Manifestations en France: des ONG dénoncent la violence policière

Des policiers des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) en tenue anti-émeute chargent un manifestant lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Toulouse, en France, le 23 mars 2023.. AFP or licensors

Après deux mois de mobilisation en France contre la réforme des retraites du président Macron, les manifestations émaillées de violences ces derniers jours se sont accompagnées de brutalités policières, selon plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme.

Le 25/03/2023 à 08h28

Une accusation reprise vendredi par la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovi. «Les actes de violence sporadiques de certains manifestants ou d’autres actes répréhensibles commis par d’autres personnes au cours d’une manifestation ne sauraient justifier l’usage excessif de la force par les agents de l’Etat. Ces actes ne suffisent pas non plus à priver les manifestants pacifiques de la jouissance du droit à la liberté de réunion », a-t-elle affirmé.

Les ONG se sont montrées beaucoup plus virulentes. «Le glissement autoritaire de l’Etat français, la brutalisation des rapports sociaux par le truchement de sa police, les violences de tout ordre et l’impunité sont un scandale majeur», a tonné vendredi le président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Patrick Baudouin.

Les autorités françaises mettent «à mal le droit de contestation des citoyens en faisant un usage disproportionné et dangereux de la force publique», accuse la LDH. De son côté, l’ONG Human Rights Watch critique «le contrôle abusif des foules et des tactiques anti-émeutes».

Onze enquêtes sur des policiers ont été ouvertes, a reconnu le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin. «Il se peut que, individuellement, les policiers et les gendarmes, souvent sous le coup de la fatigue, commettent des actes qui ne sont pas conformes à ce qu’on leur a appris», a-t-il encore avancé, tout en soulignant le travail «formidable» des forces de sécurité pour «éviter un mort».

Plus de 450 personnes on été arrêtées jeudi dans la journée de manifestations la plus violente depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, repoussant l’âge de départ de 62 à 64 ans.

Depuis le passage en force du gouvernement la semaine dernière sur la réforme des retraite, finalement adoptée lundi sans vote de l’Assemblée nationale, des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des policiers français poussant et frappant des manifestants.

Testicule amputé

«Les autorités françaises n’ont apparemment pas tiré de leçons et n’ont pas revu leurs politiques et pratiques de contrôle des foules» depuis les manifestations des Gilets jaunes en 2018-2019, auquel le mouvement actuel est souvent comparé, a déclaré à l’AFP Bénédicte Jeannerod, directrice de Human Rights Watch France.

Au moins trois enquêtes pour violences par personne dépositaire de l’autorité publique ont récemment été ouvertes par le parquet de Paris, selon une source proche du dossier.

L’une d’elles l’a été le 14 mars après un dépôt de plainte par la mère de Fanny, une lycéenne de 15 ans, qui a reçu un projectile, qu’elle pense être un éclat de grenade de désencerclement, sur le front, lors d’une manifestation le 11 mars. Selon sa plainte, dont a eu connaissance l’AFP, deux policiers lui ont aussi donné des coups de matraque alors qu’elle était assise par terre.

Une autre vise un coup de poing qu’a asséné un policier au visage d’un manifestant lundi soir à Paris, capté par une vidéo largement relayée sur internet. Selon des rapports des groupes de défense des droits humains, la police aurait aussi blessé un homme si gravement qu’il a dû se faire amputer un testicule.

Pour le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, la police ne fait toutefois que réagir à la «radicalisation» de «casseurs» issus de «l’extrême gauche», des «factieux» qui infiltrent les manifestations pour causer des émeutes.

Par Le360 (avec AFP)
Le 25/03/2023 à 08h28