En Algérie, l’inflation est désormais cartographique

Rachid Achachi.

ChroniqueUn vétérinaire reconverti en youtubeur et un commentateur sportif ont conclu que, sur le plan méta-historique, l’Algérie fut un empire dont le Maroc n’était qu’une simple extension. Les historiens marocains tremblent déjà face à une telle force de frappe académique, qui a inventé un nouveau type d’inflation : l’inflation cartographique.

Le 06/04/2023 à 12h00

Depuis un peu plus d’un an, la junte militaire algérienne semble s’être éprise du merveilleux univers d’Internet et des réseaux sociaux. Du coup, son premier réflexe, pavlovien j’oserai dire, fut d’en faire un champ de bataille sans merci dans la guerre de désinformation et de propagande qu’elle mène contre nous.

Et comme elle ne fait jamais les choses à moitié, elle a décidé de sortir l’artillerie lourde, soit un vétérinaire reconverti en youtubeur, Mohammed Doumir, et un commentateur sportif, Hafid Derraji. Les historiens marocains tremblent déjà face à une telle force de frappe académique. Outre les prouesses intellectuelles de ces deux pontes de la recherche historique, ces derniers ont apporté une contribution majeure à la théorie économique, en inventant un nouveau type d’inflation: l’inflation cartographique. Selon certaines sources, le concept serait en cours de brevetage.

De quoi s’agit-il exactement? Au moment où toute la planète souffre d’une inflation monétaire et d’une flambée des prix tous azimuts, l’Algérie semble être victime d’un nouveau fléau encore inexpliqué. Les premiers symptômes prennent la forme d’une hypertrophie cartographique du territoire algérien. Si au premier stade de la maladie ce symptôme prend une forme bénigne, dans sa deuxième phase, il prend très rapidement des proportions inquiétantes. Même la banque centrale algérienne semble totalement désarmée face à ce nouveau type d’inflation.

Il a fallu donc une alliance inédite entre un vétérinaire et un commentateur sportif pour apporter un début d’élément de réponse. La conclusion de ces deux «chercheurs» est que si l’Algérie n’a certes jamais existé sur le plan historique avant que la France n’en décide autrement, et bien sur le plan méta-historique, elle a non seulement existé, mais elle fut en plus un empire dont le Maroc ne fut qu’une simple extension.

Vous me direz, mais qu’est-ce donc que la méta-histoire? Et bien il s’agit de tous les récits mythiques qui commencent par «kan ya makan fi qadimi az-zaman».

Mais loin de se limiter à ces simples conclusions, les deux pointures les corroborent cartes à l’appui. Une carte en particulier, publiée récemment par Dr Derraji sur les réseaux, intéresse très fortement les linguistes, puisqu’elle nous apprend qu’en 1805, les cartographes français ne maîtrisaient pas l’orthographe de leur propre langue. Ces derniers écrivaient effectivement «Esbanol» au lieu d’ «espagnol», «Maroco» au lieu de «Maroc» et «Sahra» au lieu de «Sahara». Des découvertes qui risquent de chambouler nos connaissances actuelles sur l’histoire de la langue française au XIXème siècle.

De plus, ces travaux permettent de mettre en exergue le fait que l’histoire officielle du Maroc et du Maghreb, telle qu’admise par tous les historiens du monde, est en fait le produit d’un complot judéo-maçonnique ourdi par le Makhzen marocain contre la splendeur historique de l’Algérie. Ainsi, toutes les grandes dynasties qui ont bâti le Maroc sur 1000 ans ne sont en réalité que des inventions apocryphes, qui visent non seulement à combler des trous historiques, mais surtout à masquer le fait que le Maroc est une création récente. En témoignent d’ailleurs toutes les villes et capitales impériales qui existent en nombre actuellement en Algérie.

Quant à nos prétendues capitales impériales, elles ne seraient selon ces chercheurs que de simples maquettes et images photoshopées, dont le but est d’induire en erreur la communauté scientifique internationale.

Par conséquent, toujours selon des sources anonymes, la nomination par le président algérien de Mohammed Doumir à la tête d’un nouveau ministère serait imminente. Il s’agira, toujours selon les révélations de hauts responsables qui désirent garder l’anonymat, du ministère du Récentisme et de la Planification révisionniste.

Bon, je ne sais plus si je dois en rire ou en pleurer. On nous a habitués à mieux en termes de propagande. Je suis à la limite déçu par le niveau de médiocrité dont font preuve de plus en plus nos voisins.

Car faire de la propagande, c’est de bonne guerre. Tous les pays la pratiquent, et il n’y a aucune raison que l’Algérie ne fasse pas de même. Mais le propre d’une propagande efficace, c’est d’être subtile et de ressembler, à s’y méprendre, à la vérité. Mais un mensonge répété, même mille fois, ne deviendra jamais une vérité, et ce, n’en déplaise aux squatteurs du palais d’El Mouradia.

Par Rachid Achachi
Le 06/04/2023 à 12h00