Fermeture d'écoles: un comité de parents lance un recours en justice contre le gouvernement pour "excès de pouvoir"

Fermeture des écoles (photo d'illustration).

Fermeture des écoles (photo d'illustration). . DR

Suite à la décision du gouvernement marocain de fermer les établissements scolaires de Casablanca, un collectif de parents lance un recours en justice contre le gouvernement pour "excès de pouvoir" afin de rouvrir immédiatement ces écoles.

Le 17/09/2020 à 10h49

Représenté par le Cabinet Benbrahim Chraïbi, ce collectif de parents marocains a adressé une lettre ouverte aux autorités compétentes et au ministère de l'Education nationale, en particulier. Objectif: sensibiliser l'opinion publique quant à cette situation délicate, qui prive d'un droit constitutionnel et fondamental: l’éducation. 

Car pour ce collectif, l'éducation à distance, telle qu'elle est préconisée par le gouvernement, ne remplace en aucun cas la présence en classe des élèves.

A l’heure des reproches«Nous vous écrivons aujourd’hui pour vous exprimer notre colère et notre grande inquiétude devant la décision d’annuler la rentrée des classes en présentiel pour les écoles des zones fermées au niveau national, communiquée le 6 septembre dernier dans la soirée», annoncent ainsi les parents dans cette lettre ouverte.

Et de reprocher au ministère de l'Education nationale «le caractère tardif de cette décision qui témoigne de l’absence de considération de vos instances vis-à-vis des citoyens, des parents, des travailleurs, des membres du corps enseignant...».

Sans compter «la déception, le désarroi et l’infinie tristesse lus dans le regard de nos enfants au matin du 7 septembre... », poursuivent les auteurs de cette missive.

Une stratégie remise en questionPour ce collectif de parents en colère, la portée de cet acte est avant tout symbolique, les chances d'un dénouement favorable restant faibles compte tenu de l'état d'urgence sanitaire qui prévaut toujours au Maroc.

Toutefois, ceux-ci ne manquent pas de remettre en question le bien-fondé des décisions prises par le ministère, et l'ensemble du gouvernement, s’agissant de la gestion de la crise sanitaire.

«Nous déplorons l’absence de fondement de cette décision tant les tenants et aboutissants qui la motivent nous échappent. Elle ne saurait en tout état de cause être justifiée par le nombre de cas en réanimation et le nombre de décès. Or, la virulence et la dangerosité d’une épidémie ne se mesurent qu’à la lumière de ces deux paramètres et absolument pas au nombre de cas positifs!», décrètent les parents qui remettent en cause, dans le même temps, le travail accompli par le ministère de la Santé.

Et, poursuivent-ils, «si la situation était aussi alarmante, ce que les scientifiques de notre pays semblent infirmer, comment justifier que vous fermiez les établissements scolaires alors même que vous autorisez les centres commerciaux, cafés et restaurants?»

A moins que le ministre ne doute des «capacités des directeurs d’établissements scolaires à appliquer des mesures sanitaires?» s’interroge le comité, ou que les parents soient jugés «irresponsables au point de négliger la sécurité des enfants et des familles?»

Les desiderata des parents en colèrePour conclure cette missive incendiaire, les parents insistent sur les conséquences néfastes de cette décision sur les enfants mais également sur leur activité professionnelle.

Pour eux, l’enseignement à distance a montré ses limites et il est grand temps que le présentiel reprenne sa place, «afin d’ancrer les apprentissages et combler les lacunes éventuelles tout en permettant aux familles de retrouver un équilibre, tant économique que psychologique».

Se sentant «trahis et bafoués dans [leurs] droits», les signataires rappellent enfin «qu’au cours des derniers mois, l’effort de recherche a permis de mieux appréhender le COVID-19, faisant dire aux scientifiques et aux dirigeants du monde entier qu’il était temps d’apprendre à cohabiter avec le virus et donc de rouvrir progressivement l’économie et d’amorcer un retour contrôlé à la vie normale. Et dans bon nombre de pays, le retour à l’école a fait partie intégrante de cette nouvelle normalité».

Par Zineb Ibnouzahir
Le 17/09/2020 à 10h49