Non-remise des bulletins scolaires: l’ultimatum des AREF aux enseignants

Une feuille de composition.

Les enseignants-cadres des Académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF) refusant de saisir sur la plateforme Massar les notes des contrôles continus du premier semestre risquent des sanctions. Des avertissements leur ont déjà été adressés par les académies, qui leur ont accordé un délai de 48 heures pour intégrer les notes des élèves sur ladite plateforme. Détails.

Le 08/02/2023 à 08h36

Alors que le deuxième semestre a démarré, plusieurs élèves n’ont toujours pas reçu leurs notes de la première partie de cette année scolaire. Et pour cause: des enseignants-cadres des Académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF) refusent toujours de saisir les notes des évaluations et contrôles continus sur Massar, la plateforme dédiée.

Face à ce blocage qui suscite une grosse colère de la part des parents d’élèves, les AREF se sont mobilisées pour pousser les enseignants à compléter la saisie des notes sur ladite plateforme et à remettre les copies des évaluations aux administrations des établissements scolaires où ils enseignent.

Ainsi, des avertissements ont été envoyés, lundi 6 février 2023, aux enseignants concernés, leur reprochant «un manquement au devoir professionnel» en raison de la «confiscation» des notes des élèves. En plus, ces enseignants auraient «failli à leur responsabilité», lit-on sur ces documents dont Le360 a eu accès à des copies.

Evoquant «une faute professionnelle qui porte atteinte aux intérêts des élèves», les directeurs provinciaux de l’éducation nationale accordent aux enseignants un délai de 48 heures pour compléter la saisie des notes et rendre les copies des contrôles, sous peine de sanctions administratives «sévères».

Que risquent ces enseignants ?

Contacté par Le360, Abdelmoumen Talib, directeur de l’AREF de Casablanca-Settat, a souligné qu’en cas de refus de saisie des notes dans les délais fixés par les académies, celles-ci vont enclencher la procédure administrative prévue par la loi en vigueur et par le statut des cadres relevant des AREF.

Interrogé sur les sanctions que risquent ces enseignants, Talib explique que la loi prévoit, après présentation devant des conseils disciplinaires, des retenues sur salaire et éventuellement des mises à pied. «Ces mesures disciplinaires visent à garantir le bon fonctionnement des établissements scolaires et à préserver les intérêts des élèves», précise-t-il.

S’agissant des établissements concernés dans la région Casablanca-Settat, notre interlocuteur fait savoir qu’un nombre «insignifiant» de cas ont été recensés. «Nous sommes à des niveaux très avancés en matière de saisie des notes. On s’approche d’un taux de 100% de cette opération», indique-t-il, non sans fierté et tout en saluant les efforts fournis par les enseignants-cadres de l’AREF de Casablanca-Settat.

Une décision qui risque de faire monter la tension

Comme on pourrait le deviner, la décision des AREF ne passe pas auprès des enseignants qui, rappelons-le, avaient boycotté la saisie des notes en guise de protestation. A en croire Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), cette décision ne fait qu’«alimenter leur colère».

«Nous refusons ces démarches rétrogrades visant à exercer la pression sur des enseignants qui revendiquent tout simplement leurs droits», tonne le syndicaliste. Et de poursuivre: «Nous considérons que ces pratiques vont à l’encontre de l’esprit de la réforme proclamée par le ministère de l’Education nationale, qui prétend mettre l’enseignant au centre de ses priorités.»

Selon Ghmimat, le recours aux sanctions à l’encontre des enseignants peut avoir des répercussions plus larges. «L’approche adoptée par le ministère à travers les AREF, basée sur les menaces, risque malheureusement de fragiliser davantage le lien de confiance et retarder l’aboutissement du dialogue social en cours», met-il en garde.

Par Lina Ibriz
Le 08/02/2023 à 08h36