Furieuses invectives de la télévision publique algérienne contre les Émirats arabes unis

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et Mohammed ben Zayed Al Nahyane, Président des Émirats arabes unis, lors du sommet du G7 à Bari, en Italie, en juin 2024.

La télévision publique algérienne a diffusé, vendredi 2 mai, un communiqué qui couvre d’insultes les Émirats arabes unis et ses dirigeants. En cause, la déclaration d’un historien algérien, questionné par une journaliste, algérienne elle aussi, sur une télévision financée par les Émirats, même si cela fait plusieurs mois que le régime d’Alger cherche noise au puissant pays du Golfe. La vulgarité des insultes proférées par la télévision algérienne est un indicateur supplémentaire qui attire l’attention sur la santé mentale du président Tebboune.

Le 03/05/2025 à 10h51

«Micro-État», «Mini-État», «État artificiel», «Nains»… tels sont quelques-unes des invectives à l’adresse des Émirats arabes unis et de ses dirigeants, répétées ad nauseam pendant 5 minutes dans un communiqué accompagné d’images, diffusé le vendredi 2 mai dans le journal de 20 heures sur la télévision publique algérienne.

Tout est parti d’une interview accordée à Sky News Arabia par l’historien et professeur universitaire algérien Mohamed Lamine Belghit, qui a livré un point de vue personnel sur une prétendue origine arabe des Amazighs. Ces derniers ne seraient, selon lui, qu’une création idéologique du colonisateur en vue de séparer le «Maghreb francophone» du reste du monde arabe.

Que ce penseur algérien, malgré les multiples recadrages de la journaliste, s’entête à nier toute existence de l’amazighité, cela est évidemment un déni de la réalité et une conséquence d’un récit national factice promu par le «Système». Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un point de vue auquel de nombreux historiens, sociologues et ethnologues maghrébins pourront répondre et qu’ils pourront démentir par des arguments documentés.

Quel est donc le crime des Émiratis, violemment pris à partie par le régime algérien, à la suite de la diffusion, le jeudi 1er mai, de cette interview entre «Algériens», à part le fait que Sky News Arabia soit financée par Abu Dhabi? Un critère sur lequel le régime algérien a immédiatement sauté pour s’attaquer frontalement à l’État des Émirats, ses dirigeants et ses institutions.

C’est en effet la plus haute autorité de l’État algérien, à savoir la présidence de la République, via sa direction de la communication, sous la férule de Kamal Sidi Saïd, puissant conseiller de Abdelmadjid Tebboune, qui est l’instigatrice de ce communiqué accompagné d’images et lu à la télévision publique algérienne (ENTV) dans son journal de 20 heures.

Profitant des vives réprobations publiées sur les réseaux sociaux, en réaction aux propos de l’historien algérien, la présidence algérienne y a vu pain bénit pour montrer que le régime est sur la même longueur d’onde que son opinion publique qui, plus que jamais, continue de lui tourner le dos.

Cette précipitation en désespoir de cause a valu à ce régime de commettre un grave impair diplomatique en s’attaquant avec des termes vulgaires, indignes d’un État qui se respecte, à un pays souverain, au demeurant influent dans le monde arabe.

À deux reprises, les dirigeants émiratis sont traités de «nains», alors que leur pays est qualifié à neuf reprises (!) de «Douweyla moustana’a» (micro-État artificiellement créé). Ce communiqué, égrené à l’ENTV par une journaliste qu’on croit vociférer dans une rixe de hammam ou dans une assemblée d’ivrognes, qualifie aussi la diffusion de l’interview de Mohamed Lamine Belghit de «dangereuse escalade médiatique de la part de l’État artificiel des Émirats, qui a franchi toutes les lignes rouges concernant l’unité et l’identité du peuple algérien».

Ainsi, le communiqué se plaint d’«une attaque dangereuse contre les principes ancestraux du peuple algérien et une tentative de mettre en doute ses origines et son histoire profonde. (…) L’attaque de l’État artificiel des Émirats arabes unis contre l’Algérie, qui a une histoire de résistance, n’est rien d’autre qu’une tentative désespérée d’entités hybrides qui manquent de racines et de véritable souveraineté».

Se vantant d’avoir «sacrifié des millions de martyrs pour la défense de l’unité» du pays, le régime algérien joue ouvertement la carte de la menace en affirmant dans son communiqué que «les incitations médiatiques qui portent atteinte à l’identité du peuple algérien ne resteront pas impunies, tant moralement que populairement»! Comprenne qui pourra…

«Attaquer l’unité du peuple algérien n’est pas seulement une insulte médiatique, mais un coup de poignard, une agression contre les valeurs, la souveraineté et un destin commun», conclut le communiqué, qui ajoute que l’Algérie répondra du tac au tac à cette «agression» émiratie.

Ce n’est pas la première fois que le régime d’Alger s’attaque aux Émirats, mais la virulence de la charge et sa diffusion sur une chaîne publique diffèrent des précédentes offensives. On se souvient que, le 10 janvier 2024, le Haut Conseil de sécurité algérien a tenu une réunion en présence du président Abdelmadjid Tebboune et du chef d’état-major de l’armée, le général Saïd Chengriha, pour «exprimer ses regrets concernant les agissements hostiles à l’Algérie, émanant d’un pays arabe frère». En l’occurrence les Émirats arabes unis.

Cette réunion du Haut Conseil de sécurité a été précédée de deux virulentes attaques contre l’État du Golfe. Le 30 mai 2023, deux médias à la solde du régime, l’un francophone, L’Expression, et l’autre arabophone, El Khabar, ont simultanément publié un article similaire relatant un complot en préparation contre l’Algérie, et dont les instigateurs seraient le Maroc, la France et Israël, évoquant une rencontre entre les services de renseignement du Maroc, de la France et d’Israël qui se serait déroulée à Tel-Aviv.

Et le 21 juin 2023, une information diffusée par la chaîne Ennahar a annoncé «l’expulsion imminente» de l’ambassadeur émirati à Alger suite à «l’arrestation de quatre espions émiratis qui opéraient pour le compte du Mossad» israélien, avant que le ministère de la Communication ne la démente dans une insoutenable cacophonie.

Toutefois, l’hystérie déployée contre les Émirats atteint cette fois-ci un degré inégalé, tant par la vulgarité des insultes que par le fait de les assumer sur une chaîne de télévision publique. Un tel niveau d’insultes est indigne d’un État, et ne peut être l’œuvre que du président algérien qui nous a habitués à des sorties hystériques et à des réactions empreintes de folie furieuse.

La santé mentale de Abdelmadjid Tebboune interpelle sérieusement. Entre le faux rétropédalage attribué en fanfaronnant à l’Espagne sur le dossier du Sahara, la folie des grandeurs en proclamant l’Algérie 3ème puissance mondiale, les annonces farfelues de dessalement de 1,3 milliard de mètres cubes d’eau de mer par jour, la crise ouverte avec la quasi-totalité des pays voisins, la responsabilité dans la détérioration inédite des relations avec la France, les furieuses invectives contre les Émirats arabes unis et l’appel à la «mobilisation générale», il y a des raisons objectives de s’interroger sur les capacités psychiques du président algérien et de s’attendre à ce que sa démence finisse par embraser toute la région.

Par Mohammed Ould Boah
Le 03/05/2025 à 10h51