Wallahi, toumma Wallah! Je n’en peux plus de la circulation à Casablanca!

Soumaya Naâmane Guessous.

Soumaya Naâmane Guessous.

ChroniqueManque d’éthique, de civilité, de civisme, de discipline… De sanctions. Une honte pour une ville aussi prestigieuse que Dar al Baida qui a tant d’ambition !

Le 10/05/2024 à 11h00

Je suis fière de mes origines bidaouies. Mais j’ai honte quand des étrangers critiquent sa circulation. Les visiteurs ont peur d’y conduire. Beaucoup déposent leur voiture à l’entrée et circulent par taxi pour leur sécurité physique et morale.

Psychologues, psychiatres et psychanalystes devraient mener une étude sur le danger de la conduite dans notre ville sur notre santé.

Vous sortez de chez vous le matin, en forme. Moins d’une minute et vous enragez, maudissant votre espace de vie.

Comment rester sereins et cultiver son bien-être quand vous subissez la violence de l’insécurité. Vous traversez un feu vert. À droite, fonce sur vous une voiture qui brule le feu rouge. À gauche, des motards brulent les stops, slaloment entre les véhicules. Face à vous, un triporteur roule en sens inverse, les piétons sortent de partout, sans regarder, parfois avec des écouteurs. Si vous protestez, insultes, mots et gestes obscènes, surtout pour les femmes.

Vous n’avez pas encore commencé votre journée que vous êtes déjà mal. Toutes les deux secondes, vous sursautez. De puissantes décharges d’adrénalines vous secouent violemment, telle une foudre. Dans quel état allez-vous travailler?

En plus du sentiment de hogra, injustice, contre laquelle vous ne pouvez rien. On vous vole vos droits, vous humilie, en toute impunité.

Irrités, vous hurlez. Votre sérénité disparait, vos émotions négatives explosent. Imaginez l’impact sur votre santé mentale et physique! De guerre lasse, vous vous raisonnez et arrêtez de vous battre contre les vagues de l’océan.

Vous vous calmez, vous faite aïne mika, l’indifférent, vous écoutez de la musique: ne pas m’énerver, maitriser mes émotions, caaaaaaalme… Soudain, vous sursautez de frayeur: à droite, un taxi se faufile entre vous et des voitures garées. Vous esquivez à gauche pour l’éviter car comme il est à droite, l’assurance vous considèrera fautifs. Vous braquez brutalement le volant à gauche. Deux motards de livraison parmi ceux qui pullulent, héros des infractions routières, se faufilent entre vous et un autre véhicule, en sens inverse. Vous voulez les éviter, mais un taxi est en arrêt au milieu de la chaussée.

L’anarchie totale pour les motocyclistes. Pas étonnant que le nombre de décès parmi eux ait augmenté de 31%! Ils représentent 40% des décès de la circulation. La majorité écrasante ne porte pas de casque, en toute impunité!

Vous voulez stationner ou tourner, on vous agresse en klaxonnant, en hurlant.

Aux feux rouges, pas de répit! Vous êtes assaillis par des mendiants, des vendeurs ambulants, qui tapent à votre fenêtre. Une autre agression!

Wak wak a’ibadou Allah! Le cauchemar!

La cacophonie des klaxons, pourtant interdits, déflagre vos tympans! À chaque fois que vous devez prendre votre voiture vous angoissez au lieu de vaquer sereinement à vos obligations.

L’espace public, normalement lieu de bien-être, devient source de malaise.

Et à pied? Aucun respect des passages piétons. Si vous les respectez, les conducteurs derrière vous agressent. Les trottoirs sont dévastés. Vous devez fixer le sol pour éviter de trébucher dans les trous, les couvercles des égouts mal fermés. Vous marchez sur la chaussée, vous mettant en danger. Si vous poussez une poussette ou un fauteuil roulant, impossible de monter sur le trottoir. L’espace public, garant de votre sécurité, devient un danger pour vous et vos enfants.

Les Bidaouis subissent un immense stress qui épuise, détruit la joie de vivre: le soir, vous arrivez chez vous irrités, incapables de garantir la quiétude à votre famille. La relation du couple en subit de fâcheuses conséquences.

La circulation anarchique détruit le lien social: écœurés, vous refusez de sortir le soir pour rendre visite à votre entourage.

Dans une situation dangereuse ou stressante, notre corps libère une forte poussée d’adrénaline. Une hormone située au-dessus des reins, libérée dans le sang lors d’émotions intenses: peur, colère, stress, agression, dispute, accident… Cette hormone des sensations fortes contrôle la tension artérielle, la fréquence cardiaque, la transpiration…

Si le stress est occasionnel, la sécrétion d’adrénaline est de courte durée et apaise l’organisme. Si elle est fréquente, l’organisme reste en état d’alerte permanent qui finit par l’épuiser. D’où une fatigue persistante, maladies cardiaques, déprimes, dépressions… Nos défenses immunitaires faiblissent et nous voilà vulnérables aux infections et autres maladies.

Essayons donc de contrôler nos émotions pour limiter ces montées d’adrénaline.

Moi, j’aimerais savoir pourquoi ces Marocains, d’habitude si gentils, généreux et avenants, se transforment en monstres au volant ou au guidon!

Ce sont surtout les jeunes qui sont les plus anarchiques. Ils sont majoritairement indisciplinés, éhontés: les parents, le système scolaire, les écoles de conduite devraient leur inculquer la discipline citoyenne.

Les mosquées devraient leur marteler que le chauffard commet des péchés: il vole le droit d’un autre et sème la pagaille dans la ville. Le Coran recommande l’intérêt général: construire ensemble un environnement de respect mutuel pour que le lieu de vie soit partagé dans l’harmonie. On en est loin, pourtant les mosquées débordent de croyantes et de croyants!

Les chauffards détruisent le vivre-ensemble. Ils méritent de sévères sanctions.

Casablanca de 2030! Quelle image donnerions-nous de nous-mêmes avec cette pagaille?

Les Casablancais se plaignent tout le temps. Mais chacun de nous devrait se demander s’il a une part de responsabilité dans son malaise!

Par Soumaya Naamane Guessous
Le 10/05/2024 à 11h00