Soutien britannique au plan d’autonomie: une avancée majeure pour la diplomatie marocaine, affirme Tajeddine El Hosseini

Le politologue Tajeddine El Houssaini

Le 07/06/2025 à 08h11

VidéoSelon le politologue Tajeddine El Hosseini, le Royaume-Uni a désormais rejoint d’autres grandes nations démocratiques en soutenant le plan d’autonomie du Maroc comme solution crédible et pragmatique pour le conflit du Sahara marocain.

La position du Royaume-Uni, qui a récemment renforcé la position marocaine sur la question du Sahara, a été officialisée dimanche dernier suite à la rencontre à Rabat entre Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, et David Lammy, secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement.

Dans un entretien avec Le360, le politologue Tajeddine El Hosseini a souligné l’importance de cette évolution. Il a qualifié cette position britannique de «grand succès dans le monde diplomatique». Soulignant le poids du Royaume-Uni sur la scène internationale, il a rappelé qu’«il n’est pas un petit ou moyen pays, on le qualifiait d’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais».

El Hosseini a également mis en lumière l’influence continue du Royaume-Uni: «Il continue de diriger le Commonwealth, qui regroupe plus de cinquante pays, formant un cadre de solidarité entre la Grande-Bretagne et ses anciennes colonies.»

Il a précisé que la force britannique ne réside pas seulement dans son statut de membre permanent du Conseil de sécurité avec droit de veto, mais aussi dans son appartenance au «groupe des amis du Secrétaire général pour la question du Sahara, aux côtés des États-Unis, de la Russie, de l’Espagne et bien sûr de la France».

Selon lui, ce groupe, mené par les États-Unis en tant que «pays porteur du stylo», joue un rôle crucial dans l’élaboration des résolutions du Conseil de sécurité. «Le Royaume-Uni est donc une puissance à ne pas sous-estimer. En plus, ce pays joue un rôle fondamental dans la diplomatie occidentale depuis des siècles», a commenté l’expert en géopolitique. Il a également rappelé la profondeur des relations bilatérales, indiquant que «ses relations avec le Maroc, également anciennes, remontent à environ 800 ans, avec des relations officielles établies depuis plus de 300 ans. C’est un lien historique fort».

Interrogé sur les possibles répercussions de cette nouvelle position britannique au sein des pays du Commonwealth, notamment en Afrique, le chercheur universitaire a répondu positivement. «Assurément, le Royaume-Uni exerce lui une influence sur les pays du Commonwealth qui lui sont proches et le Maroc de son côté jouit d’une bonne réputation chez les Britanniques», a-t-il affirmé.

Abordant le futur partenariat économique bilatéral, Tajeddine El Hosseini a estimé que «le Royaume-Uni considère aujourd’hui que ses intérêts sont peut-être plus importants avec le Maroc qu’avec d’autres pays, surtout en ce qui concerne les énergies renouvelables».

Il a rappelé que lors de la visite du ministre britannique des Affaires étrangères au Maroc, ce dernier a présenté «un projet d’investissement de 5 à 6 milliards de livres sterling (environ 6 milliards d’euros), visant principalement la région du Sahara». Ce projet d’envergure permettrait au Royaume-Uni d’importer de l’énergie propre, notamment solaire, depuis le territoire marocain, avec un «projet de câbles électriques sous-marins reliant le Maroc au Royaume-Uni, sur plus de 8.000 kilomètres, est envisagé».

El Hosseini a noté que «les grandes entreprises britanniques investissent massivement, non seulement dans l’industrie et le commerce, mais surtout dans le secteur financier», en rappelant que Londres est l’un des «plus grands centres financiers mondiaux après New York». Il a ajouté que grâce à «ses relations avec le Maroc, le Royaume-Uni pourrait accéder plus facilement au continent africain».

Concernant la réaction algérienne, qualifiée de «simples regrets», le politologue estime qu’Alger cherche à «brouiller les pistes pour camoufler son nouvel échec à son opinion publique». Il a précisé: «Le régime algérien essaie de faire croire à son opinion publique que le Royaume-Uni ne reconnaît pas la souveraineté marocaine sur le Sahara, contrairement à la France.»

Cependant, El Hosseini a martelé que «lorsque le Royaume-Uni soutient l’option d’autonomie, cela équivaut à une reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine, car l’autonomie est une forme avancée d’autodétermination».

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 07/06/2025 à 08h11