Le torchon brûle entre les enseignants et les AREF, une grève de deux jours annoncée

Des enseignants contractuels en pleine manifestation, brandissent banderoles et pancartes. 

Des enseignants lors d'une précédente manifestation.. DR

Le torchon brûle entre les enseignants et les Académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF). Et pour cause: les premiers s’attachent à «un droit légitime» de contester des décisions «injustes» par le refus de saisir les notes, tandis que les seconds tiennent à appliquer la loi pour les «contraindre» à compléter la saisie des notes et rendre les copies des contrôles aux élèves. Détails.

Le 13/02/2023 à 17h03

Dans un communiqué parvenu à Le360, le conseil national de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), réuni exceptionnellement les 11 et 12 février 2023, condamne fermement le recours des AREF à la «politique d’intimidation et des menaces», ainsi qu’à «des mesures arbitraires telles que les avertissements, les mises à pied et la suspension temporaire du travail» pour contraindre les enseignants à saisir sur la plateforme Massar les notes de contrôles continus du premier semestre.

«Nous refusons ces démarches rétrogrades visant à exercer la pression sur des enseignants qui revendiquent tout simplement leurs droits», tonne Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la FNE. Et de poursuivre: «Nous considérons que ces pratiques vont à l’encontre de l’esprit de la réforme proclamée par le ministère de l’Éducation nationale, qui prétend mettre l’enseignant au centre de ses priorités».

Selon Ghmimat, le recours aux sanctions à l’encontre des enseignants peut avoir des répercussions plus larges. «L’approche adoptée par le ministère à travers les AREF, basée sur les menaces, risque malheureusement de fragiliser davantage le lien de confiance et retarder l’aboutissement du dialogue social en cours», met-il en garde.

Les représentants des enseignants exigent ainsi l’annulation de l’ensemble des décisions administratives «arbitraires» à l’encontre des femmes et hommes de l’éducation nationale qui mènent une campagne de contestation contre les AREF et le ministère de tutelle en refusant de saisir des notes des évaluations et contrôles continus sur la plateforme Massar.

Le conseil national de la FNE demande aussi au gouvernement et au ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports de «prioriser l’intérêt général et (de) faire appel à la raison afin de désamorcer cette tension de plus en plus grandissante», lit-on dans le communiqué.

L’intervention du gouvernement et la résolution de ce problème sont indispensables, selon les syndicalistes, afin d’«assurer le déroulement normal des études et trouver des solutions définitives à l’ensemble des dossiers en suspens, tout en préservant la dignité et en garantissant les droits et les acquis des professionnels de l’éducation nationale».

La FNE annonce ainsi une grève nationale de deux jours, le 20 et 21 février 2023, ainsi que l’organisation de sit-in devant les directions régionales des AREF, le 20 février 2023.

Il convient de rappeler que des avertissements ont été envoyés, lundi 6 février 2023, aux enseignants qui ont refusé de saisir les notes des évaluations et contrôles continus. Les AREF reprochent aux enseignants concernés «un manquement au devoir professionnel» en raison de la «confiscation» des notes des élèves.

En plus, ces enseignants auraient «failli à leur responsabilité», lit-on dans ces documents dont Le360 a eu accès à des copies.

Évoquant «une faute professionnelle qui porte atteinte aux intérêts des élèves», les directeurs régionaux de l’éducation nationale ont accordé aux enseignants un délai de 48 heures pour compléter la saisie des notes et rendre les copies des contrôles, sous peine de sanctions administratives «sévères».

Contacté par Le360, Abdelmoumen Talib, directeur de l’AREF de Casablanca-Settat, a souligné qu’en cas de refus de saisie des notes dans les délais fixés par les académies, celles-ci vont enclencher la procédure administrative prévue par la loi en vigueur et par le statut des cadres relevant des AREF.

Interrogé sur les sanctions que risquent ces enseignants, Talib a expliqué que la loi prévoit, après présentation devant des conseils disciplinaires, des retenues sur salaire et éventuellement des mises à pied. «Ces mesures disciplinaires visent à garantir le bon fonctionnement des établissements scolaires et à préserver les intérêts des élèves», a-t-il précisé.

Par Younes Saoury
Le 13/02/2023 à 17h03