
Proche de JFK et de MLK
Puis, lorsque la lutte pour l’égalité raciale prend de l’ampleur aux États-Unis, le chanteur devenu acteur se rapproche des combats politiques de la gauche et se lie avec l’icône Martin Luther King, qu’il soutient financièrement. Il sera aussi proche du président Kennedy.
Singer, actor, and activist Harry Belafonte was born #otd on March 1, 1927. An early supporter of the modern Civil Rights Movement, he also recorded a campaign spot for the 1960 election with JFK on civil rights. pic.twitter.com/udQlOT3EQn
— JFK Library (@JFKLibrary) March 1, 2023
Jusqu’aux années 2000, il a poursuivi ses batailles, s’opposant à la guerre en Irak menée par le président républicain George W. Bush, qu’il a accusé d’être un «terroriste». Il fut aussi un militant contre l’apartheid en Afrique du Sud, contre le sida et un admirateur du président vénézuélien Hugo Chavez.
L’artiste dyslexique, qui ne tablait pas sur le succès après avoir abandonné le lycée, s’être engagé un temps dans l’armée ou travaillé comme concierge, a été auréolé à la fin de sa vie de récompenses prestigieuses.
When I was a child, #HarryBelafonte showed up for my family in very compassionate ways.
— Be A King (@BerniceKing) April 25, 2023
In fact, he paid for the babysitter for me and my siblings.
Here he is mourning with my mother at the funeral service for my father at Morehouse College.
I won’t forget…Rest well, sir. pic.twitter.com/31OC1Ajc0V
Ainsi, en 2014, il avait reçu un Oscar d’honneur car «dès le début de sa carrière, il a choisi des projets mettant en lumière le racisme et les inégalités». En décembre 2021, il s’était vu décerner le titre de chevalier de la Légion d’honneur des mains de l’ambassadeur de France aux États-Unis.