L'intelligence artificielle pour en finir avec le charançon rouge, l'insecte qui ravage des palmiers-dattiers marocains

Oasis de Tighmert, à près de 15 km à l'est de Guelmim. Environ 650 familles, majoritairement des nomades entre-temps sédentarisés, y vivent de la culture des palmiers-dattiers, du maraîchage (figues, abricots), et de petits champs de céréales (blé, orge et maïs). 

Oasis de Tighmert, à près de 15 km à l'est de Guelmim. Environ 650 familles, majoritairement des nomades entre-temps sédentarisés, y vivent de la culture des palmiers-dattiers, du maraîchage (figues, abricots), et de petits champs de céréales (blé, orge et maïs).  . DR

Une entreprise basée au Monténégro, dans les Balkans, s'apprête à installer dans le nord du Royaume des capteurs dotés d'une intelligence artificielle pour lutter contre le charançon rouge, cet insecte qui attaque depuis 2008 des palmiers-dattiers du Maroc. Explications sur cette expérience.

Le 15/09/2020 à 11h01

Le charançon rouge, qui décime les palmiers-dattiers du Maroc depuis 12 ans, va-t-il enfin être éradiqué? Une solution pour lutter contre cet insecte ravageur qui tue les palmiers du pays a peut-être été trouvée.

L'Office national de la sécurité sanitaire et alimentaire (ONSSA), organisme sous la tutelle du ministère de l'Agriculture, vient de signer un contrat avec Palmonitor, une société dont le siège se trouve au Monténégro, petit Etat des Balkans, pour installer au Maroc une technologie innovante, basée sur l'intelligence artificielle.

Il s'agit de mettre en place des détecteurs permettant d'alerter sur la présence des larves du charançon rouge, à un stade très précoce de leur développement. 

L'entreprise s’est ainsi vu confier le déploiement de plusieurs dizaines de milliers de capteurs sur des palmiers du Maroc, pour couvrir les principaux foyers d’infection au nord du Royaume. Le démarrage de cette opération se fera dès ce mois de septembre 2020 , alors qu'un projet pilote avait déjà débuté en 2019 dans la province de Tanger-Asilah, où une centaine de ces capteurs avaient été installés.

Une salle de contrôle unique sera aménagée dans les locaux de la direction régionale de l’ONSSA de Tanger. Elle permettra de surveiller l’état des palmiers-dattiers, qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ne sont pas répertoriés par les botanistes comme des arbres, mais comme des plantes...

La surveillance des palmiers-dattiers, des plantes, donc, aura lieu 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Cette salle servira également, à titre expérimental, de show-room pour d'autres gouvernements qui recherchent une solution efficace à une problématique similaire. 

Utilisant une technologie basée sur le mouvement sismique, et analysé par la technologie de l'intelligence artificielle, la précision des détecteurs monténégrins est telle, que ceux-ci peuvent détecter la présence de larves de charançons rouges mesurant à peine 10 millimètres, à l’intérieur du stipe du palmiers, c'est à dire ce qu'on assimile à un tronc, et qui est, en fait, la tige du palmier.

L’objectif en est, ni plus, ni moins, de rompre le cycle de développement du charançon rouge, en détectant le plus tôt possible la présence de larves de charançon dans ce fameux stipe du palmier.

Originaire d’Indonésie, le charançon rouge est un insecte qui se nourrit en creusant des galeries à l’intérieur du palmier jusqu’à en atteindre le cœur. Lorsque les galeries sont trop nombreuses, l’arbre est irrémédiablement perdu.

D’abord apparu au Moyen-Orient au début des années 1980, et malgré les tentatives de nombreux pays, cet insecte a continué à se propager, jusqu’à atteindre le Maroc où les premiers cas ont été signalés en 2008.

Responsable de la mort de millions de palmiers-dattiers, le charançon rouge menace directement les revenus de centaines de milliers de personnes qui vivent de la filière dattière au Maroc. 

Il reste à trouver, à présent, une solution au bayoud, ce champignon qui, lui aussi, décime les palmiers-dattiers du Maroc. Et ce, depuis plusieurs décennies. 

Par Qods Chabaa
Le 15/09/2020 à 11h01