Même l’argile dont il est fait est exclusivement marocaine: au cœur d’un atelier de zellige à Fès, sa terre natale

Les artisans du zellije dans les ateliers de Ain Nokbi à Fès. (Y.Jaoual/Le360)

Le 02/02/2025 à 15h08

VidéoLe logo officiel de la Coupe d’Afrique des nations 2025, qui se tiendra au Maroc, met à l’honneur le zellige fassi, un patrimoine ancestral du Royaume. Il n’en fallait pas plus pour que des commentateurs sportifs et autres «influenceurs» de «l’autre monde», qui confondent allègrement zellige et carrelage, se lâchent contre la marocanité de cet art millénaire. Il suffit pourtant de se rendre dans la capitale spirituelle du Royaume pour replonger avec les artisans de Fès dans la ferveur et l’authenticité d’un art dont même la base, l’argile, issue exclusivement de nos terres, respire la tamghrabite. Reportage.

En dévoilant le logo de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, inspiré des motifs du zellige marocain, le Maroc a mis en avant un art traditionnel à la symbolique forte. Mais très vite, des voix en Algérie ont émergé pour polémiquer, une fois de plus, autour de l’origine de cet artisanat. Pourtant, le zellige fassi (l’appellation ne s’invente pas) est un savoir-faire ancestral documenté et officiellement reconnu par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) depuis 2016 et soutenu par l’UNESCO.

Dans les ateliers d’Aïn Nokbi à Fès, berceau de la matière première, les artisans perpétuent une tradition transmise de génération en génération. Al Hocine El Ghlimi, maître artisan, ne cache pas sa fierté de voir le zellige fassi orner le logo de la CAN 2025. «C’est une reconnaissance de notre héritage et du talent des artisans marocains. Une manière de mettre en lumière notre patrimoine au niveau international», souligne-t-il.

Ahmed Senhaji, un autre artisan, dénonce les tentatives de récupération de cet art par l’Algérie. «Le zellige est marocain, il ne peut être ni maghrébin ni partagé. Ces polémiques ne font que renforcer notre détermination à préserver notre identité culturelle», affirme-t-il. «Nous avons vu certaines voix en Algérie tenter de s’approprier le zellige, mais l’histoire et les faits sont clairs: il est et restera un art marocain», insiste-t-il.

Dans la région de Ben Jellik, à l’est de Fès, les carrières d’argile fournissent la matière première essentielle à la fabrication du zellige. Bouchta, artisan chevronné, explique que «l’argile utilisée par les artisans de Fès est unique et introuvable ailleurs. Elle contient près de soixante-dix minéraux qui lui confèrent des propriétés exceptionnelles». «C’est un élément clé qui prouve, sans l’ombre d’un doute, l’origine marocaine du zellige», insiste-t-il.

Avec plus de 37 ans d’expérience, Abdelfettah Chelh partage également cette conviction. «Le zellige marocain n’a plus à faire ses preuves. Il est reconnu dans le monde entier et fait la fierté de notre artisanat», affirme-t-il. «Cette polémique est une tempête dans un verre d’eau. La réalité est là, et elle est indéniable», conclut-il.

Le choix du zellige fassi pour représenter le logo de la CAN 2025 est une victoire pour l’artisanat marocain. L’importance de cet art a été confirmée par la Confédération africaine de football, qui a salué le zellige comme une «mosaïque intemporelle, reflet du génie architectural marocain». Un hommage qui renforce encore davantage le rayonnement international de cet héritage ancestral.

Par Youssra Jaoual
Le 02/02/2025 à 15h08