Sahara: le régime algérien revendique le statut de commentateur de la diplomatie marocaine

De gauche à droite: Ramtane Lamamra, chef de la diplomatie algérienne, Saïd Chengriha, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, et le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

De gauche à droite: Ramtane Lamamra, chef de la diplomatie algérienne, Saïd Chengriha, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, et le président algérien Abdelmadjid Tebboune. . Le360

Le régime algérien a réagi par des invectives à l’ouverture par des pays africains de consulats au Sahara. Dans un "entretien" culte, repris par la quasi-totalité des journaux algériens, Amar Belani dévoile la nouvelle vocation du régime algérien: commenter les acquis du Royaume du Maroc.

Le 25/07/2022 à 12h02

Dans un "entretien", publié hier dans la quasi-totalité de la presse algérienne, Amar Belani réagit à l’ouverture de consulats à Laâyoune et à Dakhla ainsi qu’au déplacement de Staffan De Mistura au Maroc. Cet "entretien" donne à lui seul un aperçu de l’impasse dans laquelle se trouve le régime algérien et du désastre de la presse qui a abdiqué toute dignité et publie dans sa quasi-totalité les questions et les réponses fournies par Amar Belani. Dans nul autre pays au monde, on ne trouvera un même “entretien“ revendiqué par plusieurs dizaines de journaux. Si la junte pense pouvoir mener une guerre médiatique contre le Maroc de cette façon, il serait charitable de lui dire qu’elle se ridiculise. Mais la compétence n’est décidément pas le fort du régime algérien et de ses porte-voix.

Faut-il rappeler que Amar Belani a été viré du ministère algérien des Affaires étrangères par Sabri Boukadoum, le prédécesseur de Ramtane Lamamra? Mis à la retraite pour incompétence, Belani a été "réactivé" par Lamamra avec comme mission d’alimenter par des ragots la presse algérienne.

Que nous dit cette fois-ci Amar Belani? Il s’érige en porte-parole de Staffan de Mistura, l’envoyé personnel d’Antonio Guterres au Sahara. Il explique la renonciation de ce dernier à se rendre à Laayoune par «les autorités marocaines qui ont voulu imposer à M. de Mistura des interlocuteurs fantoches choisis arbitrairement par la puissance occupante. Il s'agit en fait de colons déguisés en "élus" ou d'organisations vassales et satellites». Est-ce qu’un haut diplomate du rang de Di Mistura va se confier à un scribouillard comme Belani? Très peu probable.

Et Belani de poursuivre que «La décision de M. de Mistura d'ajourner ce déplacement, dans de telles conditions inacceptables et offensantes, l'honore à juste titre et elle mettra immanquablement la pression sur le Maroc qui est pris ainsi en flagrant délit de sabotage des efforts de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU». Et d’appeler «certains membres influents du Conseil de sécurité» à exercer une "pression" sur le Royaume.

Il est très bizarre ce régime algérien, qui a rejeté au mois d’octobre dernier une résolution de l’ONU sur le Sahara, en appelle aujourd’hui au Conseil de sécurité.

En effet, l’on se rappelle que lors de l’adoption à une écrasante majorité, le 29 octobre dernier, de la résolution 2602 du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara, le ministère algérien des Affaires étrangères avait affirmé, dans un communiqué publié le 31 octobre 2021, que «suite à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations Unies de la Résolution 2602 (2021), l'Algérie exprime son profond regret quant à l'approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil».

Il avait aussi précisé que «l'Algérie ne soutiendra pas cette résolution», qu’il a qualifiée de «partiale» pour la simple raison qu’elle préconise une solution politique basée sur le réalisme, et que l’Algérie y est citée en tant que partie prenante au conflit créé autour du Sahara.

Une semaine jour pour jour avant le vote de la résolution 2602, l’Algérie a distribué une note officielle aux membres du Conseil de sécurité, y affirmant qu’elle n'allait pas participer aux tables rondes et que sa décision était «irréversible».

Dans une déclaration à l’agence de presse algérienne, Amar Belani a affirmé la chose suivante: «nous confirmons notre rejet formel et irréversible de ce format dit des tables rondes et nous avons instruit notre représentant permanent à New York à l’effet de notifier cette position du gouvernement algérien au président du conseil de Sécurité, en lui demandant de faire circuler la note verbale en question à tous les membres du Conseil». La menace du régime algérien n’a pas fait bouger d’un iota le Conseil de sécurité qui a sommé l’Algérie de prendre part aux tables rondes. A l’instar des vieillards qui dirigent l’Algérie, Amar Belani est visiblement frappé de sénilité et d’incohérence.

Ce que sait pourtant le régime algérien, ravalé au rang de commentateur des acquis marocains, c’est que la dynamique sur le dossier du Sahara se fait, désormais, à Rabat. Staffan De Mistura mène un processus d’un côté et le Maroc poursuit ses efforts pour consolider ses acquis et renforcer l’adhésion à la marocanité du Sahara. L’action du Maroc n’est pas dépendante ou tributaire du mandat de De Mistura. Le Maroc a la main sur le dossier. La dynamique se crée à Rabat. Les événements les plus importants sur le Sahara atlantique sont annoncés au Maroc.

De Mistura a dit qu’il a choisi de ne pas se rendre, cette fois-ci, au Sahara. C’est son choix et sa décision. Il n’a jamais dit ce que martèle le régime algérien: empêché, bloqué, obstrué etc.

Le tapage du régime algérien autour de De Mistura participe d’une volonté de minimiser les acquis diplomatiques du Maroc sur le dossier et de laisser entendre que le problème demeure intact et que c’est l’ONU qui va le résoudre. Mais même cette volonté est torpillée par les incohérences d’un régime qui en appelle au Conseil de sécurité tout en rejetant ses résolutions.

Par ailleurs, le régime algérien semble dépassé par le rythme de l’ouverture des consulats à Laâyoune et à Dakhla. Amar Belani les qualifie dans son "entretien" de «consulats fantômes, car financés par les autorités marocaines sur le budget du ministère des Affaires étrangères dans le cadre d'un racolage indécent qui a choqué certains pays africains que le ministre en question a poursuivi de ses avances soutenues.» Et d’ajouter à l’adresse des pays qui ont ouvert ces consulats: «certains des États concernés par ces ouvertures de “postes consulaires“ n'arrivent même pas à s'acquitter de leurs cotisations obligatoires dans les organisations internationales ou régionales dont ils sont membres».

Le régime n’a plus que des invectives à opposer aux pays qui soutiennent la marocanité du Sahara. L’Algérie n’a jamais publié autant de communiqués et de déclarations qu'au cours de cette année. Au lieu d’agir, les responsables algériens commentent les percées du Maroc et recourent à l’invective. Ils ont insulté les Européens qui ont pris part à la conférence de Marrakech, ils insultent les Africains qui ouvrent des consulats au Sahara. Ils avaient insulté les Arabes quand ils ont pris position à l’ONU sur le Sahara. L’ONU et le Conseil de sécurité ne sont pas épargnés et sont qualifiés d’impartiaux.

Si on comptabilise les réactions algériennes par le nombre de communiqués et de déclarations, on s’apercevra que le régime algérien est devenu un commentateur de l’action diplomatique marocaine. De commentateur à amuseur public, il n’y a qu’un pas.

Par Tarik Qattab
Le 25/07/2022 à 12h02