Dans la grande famille de Moulay Ismaïl Alaoui, l’engagement politique signifiait adhérer au parti de l’Istiqlal ou à l’Union nationale des forces populaires (UNFP, ancêtre de l’USFP). Lui avait choisi sa voie, sa propre voie: le Parti communiste marocain (PCM) fondé dans les années 1940 par Léon Sultan. C’était en 1962, alors qu’il poursuivait ses études au lycée Descartes, à Rabat.
Dans le choix de ses convictions politiques, qui allaient tracer l’ensemble de son parcours, Moulay Ismaïl Alaoui affirme avoir été influencé par ses diverses lectures: histoire, philosophie, mais aussi Marx, Lénine et Trotsky.
Dr El Khatib et le camarade Ismail
Au sein de sa grande famille, il était surtout proche de son oncle maternel Abderrahmane El Khatib, avocat au Barreau de Casablanca. «Il était plus ouvert, plus porté sur la logique et la raison», nous confie-t-il. Tout le contraire du célèbre Dr Abdelkrim El Khatib, son autre oncle maternel, davantage attaché à la tradition, à la religion et à la chose spirituelle.
Pour autant, Moulay Ismaïl Alaoui a toujours été fasciné par ce dernier, autant par le personnage que par son parcours. «Il avait abandonné le confort que pouvait lui conférer son métier pour s’engager du côté de l’Armée de libération, avec tout ce que cela implique comme risques», explique notre invité.
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Il se rappelle comment cet oncle, très proche des noyaux durs de la résistance, avait ouvert sa clinique aux blessés lors de la sanglante répression des manifestations de 1952 à Casablanca, suite à l’assassinat du syndicaliste tunisien Ferhat Hachad. «C’est lui qui fournissait des capsules de poison aux résistants (selon toute vraisemblance du cyanure, NDLR) pour mourir et garder le secret si jamais ils tombaient entre les mains des Français», se souvient Moulay Ismaïl Alaoui.
Ali Yata et le travail dans les champs
Moulay Ismaïl Alaoui entretenait de bonnes relations avec Ali Yata, son prédécesseur au poste de Secrétaire général du PPS. Les deux hommes s’étaient connus lors d’un congrès de l’UNEM (Union marocaine des étudiants du Maroc). Le premier a été rapidement impressionné, notamment, par la virtuosité avec laquelle le second maîtrisait la langue arabe classique.
L’un au Maroc, l’autre en France pour ses études, tous deux étaient obligés d’oeuvrer dans la clandestinité, le PCM ayant été interdit par les autorités marocaines. D’ailleurs, pour se faire autoriser une deuxième fois, le PCM s’était rebaptisé en 1974 le Parti de la libération et du socialisme (PLS).
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«Les sigles nous importaient peu. Ce qui comptait le plus était le contenu, l’approfondissement du cheminement du parti et la fidélité à ses idéaux», explique notre invité.
Communistes jusqu’au bout des ongles, les camarades d’antan parmi les étudiants profitaient de leurs vacances pour se rapprocher des masses laborieuses, afin de mieux appréhender les réalités de la société marocaine. Si certains optaient pour les usines, d’autres, comme Moulay Ismaïl Alaoui, choisissaient le travail dans les champs pour être au plus près des fellahs.
Et tous devaient, d’une manière ou d’une autre, s’acquitter d’un autre acte militant et bénévole: contribuer à l’élaboration, l’impression ou la distribution du journal du parti.