«Escobar du Sahara»: les avocats de Saïd Naciri veulent faire annuler les PV de ses interrogatoires et de ses écoutes téléphoniques

Saïd Naciri, ex-député au Parlement et élu d'une collectivité territoriale, est actuellement incarcéré à la prison de Oukacha, impliqué dans une affaire de trafic de drogue et de corruption.

Revue de presseLa défense de Saïd Naciri a relevé, lors de la dernière audience, ce qu’elle considère comme des irrégularités et a demandé d’annuler les PV de la Police judiciaire, les compte-rendus des écoutes téléphoniques, de même que la décision de consultation des comptes bancaires. Une revue de presse du quotidien Assabah.

Le 01/12/2024 à 20h22

Le procès des personnes impliquées dans l’affaire de l’«Escobar du Sahara» se poursuit, avec de nouveaux développements.

Curieusement, relaie Assabah de ce lundi 2 décembre, la décision du juge autorisant des écoutes téléphoniques dans cette affaire porte le même numéro de série que celle ayant trait à un autre dossier, portant sur l’affaire des intermédiaires des tribunaux de Casablanca, à cette différence près: l’un de ces documents a été manuellement rédigé, l’autre ayant été imprimé, après avoir préalablement été tapé sur un clavier.

Assabah se demande s’il ne s’agirait pas là d’une «erreur de frappe», alors que ce n’en est pas une, soutient la défense de Saïd Naciri.

L’avocat de l’ancien président du Conseil préfectoral de Casablanca a également noté que plusieurs PV manquaient au dossier, alors qu’il sont censés être des éléments essentiels de l’enquête judiciaire.

Entre autres documents manquants, et non des moindres, celui restituant l’interrogatoire d’Abdelaziz Laghzaoui, l’un des personnages-clés de cette affaire, selon le quotidien.

La défense a même insinué que cela pourrait être intentionnel, sachant que ce PV «allait changer de manière radicale le cours de ce procès».

L’avocat de la défense a également cité un autre exemple de ce qu’il considère comme étant «une contradiction» dans ce PV, le contenu de son préambule contrastant avec l’ensemble du document.

Ainsi, précise le quotidien, «dans le préambule, il est mentionné que l’épouse de Laghzaoui a confirmé la présence de Saïd Naciri à une rencontre de coordination relative au trafic de drogue alors que, dans ses déclarations, elle affirme clairement qu’elle n’a vu que l’épouse du Malien», ce qui fait dire à l’avocat de la défense que «cette réunion fictive de coordination n’a jamais eu lieu, sauf dans l’imagination du Malien et de son entourage».

Un autre avocat, également membre du comité de défense de Saïd Naciri, a quant à lui appelé à l’annulation des PV de la police judiciaire, de même que des PV résultant des enregistrements de ses écoutes téléphoniques, avec cet argument: les éléments de la PJ n’ont pas respecté les procédures légales.

Ils auraient, selon l’avocat, entamé les opérations d’écoute avant d’avoir obtenu l’autorisation du Parquet.

De son côté, le procureur du Roi n’a pu donner son autorisation sans l’aval du président de la Cour d’appel.

La police judiciaire aurait, de ce fait, agi en infraction des dispositions prévues dans l’article 108 du Code de procédure pénale.

Le comité de défense de Saïd Naciri a, de même, demandé l’annulation de la décision de consultation des comptes bancaires de son client, une décision qui a été mise en œuvre sans l’autorisation de l’accusé, ni de sa famille, ce qui constitue là encore, selon ses avocats, une infraction à la législation, tout particulièrement envers les dispositions mentionnées dans l’article 24 du Code de procédure pénale.

En fin de compte, au terme de cette audience, la Cour a décidé d’ajourner le procès jusqu’à vendredi prochain, 6 décembre 2024.

Par Amyne Asmlal
Le 01/12/2024 à 20h22