Maroc-Colombie: Farida Loudaya, l'efficacité de la diplomatie marocaine en action à Bogota

Farida Loudaya, ambassadrice du Maroc en Colombie

Farida Loudaya, ambassadrice du Maroc en Colombie . DR

Farida Loudaya, ambassadrice du Royaume du Maroc en Colombie depuis début 2017, a su contribuer, à sa manière, à la reconnaissance par Bogota de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, matérialisée hier, 28 octobre 2021, au siège du ministère marocain des Affaires étrangères. Mais qui est cette diplomate? Quelques réponses...

Le 29/10/2021 à 12h29

Jeudi 28 octobre. Il est près de 21 heures à Casablanca, 15 heures à Bogota. Au téléphone et à sa voix, Farida Loudaya laisse deviner qu'elle arbore un large sourire. Aux échos lointains qui se font entendre dans la pièce où elle se trouve, dans la capitale colombienne, il est aisé de comprendre que c'est la fête, à l’ambassade du Royaume à Bogota. La décision a en effet été officiellement annoncée quelques heures auparavant: la Colombie étend ses services consulaires à l'ensemble des territoires du Royaume, y compris ses régions méridionales, et donc reconnaît de facto la souveraineté du Royaume sur son Sahara.

«Tout est dans le communiqué conjoint, je n’ai pas de commentaire à faire», s’excuse gentiment la diplomate, visiblement pas du tout encline à s'accaparer pour elle seule une victoire qui est avant tout le résultat du travail de toute une équipe, et même de plusieurs équipes.

De Paris à BogotaEn poste à Bogota depuis février 2017 (elle avait été nommée en octobre 2016 et est aussi ambassadrice du Royaume en Equateur), Farida Loudaya est tout sauf une erreur de casting comme il peut arriver à la diplomatie marocaine d’en commettre parfois. Cette quinquagénaire, née en France et diplômée de l’Ecole nationale d’administration (ENA), a aussi obtenu un certificat d’études supérieures en sciences politiques de l'université Mohammed V de Rabat.

Après avoir intégré le ministère des Affaires étrangères en 1995, elle a d'abord travaillé à la division des relations Maroc-UE avant d’être affectée à des postes de responsabilité aux ambassades marocaines à La Haye, puis à Paris. De retour au Maroc en 1999, elle a fait partie de la direction de la coopération bilatérale aux affaires américaines au ministère des Affaires étrangères, avant d’être propulsée à la tête de cette même direction, entre 2011 et 2016.

Lors de toutes ses missions, elle a côtoyé les membres de la «vieille garde» de la diplomatie marocaine, mais aussi ceux qui font partie de cette génération de responsables aujourd’hui aux premières lignes pour défendre les intérêts du Royaume et sa première cause, dont l'actuel chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, et Fouad Yazourh, le directeur général du ministère. Sans parler de nombre de ses collègues, qui mènent leur mission aux quatre coins de la planète.

Un atterrissage en terrain amiA Bogota, Farida Loudaya n’est pas arrivée en terrain hostile. La Colombie et le Maroc ont fêté le 40e anniversaire de l’établissements de leurs relations diplomatiques en 2019. Juste avant cette commémoration, en décembre 2018, le Congrès colombien avait adopté une résolution soutenant l’intégrité territoriale du Royaume.

«La Colombie, pays important en Amérique Latine, est connu pour la stabilité de ses gouvernements et la sagesse de sa diplomatie. Contrairement à d’autres régimes de la région, ce pays n’est pas versé dans le populisme», nous explique un responsable au ministère des Affaires étrangères marocain. Cette maturité de la politique colombienne a poussé Bogota à geler sa reconnaissance de la rasd vers la fin des années 1990.

Quatrième économie d’Amérique Latine, la Colombie, comme beaucoup d’autres pays qui ont abandonné les soubassements idéologiques hérités de la guerre froide, a compris que le séparatisme n’avait pas de futur. Et que l’avenir se construisait avec des alliés fiables, comme le Maroc.

On ne compte plus les échanges de visites entre les deux pays, à tous les niveaux. Le déplacement à Rabat de la vice-présidente et ministre des Relations extérieures, Marta Lucía Ramírez, est la consécration d’un long cheminement qui ouvre d’autres perspectives. «La décision de la Colombie peut être l’ébauche d’une nouvelle ouverture pour le Maroc en Amérique Latine», affirme à cet égard un fonctionnaire du ministère. 

L’ambassadrice du soft power marocain«Notre ambassade à Bogota a pleinement joué son rôle, mais il s’agit d’un travail de fond. Nous sommes un seul organisme, une seule équipe», affirme cet interlocuteur au ministère marocain des Affaires étrangères, interrogé sur le rôle joué par l’ambassade du Maroc en Colombie dans cette nouvelle victoire.

En effet, les victoires, petites ou grandes, additionnées les unes aux autres, Farida Loudaya y travaille sans relâche, au jour le jour.

A Bogota en effet, grâce à l'efficacité de cette diplomate, l’ambassade du Maroc est toujours ouverte aux élus, aux représentants d'autres pays, mais aussi à une société civile très active et à des acteurs culturels avides d’en apprendre plus sur notre pays. Et pour la diplomate, entourée de son équipe, toutes les occasions sont bonnes pour vendre le «label Maroc» et ses atouts aux visiteurs et aux nombreux amis de l'ambassade: ouverture, tolérance, gastronomie, tourisme, culture... 

Avec la déclaration conjointe entre le Maroc et la Colombie signée hier, jeudi 28 octobre 2021 à Rabat, un autre pas dans le renforcement de relations, déjà sur de bons rails, a été accompli. Entre Rabat et Bogota, le meilleur est très certainement à venir. 

Par Mohammed Boudarham
Le 29/10/2021 à 12h29