On en sait plus sur ce qu’il s’est passé concernant les deux membres de l'ambassade du Maroc en Colombie drogués puis dépouillés par deux femmes à Bogota. Et c’est par la voix de Farida Loudaya, ambassadrice du Royaume en Colombie que nous l’apprenons.
Les deux diplomates concernés, dont un secrétaire de l’ambassade, sont dans la trentaine et en étaient à leur toute première affectation à l’étranger. Les faits remontent au lundi 15 août, jour où ils ont fait la connaissance de deux jeunes filles sur une application de rencontres. Rendez-vous est pris séance tenante pour un dîner et la rencontre a bien lieu.
«C’était censé être un dîner des plus ordinaires. Mais dès leur sortie du restaurant, les deux diplomates ont eu une sensation de vertige, alors qu’ils n’avaient même pas pris d’alcool», nous confie Farida Loudaya après avoir entendu la version des faits des concernés, «de jeunes hommes extrêmement professionnels et aux bonnes mœurs, mais qui se sont fait avoir, par manque de vigilance».
Les deux filles, prétextant aider les deux jeunes diplomates, proposent de les raccompagner et appellent un taxi dans ce sens. A leur arrivée au domicile de l’un d’entre eux, les deux diplomates perdent totalement connaissance. A leur réveil, ils découvrent qu’ils ont été dépouillés, tant de l’argent qu’ils avaient sur eux que deux portables et d’une tablette.
Ils ont par la suite dû être hospitalisés, et c’est à partir de ce moment que l’affaire a éclaté au grand jour, à travers la chaîne de télévision locale Citytv. «Contrairement à ce qui a pu circuler, l’affaire n’a pas dépassé le stade d’un simple fait divers qui est loin, très loin, d’avoir fait la une des journaux, et seule cette chaîne en a parlé», précise l’ambassadrice. Disparues dans la nature, les deux femmes sont activement recherchées par la police colombienne.
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Un haut gradé de la police, cité par la presse locale, a précisé qu’il existe des «pistes clés» qui permettront de localiser les deux voleuses. La police scientifique colombienne a par ailleurs investi l’appartement où se sont déroulés les faits, à la recherche d’indices. Et selon les premiers éléments de l’enquête, les victimes ont été étourdies à l’aide d’une «espèce de somnifère». «Malheureusement, ce genre de pratique est courant en Colombie, notamment dans les grandes villes comme Bogota, Medellin ou Cartagena. Et les principales proies sont les étrangers. D’ailleurs, ce n’est pas du tout parce qu’ils sont diplomates, mais des étrangers, que les deux Marocains ont été pris pour cibles», précise Loudaya.
A leur sortie d’hôpital, les deux fonctionnaires ont été rappelés immédiatement au Maroc, ce qui en soi constitue la pire sanction qui puisse arriver dans la carrière d’un diplomate. Après leur mise à pied, ils ont été soumis à un conseil disciplinaire et une enquête a été ouverte à leur encontre par l’inspection générale du ministère des Affaires étrangères. Si aucune décision n’a pour l’heure été prise, ils risquent gros: le licenciement et la fin pure et simple de leur carrière diplomatique.
«Au ministère, c’est tolérance zéro pour ce genre d’incidents. L’exemplarité n’est pas négociable. Victimes ou non, les membres de nos ambassades à l’étranger se doivent d’être au-dessus de tout soupçon», résume l’ambassadrice.
Certaines rumeurs voudraient qu’il s’agisse d’une opération montée pour espionner les deux diplomates et les dépouiller de documents importants qui seraient en leur possession. Mais il n’en est rien, insiste Farida Loudaya. «Tout ce qui a été volé, ce sont des effets personnels, dont de l’argent liquide. Vous imaginez bien qu’un diplomate ne se balade pas avec des documents importants sous le coude ou dans un smartphone. Les diplomates marocains n’ont même pas accès à leurs e-mails sur le téléphone portable, les communications sont codées et ce qui relève de l’ambassade reste dans l’ambassade», ajoute une autre source, bien au fait des rouages du ministère des Affaires étrangères.