Le document secret qui dévoile le début d'une grande évasion hors des camps de Tindouf

Une précédente manifestation des "jeunes du changement" à Tindouf. 

Une précédente manifestation des jeunes du changement à Tindouf.  . DR

Dans un document confidentiel remis par le représentant du Polisario au ministre cubain de l'Enseignement, il est demandé aux autorités de la Havane de ne délivrer des diplômes aux lauréats sahraouis des facultés de médecine qu'après que ces derniers aient servi à Tindouf. Décryptage.

Le 31/08/2017 à 14h04

Le document secret qui révèle la crainte du Front Polisario quant à un exode massif des jeunes de Tindouf vers l'étranger. Celui qui vient d'être remis par le représentant du Front, le dénommé Malaïnine Elkana, au ministre cubain de l'Education, lui demandant de ne délivrer aux étudiants sahraouis des facultés de médecine de Cuba leurs diplômes de fin d'études qu'après que ces derniers aient servi dans les camps de Tindouf.

Dans ce document daté du 27 juin dernier, et dévoilé par un site séparatiste, le représentant du Polisario à la Havane insiste sur la nécessité pour les lauréats sahraouis des facultés de médecine d'accomplir ce qu'il appelé "une période de travail au profit de la société sahraouie" dans les camps de Lahmada-Tindouf.

Une injonction qui, au-delà de son relent liberticide, battant en brèche le slogan trompeur arboré à tout vent par le Polisario, -"droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même"-, démontre que plus personne parmi la jeunesse sahraouie ne veut servir dans les camps, encore moins y vivre.

"Au lieu d'écrire aux autorités cubaines, notre représentant à la Havane aurait dû plutôt demander à celles de Tindouf de créer les conditions propices au travail et de remédier aux pratiques bureaucratiques qui sont la cause principale de la fuite des compétences vers l'étranger", affirment en effet les lauréats sahraouis des facultés de médecine cubaines, en réponse à la lettre de leur représentant à la Havane.

Quand les jeunes "réfugiés" de Tindouf cherchent refuge en Espagne!

Autre indicateur sur le grand malaise qui tenaille la population séquestrée, notamment les jeunes qui sont nés à Tindouf, il provient cette fois de l'aéroport Madrid-Barajas, en Espagne. "54 jeunes sahraouis observent une grève de la faim dans les centres de rétention à l'aéroport Madrid-Barajas, en raison du refus des autorités espagnoles de leur octroyer l'asile politique", annonce une chaîne de télévision espagnole, citée par un site séparatiste. "Ces jeunes, précise-t-elle, sont arrivés à l'aéroport Madrid-Barajas le 22 août, à bord d'un vol de la compagnie Iberia".

"Ces 54 jeunes grévistes sont arrivés à Madrid en compagnie d'un groupe de 19 autres en provenance de l'aéroport algérois Houari Boumediene", indique encore la même source, ajoutant que d'autres jeunes sahraouis arrivés il y a une semaine dans la capitale espagnole, attendent d'être fixés sur leur sort après avoir présenté leurs demandes d'asile aux autorités de tutelle espagnoles.

Il faut souligner que c'est la première fois qu'un exode sahraoui de cette ampleur a lieu de Tindouf vers l'Espagne. Cet exode met en évidence l'exaspération grandissante de la population sahraouie en général, et de la jeunesse née dans les camps en particulier, quant à la détérioration des conditions de vie dans lesdits camps de "réfugiés" et l'absence d'alternative au conflit créé autour du Sahara, dû au cramponnement du tandem Alger-Polisario à l'option irréaliste et irréalisable du "référendum d'autodétermination", superbement ignorée dans la résolution 2153 adoptée fin avril dernier à l'unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité, pour ne pas parler encore du premier rapport présenté par le tout nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Face à ces camouflets infligés par l'organisation des Nations unies, et à travers elle le Conseil de sécurité, qui en est l'instance décisive, auxquels il faut ajouter l'humiliation essuyée fin avril dernier par le Polisario, quand il a été sommé de retirer ses éléments armés de la région de Guerguerat, on ne peut que comprendre le désespoir de la jeunesse sahraouie quant à l'issue à ménager à un conflit qui n'a que trop duré. Las, les jeunes séquestrés n'ont plus qu'une idée en tête: chercher la moindre occasion pour fuir hors des camps de Tindouf devenus un véritable cimetière pour leurs espérances. 

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Par M'Hamed Hamrouch
Le 31/08/2017 à 14h04