L’effondrement spectaculaire d’un immeuble vétuste à Hay El Hassani, dans l’arrondissement El Mariniyine à Fès, a mis en lumière les fissures béantes d’un urbanisme anarchique qui gangrène les grandes villes.
Érigé dans un quartier périphérique à la densité alarmante, ce bâtiment, classé «menaçant ruine» dès 2018, aurait pu transformer le chaos en catastrophe humaine sans l’intervention d’une providence fortuite, rapporte l’éditorialiste d’Al Akhbar dans son édition du week-end (10 et 11 mai).
Situé hors du tissu urbain historique, ce quartier récent incarne le paradoxe d’une expansion urbaine sauvage, où les règles de sécurité s’évaporent au profit d’une construction désordonnée.
La ministre de l’Habitat, Fatima Ezzahra El Mansouri, a révélé que les neuf victimes, ensevelies sous les décombres, avaient été sommées d’évacuer les lieux. Une question lancinante persiste: qui doit répondre de cette inertie mortifère? La loi 94.12, relative aux bâtiments en péril, désigne sans ambiguïté le président de la commune comme premier responsable. Celui-ci a non seulement le devoir d’ordonner des mesures de consolidation ou de démolition, mais aussi le pouvoir de solliciter la force publique via le gouverneur pour imposer ses décisions.
«L’article 8 de cette même loi renforce cette obligation: si le président communal refuse ou néglige d’agir, le gouverneur dispose de sept jours pour exiger l’exécution de sa mission, avant de saisir en urgence le tribunal administratif», souligne l’éditorialiste d’Al Akhbar.
Or, cette procédure, conçue pour prévenir les drames, semble étouffée par des logiques clientélistes. Les présidents de communes sont accusés de fermer les yeux sur l’anarchie urbanistique, séduits par les promesses électorales des lobbys immobiliers, qui façonnent le paysage politique local. Cette incurie alimente un cercle vicieux: cconstructions illicites, bidonvilles tentaculaires et risques permanents pour des populations vulnérables.