Comment nos enfants sont-ils armés face au Covid-19? Sont-ils plus fragiles que les adultes? Sont-ils des vecteurs de transmission du virus? Autant de questions brûlantes qui hantent tous les parents à travers le monde. Et pour cause, depuis le début de la pandémie, on a lu tout, et son contraire. Et les chiffres actuels qui repartent à la hausse dans bon nombre de pays comme le Maroc ne sont pas pour rassurer.
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Les Etats-Unis tirent la sonnette d’alarmeCes chiffres qui inquiètent sont notamment le lot des Etats-Unis où selon des données rassemblées par l’Académie américaine de pédiatrie (AAP) et analysées par le New York Times, le taux de contamination a progressé chez les enfants au cours de l’été. Pire encore, aux Etats-Unis, les hospitalisations et les décès dus au coronavirus ont augmenté à un rythme plus rapide chez les enfants et les adolescents, que chez les adultes et les personnes âgées.
Les données qui ont été récoltées par l’AAP entre le 21 mai et le 20 août font ainsi état d’une augmentation de 720% de contaminations chez les enfants, contre 270% pour le reste de la population. Les hospitalisations flambent également avec une hausse de 356% du côté des enfants, contre 122% pour le reste de la population, et enfin même topo du côté des décès, avec une hausse de 229% pour les enfants contre 115%.
Des chiffres à vous glacer le sang que l’AAP relativise toutefois dans la mesure où d’un Etat à l’autre, certains regroupent dans la même catégorie «enfant» les nourrissons, les jeunes enfants et les adolescents, alors même que le virus ne les affecte pas de la même manière. Toutefois, malgré cette différence de dénomination des catégories, il n’en demeure pas moins que la tendance est à la hausse et qu’elle est similaire dans tous les Etats.
Toutefois, précise le New York Times, «les recherches montrent systématiquement que les adolescents sont plus susceptibles d'attraper et de transmettre le virus que les jeunes enfants, bien que les raisons soient incertaines. Les 10 à 19 ans représentent une part plus importante des cas que les jeunes enfants dans tous les Etats qui suivent les groupes d'âge séparément».
Si le Dr Sean O'Leary, vice-président du comité sur les maladies infectieuses de l'American Academy of Pediatrics, se veut rassurant en arguant que l'augmentation des cas signalés provient en partie de tests plus répandus, celui-ci admet toutefois que la propagation d'une communauté importante dans de nombreuses régions des Etats-Unis correspondait à davantage d'infections et de décès chez les enfants qu’au début de l’année.
«À la fin du mois de mai, environ 5% des cas du pays étaient documentés chez des mineurs. Le 20 août, ce nombre était passé à plus de 9%», s’alarme ainsi le New York Times. Et le média américain de dénoncer la position des législateurs et du président Trump, qui ont choisi de brandir la carte de la faible probabilité d'une transmission chez les enfants d'âge scolaire comme raison pour rouvrir les écoles avec des classes en présentiel.
Mais la fin des vacances et la réouverture des écoles a visiblement sonné le glas de ce type de discours, qui se veulent rassurants, d’autant quand ces écoles sont situées dans des Etats où le port du masque n’est pas obligatoire.
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En France, on tempère les inquiétudes...De l’autre côté de l’Atlantique, au Royaume-Uni et en France notamment, on ne partage pas tout à fait le même point de vue. Dans une interview accordée au site The Conversation, les professeurs de pédiatrie Christèle Gras-Le Guen, vice-présidente de la société française de pédiatrie, et Régis Hankard, coordonnateur du réseau de recherche clinique pédiatrique Pedstart, se penchent à leur tour sur la question de la transmission du virus du Covid-19 par les enfants à l’heure de la rentrée scolaire.
A la lumière des données récoltées en France, mais aussi à l’international, les deux experts décrètent que «la Covid-19 n’est définitivement pas une maladie pédiatrique», et se montrent rassurants en expliquant que «les enfants ne s’infectent que très peu, et lorsque cela leur arrive, ils sont dans l’immense majorité des cas atteints par des formes bénignes, voire asymptomatiques, de la maladie».
Outre les données récoltées, les médecins mettent en garde contre un trop-plein de prévention. «Il ne faut surtout pas que les enfants fassent l’objet de mesures draconiennes, pénibles à vivre, qui pourraient bouleverser leur quotidien, alors que ce microbe ne les concerne que vraiment très peu», estiment ainsi les deux médecins.
Au Maroc, même son de cloche. Cet avis, le professeur Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne, le partage. «Il faut rassurer les parents. Le principal problème en tant que tel, ce n'est pas l'enfant face au risque d'être malade. Les études convergent plutôt pour montrer que le virus ne représente pas un grand danger pour eux. La plupart des enfants ne présentent même pas de symptômes apparents de la maladie, et même s'ils apparaissent, ils sont bénins», explique-t-elle ainsi.
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Qui croire et à quel point s'inquiéter?Mais quand bien même les experts tiennent des discours différents, certains liens subsistent entre les observations des scientifiques.
«Certes, les enfants sont susceptibles aussi de transmettre l’infection, puisqu’ils excrètent eux aussi du virus. Cependant, la réalité est plus nuancée», déclarent-ils ainsi dans cette interview, en se basant notamment sur les travaux publiés dans la revue The Lancet Child and Adolescent Health et qui se réfèrent à l’exemple australien.
«En Australie, où les écoles sont restées ouvertes durant la première vague, les enfants ont très rarement été à l’origine de l’infection en cas de cluster intrafamilial. Ces recherches ont été menées dans 15 écoles fréquentées par des enfants âgés de six ans et plus, et dix maternelles ou crèches accueillant des enfants âgées de six semaines à cinq ans. Sur douze enfants et quinze adultes contaminés, seuls 5 cas secondaires sur 914 contacts retracés ont été diagnostiqués dans les écoles», expliquent ainsi les professeurs Christèle Gras-Le Guen et Régis Hankard.
Résultat des courses: en Australie, «tous établissements confondus, le taux d’attaque d’enfant à enfant s’est avéré être de 0,3%. Celui d’enfant à adulte était de 1%, tandis que celui d’adulte à enfant était 1,5%, et celui d’adulte à adulte, de 4,4%».
Autre conclusion tirée par ces experts, les enfants s’infecteraient moins que les adultes, et «ceux qui sont infectés ont contracté la maladie dans leur cercle familial, et pas à l’extérieur, à l’école par exemple, comme on aurait pu le craindre». Les enfants ne participeraient donc qu'exceptionnellement à la chaîne de transmission du SARS-CoV-2.
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A Casablanca, une rentrée scolaire décalée à juste titreCertes, le décalage de la rentrée scolaire dans les établissements scolaires casablancais à une date ultérieure en a fait grincer les dents de plus d’un. Mais cette décision de dernière minute s’avère souhaitable.
«Nous sommes en plein dans la phase de flambée épidémique et nous ne verrons plus clair sur l’évolution de la situation que dans le courant du mois de septembre septembre», explique ainsi Khadija Moussayer, qui préconise les cours à distance dans un premier temps et une reprise en présentiel, «d’ici deux à trois semaines».
«La scolarisation «physique» provoque en effet beaucoup de contacts pour les enfants comme pour les parents et le personnel d’éducation, qui tous ensemble sont autant de sources de contaminations actuellement», poursuit-elle.
Par ailleurs, comme le nuance le professeur Moussayer, quand bien même «la plupart de constatations semblent indiquer que les enfants participent peu à la chaîne de transmission -même s’il y a eu d’autres études moins affirmatives sur ce sujet- cette notion de «peu» n’est pas vraiment satisfaisante et propre à tranquilliser les parents».
Le fait que la plupart des études l’indiquant soient réalisées dans les pays développés où prédominent des cellules familiales composées uniquement des parents et leurs enfants doit, selon le Professeur Moussayer, être pris en compte. En effet, comme elle le souligne, «au Maroc, plusieurs générations cohabitent encore souvent dans une forte promiscuité. Il est difficile de penser que les enfants ne pourront pas contaminer, à un certain degré, les grands-parents, les nounous…». A chaque pays, sa réalité sociologique.
Parmi les mesures à appliquer à l’heure de la rentrée scolaire, selon les experts français et marocains, on retient la vaccination des enfants contre le rotavirus, responsable de gastro-entérites, et contre la grippe, pour éliminer les doutes, et, enfin, le maintien à distance des enfants présentant des symptômes pendant au moins sept jours.