Mettre la culture au cœur des priorités au Maroc en lui insufflant une nouvelle dynamique, tel était le projet porté par le roi Mohammed VI dès son accession au trône. Une vision éclairée qui s’est concrétisée en 2011 avec la création de la Fondation nationale des musées (FNM). Avec pour mission d’assurer, pour le compte de l’État, la gestion, l’administration et la préservation des musées, la FNM n’a eu de cesse, au fil des ans, de doter le pays de structures culturelles de qualité.
En douze ans, la FNM a multiplié les accomplissements et les projets, avec pour point d’orgue de son riche parcours l’inauguration par le Souverain du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) en 2014. Un événement historique à plus d’un titre, qui a impulsé un nouvel élan culturel au Maroc. C’est en effet la première institution muséale du Royaume à se consacrer entièrement à l’art moderne et contemporain, mais aussi à répondre aux normes muséographiques internationales, ayant pour mission la diffusion de la création artistique marocaine et étrangère. C’est aussi le premier musée du continent à «passer au vert» en intégrant une solution solaire avec un système intelligent de stockage et de gestion de l’énergie.
Repenser les musées
Toujours en 2014, la FNM a élargi son spectre et son champ d’action en inscrivant dans son giron quatorze musées dont la gestion était jusqu’alors assurée par le ministère de la Culture. Commence alors un travail colossal pour la Fondation au sein de ces musées d’État répartis à travers le Maroc, pour la plupart d’anciennes demeures seigneuriales et des palais historiques centenaires.
Parmi les nombreuses actions entreprises dans ces musées, qui recèlent des trésors du patrimoine national dans sa diversité culturelle -à la fois amazighe, arabe, méditerranéenne, africaine, musulmane et juive-, celle de rendre ces espaces plus accueillants, plus attractifs et conformes aux normes de conservation et de préservation du patrimoine.
L’œuvre de la FNM ne se résume donc pas à la rénovation de ces espaces, mais aussi à leur inscription dans le temps et au cœur d’une dynamique culturelle, en associant à la modernisation des bâtiments un programme d’acquisition d’œuvres pour enrichir les collections, en travaillant soigneusement à des scénographies adaptées et en élaborant une programmation culturelle.
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Aujourd’hui, grâce à ce renouveau et ses accomplissements, cette expérience marocaine est érigée en exemple par plusieurs pays du continent africain. «La manière dont nous avons appris auprès d’autres institutions muséales, que ce soit en France, aux Pays-Bas, en Espagne ou plus récemment en Italie, inspire beaucoup de responsables culturels d’autres pays africains. Toutes ces formations que nous avons entreprises avec des experts ayant une expérience antérieure à la nôtre nous permettent d’avoir la possibilité de partager ces connaissances avec nos amis africains. Aujourd’hui, nous mettons en pratique ce que nous avons appris et nous sommes en mesure de rendre cela accessible aux autres pays du continent», explique pour Le360 Mehdi Qotbi, président de la FNM.
L’art partout et pour tous
Depuis douze ans, la Fondation n’a eu de cesse de mettre à la portée de chaque Marocain et de chaque visiteur une programmation variée, pour permettre à chacun de connaître et de s’approprier son patrimoine. Elle affiche ainsi l’ambition de doter chaque région et ville d’un musée avec des thématiques complémentaires, permettant ainsi une meilleure découverte de notre culture et de notre héritage. Cette volonté de démocratisation de l’art est incarnée aujourd’hui dans de nombreux musées à travers le pays, à commencer par le Musée Mohammed VI, véritable fer de lance d’une stratégie culturelle gagnante. Depuis son ouverture, le MMVI a en effet accueilli, pour la première fois sur le continent et dans le monde arabe, des expositions prestigieuses avec des artistes de renommée mondiale, à l’instar de Giacometti, Picasso, Goya, Renoir, Monet, Manet, Van Gogh, Delacroix...
C’est aussi au sein de ce même musée que le public marocain a pu découvrir ou redécouvrir les artistes précurseurs de la modernité marocaine, comme Ahmed Cherkaoui, Jilali Gharbaoui, Farid Belkahia, Mohamed Chebaa, Mohamed Melehi, Chaïbia Talal, Fatima Hassan, Malika Agueznay ou encore Mounir El Fatmi, à travers une riche collection d’artistes marocains qui englobe la jeune histoire de la création.
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Toujours à Rabat, le musée de l’Histoire et des Civilisations dévoile quant à lui une collection archéologique depuis la préhistoire jusqu’à l’époque islamique. Sur la corniche de la capitale se dresse l’imposant Musée national de la Photographie, érigé au sein du Fort Rottembourg et mettant en avant la jeune scène photographique marocaine, tandis qu’à l’intérieur de la Kasbah des Oudayas, lieu monumental de la ville, le Musée national de la Parure expose des bijoux et caftans, enrichis par la collection personnelle de bijoux amazighs de Sa Majesté le roi Mohammed VI.
Plus au nord, Tanger n’est pas en reste avec l’ouverture de quatre musées. La ville du détroit s’enorgueillit désormais du musée la Kasbah des cultures méditerranéennes, riche d’une collection archéologique et ethnographique reflétant la diversité et la spécificité de la ville. Non loin de là, dans les murs de la Kasbah-Espace d’art contemporain, sont présentées des expositions liées essentiellement à la région du nord du Maroc.
La Villa Harris se consacre à des œuvres mettant en lumière les couleurs, les paysages, les traditions et les scènes de vie qui ont inspiré les peintres occidentaux. Enfin, dans l’ancienne Médina, Dar Niaba invite les visiteurs à découvrir une part importante de l’histoire diplomatique du Maroc, ainsi que la mémoire de la ville de Tanger depuis le 18ème siècle.
La multiplication des espaces muséaux
Toujours sur la partie nord du Maroc, à Tétouan, le musée archéologique de la ville abrite des objets préhistoriques, antiques et islamiques provenant de plusieurs sites et monuments du Nord. Quant au musée Bab El Oqla, il rassemble des objets qui témoignent de l’histoire de la ville et de ses spécificités culturelles.
Plus au sud, Marrakech s’est également dotée au fil des ans d’espaces muséaux de toute beauté, qui drainent un public important, avec notamment le musée des Confluences, Dar El Bacha, où est exposée une grande collection des arts premiers et antiques, constituée par la philanthrope américaine Patti Birch, ainsi qu’un ensemble d’objets issus de l’artisanat. Le Musée national du Tissage et du Tapis, Dar Si Saïd, présente de son côté une variété de tapis marocains, citadins et ruraux, et des objets de tissages. Enfin, au cœur de la place mythique de Jemaâ El Fna se trouve le Musée du Patrimoine immatériel, qui valorise la Halqa et ses différents arts, et contribue à la sauvegarde de la mémoire collective marocaine.
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Le Musée national de la Céramique à Safi regroupe d’importants objets en poterie et en céramique du Maroc. Et pour sa part, Dar Jamaï, Musée national de la musique à Meknès, présente plus d’une centaine d’instruments invitant à un voyage sensoriel.
S’ajoutent à ceux-là deux nouveaux musées récemment ouverts. Le premier à Agadir, où se dévoile une exposition articulée autour d’un dialogue entre peinture et patrimoine culturel marocain, et le second à Azilal. Implanté au cœur du Géoparc du M’goun, ce musée invite les visiteurs à découvrir les mystères du passé et les trésors de la Terre à travers une immersion dans le temps, la géographie, l’histoire et l’univers de la flore et de la faune.
Enfin, dans la suite de ces actions en faveur de la démocratisation de l’art et de la culture, la FNM a lancé, en partenariat avec la Fondation Jardin Majorelle et le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, un événement annuel qui se tient le 22 juin pour fêter culturellement et avec le public le début de l’été. L’occasion pour les visiteurs de tout âge et de tout horizon de voyager à travers les salles d’exposition, découvrir des objets archéologiques et ethnographiques ainsi que des œuvres artistiques.
La diplomatie culturelle, gage de la pérennité de la culture
Consciente que toute culture ne peut être viable ni s’épanouir que dans la mesure où elle s’ouvre en permanence sur son environnement international, la FNM a intensifié ses actions de diplomatie culturelle, en collaborant avec des représentants diplomatiques et étatiques ainsi que de nombreuses institutions mondiales, afin de tisser des liens et établir un climat de confiance propice à des coopérations culturelles.
Parmi les expositions d’envergure organisées à l’international, on citera celle intitulée «Le Maroc contemporain», organisée à l’Institut du monde arabe de Paris (IMA) en 2014 ainsi que, la même année, celle titrée «Le Maroc médiéval: un empire de l’Afrique à l’Espagne», qui a pris ses quartiers au Musée du Louvre. En 2015, c’est au tour d’Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, d’accueillir notamment une exposition de taille avec «Trésors des musées marocains», ou encore Moscou en 2016, où s’est tenue l’exposition «Maroc-Russie, une histoire antique partagée», au musée Pouchkine, à l’occasion de la visite officielle du Roi Mohammed VI à la Fédération de Russie. L’une des dernières expositions internationales en date, et non des moindres, «Trilogie marocaine 1950-2020», s’est quant à elle tenue à Madrid, en 2021, au sein du prestigieux Musée national Reina Sofia.
Cette diplomatie culturelle, qui implique également des prêts à l’international, se concrétise aussi par la venue de nombreux chefs d’État, ministres, diplomates, ambassadeurs et autres personnalités du monde entier dans les différents musées du Maroc. Un signe fort de l’intérêt que suscitent le Maroc, sa culture et son hospitalité à l’international.
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Le Maroc s’inscrit-il pour autant en tant que destination culturelle pour le tourisme international? «Oui, assurément! Le Maroc sera doté d’ici le mois de décembre de 19 musées répondant aux normes, dans différents lieux géographiques. Les visiteurs y découvrent une histoire, un parcours, une scénographie, un accueil… Autant d’occasions d’appréhender la richesse et la diversité de notre patrimoine, qui sont immenses», répond Mehdi Qotbi.
Inscrire l’art dans le Maroc de demain
Pour s’inscrire dans le futur et de manière durable, tous ces accomplissements sont associés à une réflexion fondamentale sur la jeunesse marocaine. Car la Fondation a très vite compris l’attention particulière qui devait être portée à l’épanouissement culturel des jeunes publics, afin d’encourager la jeunesse à prendre le chemin des musées. Outre les visites scolaires et les modalités de médiation, en adéquation avec l’évolution des pratiques pédagogiques des enseignants, de leurs attentes et des besoins des élèves, des ateliers et des tables rondes sont organisés en marge des expositions pour faire des musées des espaces de dialogue, d’éducation, d’échange, de partage et de transmission de notre histoire et de notre identité nationale.
À cette stratégie axée sur la jeunesse s’ajoute également la gratuité des musées de la FNM tous les mercredis pour les élèves et les étudiants. Un pari d’ores et déjà gagné pour le président de la FNM, qui se réjouit d’attirer un public très jeune: «Nous avons 65% de visiteurs qui sont très jeunes et ont moins de 18 ans. Nous sommes en train de réussir à cibler cette jeune génération qui est essentielle, car c’est avec elle que sera opéré le passage de témoin. Souvent, ce sont ces jeunes qui imposent à leur famille d’aller voir les musées, après les avoir découverts avec leurs classes».
Le public des musées étant de plus en plus jeune, des expositions thématiques adaptées à un public adolescent sont-elles prévues? «Oui, à titre d’exemple, le futur musée que nous allons bientôt inaugurer au Centre sportif Mohammed VI à Maâmora, avec la Fédération royale marocaine de football, sera doté de plusieurs bornes interactives, qui permettront au public de découvrir les équipes du Maroc, leur histoire et leurs performances. Nous sommes en train d’apprendre le langage de ces jeunes pour pouvoir leur parler et nous comprendre mutuellement. Nous travaillons dans l’application de ce nouveau langage, qui est nouveau pour nous, et qui va nous permettre de les inciter à venir et à découvrir», explique Mehdi Qotbi.
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Le volet formation n’est pas en reste, car il ne s’agit pas uniquement de faire découvrir l’art au grand public de tous les âges, mais également de faire naître des vocations. Aussi la Fondation a-t-elle privilégié une approche de formation continue orientée vers le développement des compétences et des connaissances en matière de conservation, de préservation et de gestion du patrimoine. C’est ainsi que les conservateurs et médiateurs ont pu suivre des séminaires de formation organisés en partenariat avec des institutions internationales. «À cet effet, le nouveau Complexe culturel de Rabat, dont les travaux commenceront en septembre prochain, comprendra des laboratoires de formation. Et nous sommes en train de discuter avec le ministre de l’Enseignement supérieur pour délivrer à chaque personne formée un diplôme qui atteste du sérieux de leur formation», ajoute Mehdi Qotbi.
De nombreuses perspectives à l’horizon
Les réalisations et les réussites accomplies au fil de ces douze ans par la FNM lui permettent de repousser ses limites et d’élargir son horizon en s’engageant notamment à construire un avenir où l’art, la culture et le patrimoine continueront d’être célébrés, partagés et préservés. C’est à ce titre que de futurs projets ambitieux verront bientôt le jour, comme l’ouverture prochaine du Musée du Football marocain à Rabat, du Musée Al Batha de l’art islamique et du Musée de la mémoire juive, tous deux à Fès.
Un futur complexe muséal sera également inauguré dans l’ancien état-major de la Marine Royale, et comprendra un centre de conservation du patrimoine, un laboratoire de musée, une résidence artistique, un centre de formation panafricain dédié aux métiers de la conservation et de la restauration, et deux nouveaux musées qui viendront enrichir la palette muséale du Royaume: un musée dédié à la ville de Rabat et un autre dédié au continent africain.
Un constat s’impose au terme de ces douze années, le travail de mémoire, d’exploration de l’histoire et des origines du pays, effectué par la FNM au sein de sa programmation muséale. «D’ailleurs, à titre d’exemple, au Musée des confluences de Marrakech, nous avons inscrit à l’entrée la phrase du préambule de la Constitution marocaine, qui est un préambule unique en son genre, en ce qu’il déclare que le Maroc a plusieurs confluents arabes, amazighs, hassanis, juifs… C’est tout cela, le Maroc, et c’est ce que nous tachons de participer à transmettre, en enrichissant les connaissances et le savoir sur notre histoire, notre passé. Nous donnons à voir des pages d’écriture qui sont les témoins de notre histoire, pour que les Marocains, jeunes ou moins jeunes, découvrent et redécouvrent cette histoire et ne l’oublient pas», conclut le président de la FNM.