L’agitation du régime algérien ces derniers jours ressemble fort aux derniers pas d'un coq égorgé. Les propos excessifs, les sorties extravagantes, les bravades et menaces à l’adresse de la communauté internationale n’ont pas modifié d’un iota la teneur du texte de résolution sur le Sahara occidental, rédigé par les Etats-Unis d’Amérique. La version préliminaire de la résolution est la même que le texte définitif qui a été voté, ce vendredi 29 octobre, au Conseil de sécurité par 13 voix pour et deux abstentions: celle de la Russie et de la Tunisie.
Treize pays sur quinze ont donc voté le texte de la résolution. Quatre membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis d’Amérique, Royaume-Uni, Chine et France) sur cinq ont voté pour la résolution. Et deux pays africains sur trois, le Niger et le Kenya, ont voté pour la résolution, l’Algérie n’ayant pas réussi à entraîner dans son bloc Niamey et Nairobi, en dépit d’un forcing acharné. En revanche, et c'est là une surprise, la Tunisie a choisi le camp de son voisin de l'ouest.
En somme, les résultats de ce vote sont en tous points conformes aux trois dernières résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara (2018, 2019, 2020), tout autant sanctionnées par 13 voix pour, et deux abstentions. L’épouvantail de la division de la communauté internationale, brandie par Alger, a fait pschitt.
Une semaine jour pour jour avant le vote de la résolution 2602, l’Algérie a distribué une note officielle aux membres du Conseil de sécurité, y affirmant qu’elle n'allait pas participer aux tables rondes et que sa décision était «irréversible».
Dans une déclaration à l’agence de presse algérienne APS, Amar Belani, responsable dans le ministère algérien des Affaires étrangères et porteur d'un titre pompeux, celui d’«envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb», a affirmé: «nous confirmons notre rejet formel et irréversible de ce format dit des tables rondes et nous avons instruit notre représentant permanent à New York à l’effet de notifier cette position du gouvernement algérien au président du conseil de Sécurité, en lui demandant de faire circuler la note verbale en question à tous les membres du Conseil».
Et dans la résolution 2602, le Conseil de sécurité exhorte l’Algérie à participer au processus politique, matérialisé par les tables rondes. Cela signifie donc, en premier lieu et en toute clarté, que les gesticulations et la voix du régime algérien sont insignifiantes pour la Communauté internationale. Cela signifie aussi que la junte s’est mise dans une très mauvaise posture, en proclamant de façon péremptoire son refus de s’asseoir avec le Maroc, le Polisario et la Mauritanie autour d’une table.
«En distribuant cette note au Conseil de sécurité, l’Algérie est sortie du bois et s’est affichée, enfin, comme un protagoniste dans ce dossier», commente un ancien diplomate.
La première action concrète du nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, consistera à appliquer les recommandations du Conseil de sécurité en relançant le processus politique. Or la relance du processus politique est consubstantielle aux tables rondes auxquelles doit participer l’Algérie.
Désormais, les feux des projecteurs seront braqués sur l’Algérie, qui sera la partie bloquante de toute solution au conflit du Sahara au cas où elle persisterait dans son obstination à ne pas participer aux tables rondes. Et si elle reconsidère sa position, ce sera là une énième humiliation pour ce régime, qui accumule les revers et les manquements à ses engagements. Dans l’un ou l’autre cas, le Royaume du Maroc se trouve dans une position confortable.
Aucune mention d’El GuergueratLa nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara proroge d’une année le mandat de la Minurso, jusqu’au 31 octobre 2022.
En ce concerne la teneur de la résolution adoptée par le Conseil de sécurité, elle est largement satisfaisante pour le Royaume du Maroc. Le Conseil de sécurité exprime «sa profonde préoccupation suite à la rupture du cessez-le-feu». Mais aucune date relative à cette rupture du cessez-le-feu n’est précisée. Quand on sait qu'Alger n’a eu de cesse de répéter que c'était le Maroc qui avait rompu le cessez-le-feu, le 13 novembre 2020, en délogeant les éléments du Polisario qui obstruaient le corridor d’El Guerguerat, la non-mention d’une date et d’un lieu sonne comme un cinglant revers pour la propagande de la junte.
Mieux encore, la résolution du Conseil de sécurité pointe du doigt le Polisario qui a décrété l’état de guerre au Sahara occidental. Se déclarant préoccupé par les violations des accords existants, le Conseil de sécurité rappelle à cet égard «au Polisario le respect des engagements pris envers l’ancien envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara».
Quant au fameux «statu quo ante» à la pacification d’El Guerguerat par les FAR, brandi par le régime algérien comme une condition sine qua non à la relance des négociations, non seulement le Conseil de sécurité ne lui accorde aucun intérêt, mais le nom même d’El Gueguerat n’est pas cité une seule fois dans la résolution.
Autre point qui ne va pas plaire au régime algérien, c’est la demande expressément formulée par le texte de la résolution au sujet du recensement des réfugiés dans les camps de Tindouf. A ce sujet, l’Algérie et le Polisario se sont toujours opposés au recensement des populations, supposément réfugiées à Tindouf, annonçant des chiffres fantaisistes et hypertrophiés.
A l’instar des précédentes résolutions du Conseil de sécurité, aucune mention n’est faite à un référendum d’autodétermination. Cette option est donc définitivement enterrée par la communauté internationale. C’est l’esprit de réalisme, de compromis et de pragmatisme qui prévaut désormais comme unique voie à une solution au conflit du Sahara.