Le sommet très attendu «L’Afrique pour l’océan», organisé à Nice lors de la Conférence de l’ONU sur les océans, s’est ouvert sous la coprésidence d’Emmanuel Macron et de la princesse Lalla Hasnaa, avec la participation de nombreux chefs d’État et de gouvernement. Dès l’ouverture, la princesse a donné lecture d’un important message du roi Mohammed VI.
Youssef Filali Guerraoui, fondateur et président du Centre marocain pour la gouvernance et le management (CMGM), y voit la reconnaissance par les nations du monde des actions et engagements du Royaume pour les océans en péril: «La participation de la princesse Lalla Hasnaa revêt une grande importance: sa présence, marquée par un message royal, confirme que le Maroc est pleinement engagé dans la protection des mers et le développement durable de l’espace marin».
Il rappelle que «la politique du Maroc est fortement engagée dans le développement maritime durable, notamment à travers l’atteinte de l’Objectif 14 des ODD, consacré à la conservation des océans et des mers».
Un focus africain affirmé
Une attention particulière a été accordée au continent: une rencontre africaine sur les océans a mis en lumière le rôle de leader du Maroc à l’échelle continentale. Le Royaume facilite l’accès à la mer pour les pays africains enclavés, non seulement pour le commerce, mais aussi pour leur implication dans la protection de l’environnement marin.
Youssef Filali Guerraoui ne manque pas de souligner que le Maroc, ouvert sur l’Atlantique, «souhaite partager son expérience en matière de dessalement et de tourisme côtier, et développer ces savoir-faire avec les pays africains atlantiques, notamment via le futur port de Dakhla Atlantique». Il ajoute que Rabat veut «impliquer ces pays dans la sensibilisation à la préservation de l’environnement marin, en lien avec les objectifs de développement durable, et leur offrir une dynamique nouvelle».
De la souveraineté alimentaire à la pêche durable
L’expert rappelle que le Roi a également évoqué, dans son message à Nice, la souveraineté alimentaire liée aux mers, estimant que celles-ci peuvent la garantir. Il a, par ailleurs, insisté sur la nécessité de gérer les ressources halieutiques dans «un environnement marin sain».
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Le tourisme maritime, notamment les croisières, a lui aussi un impact environnemental et doit donc être soumis à des normes strictes. Quant au dessalement, il est, rappelle l’expert «étroitement lié à la qualité de l’eau, puisqu’il est destiné à l’irrigation, à l’agriculture, à un usage domestique et parfois à la consommation humaine». D’où, selon lui, la nécessité de normes de sécurité environnementale élevées.
Les acquis et les ambitions marocaines
Évoquant le récent Forum de la mer tenu à El Jadida, Youssef Filali Guerraoui rappelle plusieurs acquis:
- une stratégie nationale pour la mer;
- une loi sur le littoral;
- divers textes législatifs relatifs au domaine maritime;
- une amélioration notable de la qualité de l’eau, désormais comparable à celle de la Méditerranée.
Le Maroc réaffirme son ambition de classer 10% de son espace maritime en zones totalement protégées et inscrit cette démarche dans sa stratégie globale de protection des océans.
«L’océan, c’est notre avenir», dit le Roi
Dans son message, lu par la princesse Lalla Hasnaa, le roi Mohammed VI a souligné que «l’environnement est un pilier majeur de la gouvernance océanique, mais il n’en est pas l’unique facette». Et d’exhorter: «L’océan, c’est notre souveraineté alimentaire, notre résilience climatique, notre sécurité énergétique et notre cohésion territoriale. Il renvoie à ce que nous sommes, à ce que nous consommons, à ce que nous exploitons et, par conséquent, à ce que nous léguerons.»
Ainsi, la conférence de Nice consacre la place du Maroc comme acteur clé de la gouvernance océanique et met en avant une vision royale ambitieuse au service du développement durable des mers et des littoraux, tant au niveau national que continental.