Les «chennaqas». Les Marocains ont trouvé un mot pour désigner tous ces spéculateurs, ces intermédiaires qui s’incrustent entre le producteur et le consommateur pour se sucrer sur le dos des deux et s’attribuer une part indue, souvent la plus grande, dans cette transaction sans avoir fait le moindre effort.
«Ils ne sont jamais fatigués de surenchérir sur tout le monde», écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans l’édito de son édition du lundi 19 août.
Contrairement à tous leurs semblables, «la particularité de ces spéculateurs du militantisme est leur prétendu savoir pluridisciplinaire. Ils s’y connaissent aussi bien en armement et en dernières innovations de l’industrie de défense, que dans le l’univers de la finance, comme ils possèdent, bien entendu, une connaissance vaste et sans limite dans le domaine de la politique», écrit l’éditorialiste.
Leur connaissance et leur maîtrise du sport, toutes disciplines confondues, est sans égale. Ils ont, de même, une large expérience dans le domaine de la médecine, de l’industrie pharmaceutique, de l’activité des officines et peuvent diagnostiquer et prescrire des traitements pour tous les maux.
«Leur savoir en matière de sociologie et de sciences sociales est large», poursuit l’éditorialiste. Ils sont aussi musiciens à l’occasion, dramaturges à leurs heures perdues et fins connaisseurs des subtilités de la réalisation cinématographique et des fictions et programmes télévisuels. «Mais leur principale caractéristique, c’est –et de loin- leur culot, leur audace, leur assurance effrontée et leur capacité à débiter, sans vergogne, leur ignorance devant tout le monde», note l’éditorialiste.
Comment peut-on lutter contre cette catégorie de spéculateurs, s’interroge l’éditorialiste. Il faut reconnaître, concède-t-il, que ce n’est pas chose facile. Cependant, la famille en premier lieu, c’est-à-dire la bonne éducation, et l’école ensuite, ou le savoir constructif, sont les seuls antidotes contre ce poison social et cette maladie incurable.
«Maintenant que vous connaissez le mal et le remède contre ce mal, vous n’avez plus qu’à vous adresser au pharmacien du coin pour vous procurer votre médicament», conclut l’éditorialiste.