Grave pénurie de médecins légistes à Casablanca: le wali Mhidia s’en mêle

La morgue d'un hôpital.

Le métier de médecin légiste n’intéresse quasiment personne au Maroc, car non seulement il est risqué pour la santé de celui qui l’exerce, mais il est excessivement sous-payé.. DR

Revue de presseLe métier de médecin légiste n’intéresse quasiment personne au Maroc, car non seulement il est risqué pour la santé de celui qui l’exerce, mais il est excessivement sous-payé. A Casablanca, un seul légiste exerce au sein du Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd, Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 19/12/2023 à 21h33

De nombreux cadavres sont en attente d’autopsie dans les frigos de la morgue du CHU Ibn Rochd de Casablanca, au grand dam de leurs familles qui attendent, depuis des semaines parfois, cette formalité en vue d’enterrer les leurs. Or, au CHU de la plus grande métropole du pays, et l’une des plus grandes d’Afrique, il n’y a en tout et pour tout qu’un seul médecin légiste.

Selon Assabah (édition du 20 décembre), pour discuter de cette situation, le wali de la région de Casablanca-Settat, Mohamed Mhidia, a organisé une réunion avec la participation de la maire de Casablanca, du directeur régional de la santé et de la protection sociale, et du directeur du CHU de Casablanca. Il s’agissait de trouver une solution à ce manque de médecins légistes, qui doivent être au minimum au nombre de trois à Casablanca, en vue de désengorger les morgues et permettre à la justice et aux familles de certaines personnes sont la mort est douteuse de connaitre rapidement la cause du décès en vue de les enterrer et d’en faire le deuil.

Cependant, pour Assabah, il faut rester dubitatif face à toute solution rapide à ce problème, car le nœud gordien de cette situation réside dans la précarité du métier de médecin légiste qui est excessivement sous-payé. A cela s’'ajoute le fait, que celui qui l’exerce risque de contracter de nombreuses maladies infectieuses à cause de la manipulation des cadavres parfois au stade de décomposition avancée.

Ainsi, un médecin légiste, sollicité par le parquet ou un juge d’instruction pour les besoins d’une autopsie, au lieu de toucher les 1000 dirhams fixés par la loi, doit faire face à des tribunaux qui continuent à s’en tenir aux tarifs prévus dans des lois datant de la colonisation. Selon ces anciens textes, le médecin légiste légalement agréé touche 100 dirhams par autopsie d’un cadavre non encore enterré, 150 dirhams pour un cadavre déterré ou retrouvé en décomposition avancée, et 50 à 80 dirhams pour l’autopsie du cadavre d’un enfant selon qu’il soit on non encore enterré.

Assabah explique, en se basant sur des sources professionnelles médicales, que même s’il n’y a que 25 médecins légistes pour tout le Maroc, le nombre de plus en plus élevé de cadavres en attente d’autopsie n’est pas dû à ce seul manque. Car un médecin généraliste, de par sa formation académique, peut bien combler ce déficit, mais à condition d’être bien rétribué.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 19/12/2023 à 21h33