C’est fait: aux États-Unis, la loi désignant le Polisario comme organisation terroriste engagée

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio aux côtés du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, lors de leur rencontre au département d’État à Washington, DC, le 8 avril 2025. (AFP).

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio aux côtés du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, lors de leur rencontre au département d’État à Washington, DC, le 8 avril 2025. (AFP).

Mettant en application une promesse maintes fois réitérée, le député républicain Joe Wilson a introduit, avec le démocrate Jimmy Panetta, une proposition de loi pour désigner le Polisario comme organisation terroriste étrangère aux États-Unis. En cause, son rôle actif de proxy, notamment de l’Iran et du Hezbollah, avec la bénédiction d’un régime d’Alger mis à nu comme le grand proxénète du terrorisme international.

Le 27/06/2025 à 08h38

Promesse tenue. Le conservateur député républicain Joe Wilson, fidèle soutien de Donald Trump, vient de dégainer une proposition de loi bipartisane, co-signée par le démocrate Jimmy Panetta, visant ni plus ni moins à inscrire le Polisario sur la liste noire des organisations terroristes étrangères. Un geste fort, sans détour ni langue de bois. L’annonce en a été faite par Joe Wilson himself sur X. C’était hier jeudi 26 juin 2025, une date à retenir.

Le député républicain Joe Wilson et le Congressman démocrate Jimmy Panetta,

«Le Polisario est une milice marxiste soutenue par l’Iran, le Hezbollah et la Russie. Elle fournit à l’Iran un avant-poste stratégique en Afrique et déstabilise le Royaume du Maroc, allié des États-Unis depuis 248 ans», tonne Wilson. Avant d’ajouter: «Je suis heureux d’avoir présenté une législation bipartite avec le représentant Jimmy Panetta pour désigner le Polisario comme organisation terroriste étrangère!».

Ce coup de massue législatif ne sort pas de nulle part. Joe Wilson avait déjà planté le décor lors d’une rencontre à Washington avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, le 9 avril dernier. «Je suis heureux d’avoir rencontré le ministre marocain des Affaires étrangères pour discuter de notre partenariat de longue date et de notre engagement en faveur de la paix dans la région, notamment de la stabilité du Sahara face aux terroristes du Polisario», avait-il alors déclaré, en désignant sans détour les séparatistes sahraouis comme une menace directe à la stabilité régionale.

Depuis, il n’a cessé de rappeler que la proposition de loi était une question de temps. Pas plus loin que le 22 mai dernier, cet ennemi juré aux États-Unis du front Polisario soutenu par l’Algérie, et défenseur de l’intégrité territoriale du Maroc, avait remis le couvert en confirmant son intention de soumettre une proposition de loi visant à criminaliser le front séparatiste, et en affichant sa confiance quant à son aboutissement. «La législation arrive bientôt», avait confirmé la figure politique américaine sur son compte officiel X. «Trump va s’en occuper», a-t-il encore martelé.

Entre les mots et les actes, il ne s’est pas passé beaucoup de temps. Le 11 avril dernier, Joe Wilson annonçait avoir entamé l’introduction d’une loi dans ce sens. Le 19 avril, sur le même réseau social, le même Joe Wilson insistait pour que le Polisario soit classé comme «groupe terroriste étranger» par l’administration américaine. «Trump va s’en occuper», avait-il promis une première fois.

Cette offensive parlementaire survient dans la foulée d’une autre prise de position majeure: la réaffirmation claire et nette par Washington de son soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara, avec l’initiative d’autonomie comme seule base possible pour résoudre le différend régional. Un message sans ambiguïté, dans lequel la patience diplomatique semble céder la place à une stratégie de confrontation. Pour rappel, ayant reçu mardi 8 avril 2025 à Washington le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a réaffirmé que les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et soutiennent la proposition d’autonomie «comme seule base pour une solution juste et durable au différend». Une position consolidée dans un communiqué officiel de la diplomatie américaine. «Les États-Unis contribueraient à tout progrès en vue d’atteindre cet objectif», a d’ailleurs souligné Washington.

Pendant ce temps, la nature fondamentalement terroriste du Polisario n’a cessé d’éclater au grand jour. Un Polisario soutenu, armé, financé et hébergé par un régime d’Alger qui ne sait plus où se cacher, notamment à l’aune de ses liaisons dangereuses avec le régime iranien, notamment à travers la milice de Ben Battouche. De nombreux think tanks, et non des moindres, aux États-Unis se sont approprié le dossier, arrivant à la même conclusion. Le Polisario est une organisation terroriste et doit être considéré comme tel. On citera notamment une récente analyse d’une des éminences grises du prestigieux think tank Heritage Foundation, Robert Greenway, directeur du Centre Allison pour la sécurité nationale, et Amine Ghoulidi, chercheur invité à l’Institut Shelby Cullom Davis pour la sécurité nationale et la politique étrangère de la même fondation.

On y lit, sous le titre explicite «Pourquoi les États-Unis doivent affronter le front Polisario, un proxy terroriste», comment un cocktail explosif mijote alors que drones iraniens, réseaux russes, trafics sahéliens et menaces terroristes convergent sous la bannière du Polisario, soutenu par Alger. Le front séparatiste se mue en proxy hostile, aux portes de l’Europe. Le front a non seulement intensifié ses actions armées contre le Maroc, déclarant la région du Sahara “occidental” zone de guerre. «Aujourd’hui, les combattants du Polisario utilisent des drones de type iranien, partagent les couloirs désertiques avec les convois logistiques de proxys russes et imposent des taxes sur les routes de contrebande qui alimentent les jihadistes du Sahel. Tout cela se déroule à portée de missile du détroit de Gibraltar, l’un des points de passage maritime les plus stratégiques du monde», résume-t-on.

Tout aussi récent, un policy paper du think tank Hudson Institute ne disait rien d’autre mettant en lumière un fait désormais établi. Un fait étayé par de récentes révélations du Washington Post faisant état de centaines de prisonniers du Polisario, envoyés par l’Iran pour combattre aux côtés du régime syrien. Dans son édition du samedi 12 avril, le quotidien à grand tirage a publié un long reportage sur les milices terroristes ayant combattu aux côtés du régime syrien déchu. Parmi ces mercenaires, on trouve plusieurs centaines de combattants du Polisario.

«Au fil des ans, l’Iran a soutenu un large éventail de groupes mandataires pour promouvoir ses intérêts. L’Iran, par exemple, a formé des combattants du Front Polisario, un groupe rebelle basé en Algérie qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc. Des centaines de ces combattants sont actuellement détenus par les nouvelles forces de sécurité syriennes», écrit WaPo, citant ces mêmes forces et des diplomates occidentaux dans la région. Ces révélations viennent confirmer de manière flagrante ce que le Maroc a toujours affirmé concernant les liens entre l’Iran, le Hezbollah et le Polisario par l’entremise d’Alger.

Autant dire que peu à peu, la face cachée du régime voisin et son protégé se dévoile, obligeant la nouvelle administration américaine à réagir. Avec la proposition de loi de Joe Wilson et de Jimmy Panetta, la bombe est larguée.

Par Tarik Qattab
Le 27/06/2025 à 08h38