Installé au Maroc depuis plusieurs années et marié à une Marocaine, Dominique Strauss-Kahn est de ces hommes politiques français qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent. Ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), après une prise de distance par rapport à la politique, il a depuis choisi le Royaume comme son deuxième pays. Et c’est naturellement que le président de l’association marocaine «Mekkil’» s’est engagé en faveur des victimes du séisme qui a frappé le Maroc le vendredi 8 septembre dernier.
Pour DSK, la raison est bien simple. «Je me sens aussi Marocain que Français. J’ai passé mon enfance dans ce pays. J’y suis maintenant depuis 15 ans. Mon épouse est Marocaine. Beaucoup de mes amis sont Marocains. Mes enfants sont en France et donc mon cœur est partagé. Mais je me sens très Marocain. Je n’ai aucune difficulté à le dire», affirme-t-il dans un entretien à la chaîne d’information en continu BFM TV.
L’émotion est palpable et elle effectivement «très marocaine». «Quand je sens le Maroc souffrir comme il souffre aujourd’hui – je ne pense pas uniquement à ceux qui souffrent dans leur chair parce qu’ils sont dans les décombres, mais tous les Marocains autour de moi que je vois souffrir de voir leurs frères marocains dans cette détresse. Quand je vois ce Maroc-là, je vois cette idée que je me suis toujours faite de la solidarité nécessaire dans une société et que je ne sens pas toujours dans une société comme la nôtre en France. Cette solidarité-là, une solidarité de fait, le fait qu’on aide son voisin, le fait qu’on ne laisse pas un vieux dans la rue, le fait que quand quelqu’un a besoin de manger, on lui ouvre sa table... Cette solidarité-là, je la retrouve au Maroc. Et de ce point de vue-là, je me sens très Marocain», dit-il, visiblement éprouvé.
Sur «le regard que les Marocains portent sur la France» aujourd’hui, DSK consent qu’il y a une certaine animosité réciproque entre la France et le Maroc. «C’est très dommage, et pour ma part, je le regrette profondément», déplore-t-il. Pour lui, le pont qui a existé pendant très longtemps entre la France et le Maroc a enrichi les deux pays. Et il est nécessaire aujourd’hui: «Pour le Maroc parce que la France est dans une certaine mesure une mère nourricière, chose qu’elle a longtemps exercée. Pour la France parce que le Maroc exerce aujourd’hui une influence telle que sur l’ensemble de l’Afrique francophone, au sens économique j’entends», explique-t-il, soulignant que ne pas utiliser ces liens avec le Maroc pour développer cette Afrique francophone «revient à se couper un bras».
Strauss-Kahn se veut, par ailleurs, clair sur l’origine de la brouille profonde entre la France d’Emmanuel Macron et le Royaume: «Si vous voulez le fond de ma pensée, le problème n’est pas entre le Maroc et la France. Le problème vient de certaines difficultés qui ont pu exister et qui, pour moi, sont largement françaises. Ce problème passera avec le temps.»
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Pour l’ancien patron du FMI, plus qu’une question d’arrogance de la diplomatie française, l’attitude actuelle de Paris traduit une «méconnaissance». «J’ai connu des diplomates français qui connaissaient parfaitement le Maroc. Ces dernières années, et pour la première fois depuis l’indépendance du Maroc, il n’y a pas un spécialiste français du Royaume à l’Elysée. Et bien, ça se sent!», constate-t-il.
A la question s’il ne pourrait pas servir d’intermédiaire en vue d’une réconciliation, DSK est tout aussi clair: «Je ne cherche aucun rôle et je suis à la disposition de tout le monde. Aujourd’hui, je suis surtout à la disposition de ceux qui sont en train de mourir dans les montagnes. La réconciliation, ce sera pour un autre jour», conclut-il.