Le Roi Mohammed VI a adressé, le mardi 26 septembre dernier, une lettre au Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, lui demandant d’accélérer la réforme de la Moudawana, afin que le nouveau texte régissant le Code la famille soit finalisé dans un délai de six mois.
Dans cette lettre, le souverain a défini les institutions qui seront désormais chargées de cette mission, une année après cette décision royale, annoncée dans le discours du trône de l’année 2022, relaie Al Ahdath Al Maghribia qui consacre un ensemble d’articles à ce propos, ce jeudi 28 septembre 2023.
Par sa précision et la clarté de ses objectifs, la lettre royale met le chef du gouvernement, le Conseil supérieur de la magistrature et la présidence du ministère public devant leurs responsabilités.
En tant que superviseurs de ce chantier, ils sont chargés de lancer des concertations élargies, de créer des consensus, d’éviter les tiraillements et d’assouplir les positions des uns et des autres dans un laps de temps très limité.
L’ex-parlementaire socialiste et présidente de l’association «Mains libres», Laila Amili, a salué l’initiative royale, qu’elle considère comme un «signal fort pour créer une véritable mobilisation nationale autour d’une loi équitable et égalitaire qui soit conforme à la constitution de juillet 2011 et qui permet aux femmes de contribuer d’une manière effective au développement du pays».
Ex-présidente de l’Association démocratique des femmes du Maroc, Saïda Idrissi, a affirmé que «la décision du Roi Mohammed VI est très opportune, car elle survient juste avant la rentrée parlementaire, et démontre l’importance qu’accorde le souverain à la loi. Laquelle loi doit garantir et protéger les droits de tous les membres de la famille et particulièrement les enfants. Du coup, on attend des composantes concernées par l’encadrement effectif des concertations de prendre en considération les demandes d’une réforme radicale et globale de la Moudawana réclamées par le mouvement féministe».
Al Ahdath Al Maghribia souligne que les organisations féminines des partis politiques ont accueilli avec une grande satisfaction l’appel du Roi de lancer, dans les meilleurs délais, le chantier de la réforme du Code de la famille.
Elles appellent tous les acteurs et les forces vives à éluder les débats politiciens et idéologiques étroits et à opter pour une discussion calme et un dialogue national responsable, afin de produire des propositions qui remédient aux dysfonctionnements et aux inconvénients de la Moudawana actuelle.
Coordinatrice du collectif «Parité maintenant», Ouafa Hajji, appelle quant à elle à une «interaction rapide avec la lettre royale» en entamant ces concertations avec «sagesse et rationalité» tout en «s’armant de l’audace et de la détermination nécessaires».
Pour Ouafa Hajji, «la lettre royale vient à un moment opportun, vu que le tremblement de terre de la province d’Al Haouz a dévoilé la situation précaire des femmes dans les villages et les montagnes. Par conséquent, cette réforme est devenue impérative et nécessite une nouvelle loi, qui permet aux femmes de contribuer avec efficacité à la reconstruction à partir d’une logique égalitaire qui leur permet de bénéficier de l’entièreté de leur citoyenneté et de leurs pleins droits».
Les institutions appelées à superviser ces concertations sur le Code de la famille auront donc beaucoup de travail, afin de rapprocher les positions de leurs interlocuteurs sur des points de fortes divergences: l’âge légal du mariage, l’égalité en matière d’héritage, et le placement sous tutelle des enfants.