Près de trois ans après le lancement d’une offensive à grande échelle par la Russie, le retour prévu de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, dans un contexte d’escalade marquée par le tir par Moscou d’un nouveau puissant missile vers l’Ukraine, a relancé les interrogations sur la possibilité d’un cessez-le feu.
Dans une interview donnée à la chaîne britannique Sky News, Volodymyr Zelensky a laissé entendre qu’il était disposé à attendre avant de récupérer les zones occupées par l’armée russe -près d’un cinquième du pays-, si un tel accord pouvait offrir la sécurité au reste de l’Ukraine et mettre fin aux combats.
«Si nous voulons mettre fin à la phase chaude de la guerre, nous devons placer sous l’égide de l’Otan le territoire de l’Ukraine que nous contrôlons», a déclaré le président à Sky News, selon une traduction en voix off de ses propos en anglais. «C’est ce que nous devons faire rapidement, et ensuite l’Ukraine pourra récupérer l’autre partie de son territoire par des voies diplomatiques», a-t-il ajouté.
Kiev a jusqu’à présent toujours exclu de céder des territoires en échange de la paix, tandis que Moscou exige que l’armée ukrainienne se retire de davantage de territoires et se refuse à toute adhésion de son adversaire à l’Otan.
La Russie contrôle environ 18% du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine, y compris la péninsule de Crimée qu’elle a annexée en 2014. La Russie a aussi annexé les régions de Donetsk, Kherson, Lougansk et Zaporijjia, même si elle ne les contrôle pas entièrement. Les forces russes ont engrangé ces dernières semaines, à une vitesse inédite depuis début 2022, des gains territoriaux face à une armée ukrainienne affaiblie.
Et le conflit s’est récemment intensifié avec des frappes massives sur les territoires contrôlés par Kiev, le président russe Vladimir Poutine menaçant de frapper des centres de décision de la capitale ukrainienne avec son nouveau missile «Orechnik», en réponse au tir de missiles fournis par les Etats-Unis et le Royaume-Uni sur le territoire russe.
Des garanties «que Poutine ne reviendra pas»
Volodymyr Zelensky a insisté sur le fait que toute offre d’adhésion à l’Otan devait être faite à l’ensemble de l’Ukraine, mais ses propos suggèrent qu’il pourrait accepter que la protection de l’alliance, telles que la clause de défense collective de l’article 5, ne s’applique qu’au territoire contrôlé par Kiev.
«Si nous parlons de cessez-le-feu, (nous avons besoin de) garanties que Poutine ne reviendra pas», a dit M. Zelensky en anglais. Vladimir Poutine a déjà demandé à Kiev de renoncer à ses ambitions de rejoindre l’Otan si elle souhaitait un accord de paix.
Dans le contexte d’une escalade du conflit depuis deux semaines, le président ukrainien a eu une série d’appels téléphoniques avec des dirigeants occidentaux, dont le Britannique Keir Starmer, le Français Emmanuel Macron et l’Allemand Olaf Scholz.
Soutien durable
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est également entretenu avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga vendredi pour l’informer des «objectifs américains en matière de soutien durable à l’Ukraine», a déclaré le porte-parole du département d’État Matthew Miller.
L’administration de Joe Biden a renforcé son soutien à Kiev depuis que Donald Trump a remporté l’élection présidentielle, en transférant davantage d’armes et en autorisant l’Ukraine à tirer des missiles à longue portée sur le territoire russe.