À la rencontre de Saïd Benadiba, mémoire vive du zellige marocain, cet art ancestral qui ne se démode jamais

Saïd Benadiba, l’un des grands maâlems de zellige. 

Saïd Benadiba, l’un des grands maâlems de zellige.  . Anas Zaidaoui / Le360

Le 15/10/2022 à 12h39

VidéoLe zellige, élément incontournable de l’architecture marocaine, ne se démode jamais. Pratiqué par des maîtres artisans aux doigts de fée, cet art, transmis de génération en génération, impressionne par sa composition ornementale. Rencontre avec Saïd Benadiba, l’un de ses grands maâlems.

Le zellige est un art ancien pratiqué depuis des siècles dans le Royaume. Cette mosaïque géométrique multicolore fait partie intégrante du patrimoine marocain et se retrouve aujourd’hui partout dans le monde.

Au Maroc, ces petites pierres polies sont omniprésentes dans les monuments historiques, les musées, les édifices religieux, et aussi dans les maisons. Elles fascinent par leur gamme de couleurs et de textures d’exception.

Ceux qui sont derrière la composition de ces petits morceaux de carreaux de faïence colorés transmettent leur savoir-faire de génération en génération. C’est le cas de Saïd Benadiba, qui a appris les b.a.-⁠ba de ce métier de son oncle, dès l’âge de 12 ans. C'était en 1962.

Dès son jeune âge, il impressionnait par son talent pour assembler des tessons de carreaux de terre cuite émaillée de différentes couleurs afin de réaliser un décor géométrique.

Cinq ans après, alors que Saïd Benadiba était en train de travailler à Zerhoun, il a eu la chance de rencontrer feu Hassan II, qui était accompagné de Si Mohamed Mernissi. Le Souverain avait demandé aux artisans présents, une quarantaine, d'habiller les murs et les sols de la mosquée qu'il faisait construire en Côte d'Ivoire. Notre interlocuteur était le cadet de l’équipe.

Son parcours ne s’arrêta pas là. Il a travaillé dans plusieurs palais royaux, mais aussi dans plusieurs pays du monde, tels que les Etats-Unis (grande fontaine de Chicago), le Japon (jardin royal) et Oman (12 mosquées). Il a également appris les rudiments du métier à une quarantaine de jeunes. Il en garde la trace dans un petit tableau comportant les noms et les photos de ces nouveaux maâlems qui assurent la relève.

Parlant de l’histoire du zellige, maâlem Saïd dit que cette tendance déco est authentique et intemporelle et qu’il s’agit d’un véritable fief de l’artisanat marocain. Ses couleurs éblouissantes et sa technique de pose précise, qui requiert une dextérité particulière, témoignent de la richesse de notre culture, ajoute-t-il.

Cette pépite du patrimoine est devenue, pour ce maître artisan, un véritable moyen d’expression. Durant le confinement, Saïd Benadiba a confectionné plusieurs ornements et compositions. Un héritage culturel sans égal que les générations futures exploiteront avec fierté. 

Par Amine Lamkhaida et Anas Zaidaoui
Le 15/10/2022 à 12h39