Salé. Bab Lemrissa, un quartier tout en points noirs

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Revue de presseKiosque360. Derrière les miradors millénaires de la ville des Corsaires, de nombreux quartiers connaissent moult désagréments. A l’instar de Bab Lemrissa, la plus grande concentration démographique de Salé, devenue un terreau de l’habitat insalubre ou menaçant ruine et de marchés tout de détritus.

Le 07/06/2019 à 00h00

Le plus grand problème de la ville jumelle de Rabat, sur l’autre rive du Bouregreg, c’est tout simplement l’absence d’infrastructures urbaines de base. En lieu et place, c’est l’habitat insalubre qui pousse comme champignon, charriant des montagnes de détritus qui ont envahi quasiment tous les quartiers.

Dans un dossier consacré aux quartiers relevant de Bab Lemrissa à Salé, le quotidien Assabah de ce vendredi 7 juin braque les projecteurs sur la pauvreté que vivent les nombreux habitants (quelque 200.000 âmes) de cette partie de la ville des Corsaires, lovée entre l’Océan Atlantique à l’ouest, le Bouregreg au sud, les quartiers Bettana et Tabriquet à l’Est, et Laâyayda au nord.

Ainsi, à Bab Lemrissa, le princiapl point noir est représenté par les anciens hôtels, devenus des repaires où des malades contagieux, laissés-pour-compte, ont élu domicile, menaçant toute la zone d’une épidémie. Cela sans parler de centaines de familles, parfois entassées chacune dans une seule chambre de ces hôtels d’un autre âge, sans les moindres sanitaires. On imagine donc aisément ce qu’il en est de l’état de propreté et des odeurs qui se dégagent des cours exiguës de ces hôtels. Pire, ajoute un acteur associatif interrogé par Assabah, ces vieilles bâtisses, qui ont servi par le passé à loger les hautes personnalités du pays ou venues de l’étranger, sont dans un état de délabrement tel qu’elles constituent un danger pour les résidents.

Pour sa part, le président de la Commune de Bab Lemrissa, Aziz Ben Brahim, reconnaît l’existence d’une impasse. A savoir que le projet de réhabilitation de l’ancienne médina de Salé, auquel une enveloppe colossale de 900 millions de dirhams a été consacrée, n’attend que la fin du squattage de ces hôtels pour être mis en branle. En effet, c'est la réfection de ces hôtels, auxquels sera donné un cachet touristique moderne, qui constitue le point nodal de la réhabilitation de l’ancienne médina à Bab Lemrissa. Pour le moment, la réhabilitation n’a pu concerner que certaines parties de l’ancienne médina, comme le Souk Essebbat (chaussures et cuir) et le Souk Ettowb (tissus).

Le président de la Commune de Bab Lemrissa a cependant reconnu que ce point noir que constituent les anciens hôtels reste difficile à résoudre, malgré le dialogue permanent avec les familles qui y résident. Seule une intervention multiforme de l’Etat, qui donnerait des garanties d’un habitat décent à proximité de centres de santé et écoles, pourrait dénouer cet épineux problème social.

Restera ensuite à remettre de l’ordre dans le marché de Sidi Moussa, un autre point noir qui fait vivre l’enfer aux riverains, à cause de l’anarchie qui y règne mais, surtout, des tonnes de détritus qui le jonchent. Les autorités locales restent impuissantes face à l’amoncellement des poubelles, mais aussi à l’occupation illégale de l’espace public par les marchands ambulants, dont la densité a carrément fermé le plus grand boulevard de Sidi Moussa, à savoir le boulevard Ennasr.

Autre point noir, et non des moindres, l’habitat menaçant ruine prédomine, alors que l’habitat insalubre est devenu, année après année, une «lèpre» qui s’étend à perte de vue et qui avilit de plus en plus le quartier de Sidi Moussa. Le président de la Commune se dit tout simplement désarmé face à ce dernier phénomène qui, dit-il, ne relève pas de ses compétences! Autant dire le vieux Bab Lemrissa est fermé à toute velléité de développement et de modernisation.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 07/06/2019 à 00h00