Témoignages. Ep1. Fouad Douiri raconte son passage au ministère de l’Énergie et des Mines

Fouad Douiri, ancien ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement (2012-2013).

Le 27/03/2023 à 21h01

Vidéo«Témoignages», c’est votre nouveau rendez-vous sur Le360. Tout au long du mois de ramadan, chaque lundi et jeudi, cette nouvelle émission reçoit d’anciens ministres ou hauts responsables de tous bords, venus raconter les moments forts de leur mandat ou de leur carrière. Dans ce premier épisode, nous recevons Fouad Douiri, ancien ministre de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement au sein du gouvernement Benkirane 1, de 2012 à 2013. Il nous parle de l’opération de sauvetage de l’ONEE, de la démission des ministres istiqlaliens du gouvernement et de bien d’autres sujets.

Militant istiqlalien de père en fils, Fouad Douiri fait partie des membres fondateurs de l’Alliance des économistes istiqlaliens, née vers la fin des années 90 (alors nommée Alliance des artisans). Également membre du Conseil national du parti, il a été nommé, le 3 janvier 2012, ministre de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement au sein du gouvernement Abdelilah Benkirane I. «C’est Abbas El Fassi qui m’avait contacté pour me proposer ce poste, et j’ai tout de suite ressenti le poids de la responsabilité», se rappelle celui qui, dans une autre vie, avait dirigé la compagnie d’assurances RMA Watanya.

Invité de la nouvelle émission «Témoignages», l’ancien ministre de l’Énergie s’est arrêté sur les principaux défis qui se présentaient à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) au cours de son mandat (2012-2013), dans un contexte marqué par l’envolée des cours du pétrole (à 150 dollars le baril), du charbon et du fuel, se traduisant par une hausse record des dépenses de compensation (plus de 50 milliards de dirhams, contre une moyenne habituelle de 15 à 20 milliards de dirhams).

«Nous avons travaillé avec les responsables de l’ONEE, le ministère des Finances et la Primature sur un contrat-programme. Nous nous sommes mis d’accord sur le principe selon lequel les trois parties concernées doivent faire un effort pour résoudre le problème: l’ONEE a été appelé à optimiser la gestion de ses ressources financières et techniques, le consommateur devait supporter une hausse des tarifs et, enfin, le gouvernement s’était engagé à ne pas toucher à la tranche sociale des tarifs», se souvient Douiri.

Avant même la signature dudit contrat-programme, poursuit-il, le gouvernement a débloqué une enveloppe de 500 millions de dirhams (en deux tranches) afin de permettre à l’ONEE d’honorer ses engagements vis-à-vis d’entreprises qui menaçaient de s’effondrer sous l’effet des retards de paiement des créances dues au titre des marchés lancés par l’Office public.

Interpellé sur la problématique du déficit de la Caisse interne de retraite de l’ONEE, Douiri affirme que la résolution de ce problème nécessitait alors la mobilisation de 14 à 15 milliards de dirhams, ajoutant que ce point n’a pas été évoqué dans le contrat-programme, faute de moyens financiers.

Douiri estime que l’ONEE pourrait céder ses participations dans certaines entreprises, citant notamment la Centrale de Tahaddart, pour financer ne serait-ce qu’une partie du coût de l’externalisation de la caisse interne de retraite de l’Office.

Évoquant la démission des ministres de l’Istiqlal, en juillet 2013, du gouvernement Benkirane I, Douiri affirme qu’il s’agissait d’une «décision politique» qui a été approuvée par «la majorité des membres du Conseil national du parti».

«C’est la première fois dans l’histoire du Maroc qu’une décision de ce type a été prise. Un parti a quitté le gouvernement et a été remplacé par un autre. Cela montre la force des institutions au Maroc, surtout en période de crise politique», soutient l’ancien ministre.

Le retrait du PI du gouvernement Benkirane 1 a été motivé par des «désaccords politiques», a-t-il ajouté, rappelant le mémorandum soumis au Chef du gouvernement concernant les investissements publics.

«Malgré le niveau élevé de l’investissement public, la croissance ne suivait pas. Le Maroc a beaucoup investi dans les infrastructures. Il y en a assez, cela suffit. Nous devons investir dans les projets présentant un rendement élevé», recommande Fouad Douiri.

Par Wadie El Mouden, Khadija Sabbar et Adil Gadrouz
Le 27/03/2023 à 21h01