Pour un entretien censé faire le bilan de l’action de l’ambassadrice américaine, et de son pays, en Algérie, il aura surtout été consacré… au Maroc. Ainsi en est-il de nouveau allé de la presse algérienne, dont un des principaux porte-voix du régime, La Patrie News qui, le 18 juillet, nous a gratifiés d’une interview on ne peut plus éclairante d’Elizabeth Moore, qui s’apprête à quitter ses fonctions à la tête de la mission diplomatique des États-Unis à Alger. Éclairante… sur le Sahara, dont l’appui à la marocanité dans le cadre du plan d’autonomie a non seulement été renouvelé, mais expliqué et argumenté.
Face à des questions directes, formulées au demeurant sur le ton du reproche, sur LE dossier, la diplomate américaine a été tout aussi claire. La partie algérienne espérait un changement de position américaine après la proclamation faite en 2020 par l’ancien président Donald Trump, reconnaissant la marocanité du Sahara occidental et soutenant l’autonomie comme seule solution au conflit. Mais rien ne fut fait.
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Son successeur le président Biden n’a pas changé la proclamation, car «c’est un fait historique», a tranché Elizabeth Moore Aubin. «Depuis 2008, la position des États-Unis est la même puisque nous considérons que le plan d’autonomie marocain est une solution viable. Nous n’avons pas du tout changé notre perspective sur cela en presque deux décennies», a rappelé l’ambassadrice, histoire de remettre les pendules à l’heure d’un régime d’Alger qui n’hésite pas à faire mentir les faits.
Inouï: des propos fidèlement repris
Comme pour adoucir sa franchise, Elizabeth Moore a affirmé que son pays, et cela tombe parfaitement sous le sens, continue de soutenir le processus onusien. Un processus auquel, faut-il le préciser, le Maroc adhère pleinement. Pas l’Algérie qui continue de se défiler, notamment des Tables rondes organisées sous l’égide de l’instance onusienne, alors que le voisin est pointé comme partie prenante au conflit. «Comme vous le savez, nous avons travaillé pendant longtemps sous les auspices de l’ONU, avec plusieurs envoyés spéciaux du secrétaire général de l’ONU. Nous allons continuer à soutenir ce cadre-là pour trouver une solution à ce problème difficile», a-t-elle souligné.
On retiendra au passage qu’une fois n’est pas coutume, les propos de la cheffe de la mission diplomatique américaine n’ont pas été altérés. Une «fidélité» qui tient certainement qu’à chaque fois que le régime d’Alger et ses médias ont tenté de jouer avec les déclarations des responsables américains, le Département d’État leur opposait systématiquement... des enregistrements et des transcriptions littérales des échanges survenus, et ce, sur son site officiel. L’épisode de la légendaire entrevue entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en mars 2022 à Alger, est encore dans toutes les mémoires.
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Alors que le pouvoir voulait en jouer pour montrer Ô combien il était grand et incassable, l’intégrale du laïus de Tebboune devant Blinken, publiée sur le site des Affaires étrangères des États-Unis, a tout juste montré le degré de sénilité du chef de l’État voisin et la puérilité du «Système» qu’il représente.
Les liaisons dangereuses
Pour rattraper l’évident coup d’épée dans l’eau sur le Sahara, La Patrie News a interpellé la diplomate américaine, et il fallait s’y attendre, sur «les tensions provoquées au Maghreb» par «le couple Israël-Maroc». Une thèse purement inventée et que la diplomate a évacuée, plutôt trois fois qu’une et à chaque relance, d’un revers de la main. «Je ne vois pas la relation entre le Maroc et Israël comme ayant causé des tensions en Afrique du Nord... Je pense qu’il y a énormément de questions qui provoquent des tensions sur le continent et je ne pense pas qu’Israël ait besoin d’en être une», a-t-elle répondu, légèrement sarcastique. «Je ne vois pas Israël comme une menace pour l’Algérie», a martelé Elizabeth Moore.
De quoi réaffirmer que le «complot» marocco-israélo-franco-américain (et plus encore) contre la grande Algérie est une pure fiction. Tout comme l’est l’option d’une impossible «autodétermination» ou encore «indépendance», qui n’ont, à aucun moment, été ne serait-ce que suggéré, lors de cet entretien. Et ce n’est pas Bernard Lugan, célèbre historien français et auteur du livre explosif «Le Sahara occidental en 10 questions», paru en mai dernier aux éditions Ellipses (Paris), qui dira le contraire.
Cartes et documents à l’appui, l’ouvrage montre juste que le Sahara occidental est un territoire arraché au Maroc par la colonisation espagnole et française. «Le Sahara occidental n’est qu’une partie de l’ensemble saharien que la colonisation arracha au Maroc. Le Maroc fut en effet très largement amputé, et cela, tant par la France que par l’Espagne, de toute sa profondeur saharienne, notamment de ses provinces comprises entre Figuig et la région du Touat d’une part, ainsi qu’entre le Drâa et les actuelles frontières de la Mauritanie et du Mali d’autre part», écrit-il. Une vérité qui éclate désormais au grand jour et à laquelle les chancelleries du monde entier ont accès. Les écrans de fumée montés par le régime d’Alger n’y pourront rien.