Parlement: une motion de censure, à la recherche d'un effet de buzz

Aziz Akhannouch, chef du gouvernement désigné, accompagné de Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du PAM, et Nizar Baraka, secrétaire général de l'Istiqlal, le 22 septembre 2021.

Aziz Akhannouch, président du RNI, alors chef du gouvernement désigné, annonce la formation d'un gouvernement tripartite, avec Abdellatif Ouahbi (à gauche), désormais ex-secrétaire général du PAM et toujours ministre de la Justice, et Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l'Istiqlal et ministre de l'Équipement et de l'Eau, le 22 septembre 2021, à Rabat.. DR

Revue de presseLes partis de l’opposition laissent entendre qu’au Parlement, une motion de censure serait prochainement déposée, afin de retirer la confiance qu’ils ont accordée au gouvernement que dirige Aziz Akhannouch. Cette arme constitutionnelle ne serait en fait qu’un prétexte pour certains partis, qui veulent avant tout créer un buzz. Une revue de presse d’un éditorial d’Al Akhbar.

Le 01/04/2024 à 21h05

À une dizaine de jours de l’ouverture de la session de printemps au Parlement, qui intervient à la période de mi-mandat du gouvernement, les partis de l’opposition laissent entendre leur volonté de recourir à une motion de censure, afin de retirer la confiance qu’ils avaient placée en l’équipe gouvernementale, dirigée par Aziz Akhannouch.

Pourtant, de l’avis de tous, y compris de certains élus de l’opposition, ce projet sera voué à l’échec. En effet, quand bien même les partis de l’opposition parviendraient à réunir les 80 signatures nécessaires au dépôt d’une motion de censure, celle-ci n’aboutirait qu’à nourrir un débat animé parmi les élus de la Chambre des représentants, qui sera sans conteste marqué par l’échange de propos polémiques.

L’éditorialiste d’Al Akhbar de ce mardi 2 avril 2024, qui s’interroge sur le bien-fondé de cette démarche, se demande si «l’opposition actuelle est capable d’activer une arme constitutionnelle aussi lourde, utilisée seulement deux fois dans l’histoire politique du Royaume, à une époque où l’opposition allait de pair avec une irréprochable réputation, et un solide enracinement social et politique».

Ce qui est sûr, poursuit-il, c’est que «le bilan à mi-mandat de l’opposition n’est pas convaincant. En près de deux ans et demi, l’opposition n’est pas parvenue à proposer un discours politique solide, cohérent et sur un long terme, d’autant qu’elle se compose de groupes politiques hétérogènes, aux positions et aux idéologies très éloignées les unes des autres».

Selon Al Akhbar, en effet, l’opposition bénéficie certes de plusieurs droits constitutionnels, mais reste actuellement incapable d’assumer ses responsabilités et d’occuper l’espace politique, qu’elle délaisse au profit des populistes, des nihilistes et des professionnels de la médiocrité.

L’éditorialiste explique ainsi que personne «ne peut contester les droits constitutionnels de l’opposition, mais celle-ci -toujours prisonnière de son passé et dont les composantes, les partis politiques, ont vu leur linge sale étalé dans l’espace public par le dernier rapport de la Cour des comptes- ne peut pas créer l’événement en ayant recours à une arme constitutionnelle aussi lourde que la motion de censure».

Al Akhbar rappelle à ce propos que la constitutionnalisation de la motion de censure n’a jamais été motivée par la quête d’un effet de buzz, pas plus que par le fait de vouloir créer de l’animation dans la vie politique, encore moins par la volonté de sortir les partis de la léthargie dans laquelle ils sombrent.

Le dépôt d’une motion de censure par l’opposition parlementaire, rappelle l’éditorialiste du quotidien, a bel et bien pour but de retirer la confiance qui a pu être accordée à un gouvernement. En le cas d’espèce, conclut-il, les conditions pour ce faire ne sont pas réunies.

Par Khalil Rachdi
Le 01/04/2024 à 21h05