Espionnée et menacée, la communauté kabyle au Canada en appelle à Trudeau pour se prémunir contre le régime d’Alger

Manifestation pour l’autodétermination de la Kabylie et la libération des prisonniers d’opinion en Algérie dans les rues de Montréal, le 16 avril 2022.

Victime d’espionnage, de menaces et d’intimidations de la part du régime algérien, la communauté kabyle installée au Canada demande au gouvernement canadien d’assurer sa protection et de faire cesser ces actes gravissimes.

Le 18/06/2024 à 13h50

La communauté kabyle résidant au Canada est devenue ces derniers temps la cible des généraux d’Alger. Craignant pour leur sécurité et celle de leurs proches en Algérie, les Kabyles du Canada tirent la sonnette d’alarme et appellent le gouvernement Trudeau à prendre très au sérieux la gravité de leur cas pour les mettre à l’abri des pressions itératives du régime algérien.

Dans un article publié, hier lundi, intitulé «Des citoyens canadiens dénoncent l’espionnage et l’intimidation par le régime algérien», Radio Canada souligne que des Canadiens d’origine kabyle vivent désormais dans la peur et exigent une intervention des autorités canadiennes.

Le diffuseur public national du Canada a consacré un long article à ce sujet devenu récemment très problématique, la sécurité des Kabyles de nationalité canadienne devenant compromise à l’intérieur et à l’extérieur du sol canadien.

En effet, plusieurs membres de la communauté kabyle au Canada ont rapporté qu’ils font face à des représailles en raison de leurs liens supposés avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), en plus des actes de filature et d’espionnage permanent et autres barbouzeries dont ils font l’objet.

Parmi les victimes de la machine algérienne à faire chanter et à intimider, figurent des fonctionnaires d’origine kabyle des gouvernements fédéral et québécois. Poussant ses procédés autoritaires dignes de l’ère stalinienne à leur paroxysme, le régime d’Alger est allé jusqu’à convoquer certains de ces Kabyles au consulat ou à l’ambassade de l’Algérie à Ottawa.

Espionnage des artistes kabyles

Kamal Sehaki, un artiste de 36 ans d’origine kabyle, vivait paisiblement au Canada depuis 2018 jusqu’au jour où il a appris qu’il était, lui aussi, dans le viseur du régime algérien. Le lauréat de prix internationaux pour ses courts-métrages dévoile à Radio Canada que les services de renseignement algériens épiaient ses moindres faits et gestes, et qu’il a récemment reçu un appel d’un membre du consulat d’Algérie à Montréal.

«L’homme lui a laissé entendre que le gouvernement algérien pouvait l’aider à mousser sa carrière et lui aurait proposé un rendez-vous au consulat», précise-t-on. Sehaki a fait montre de prudence en arrangeant une rencontre avec l’agent dit consulaire dans un espace public.

En aucun moment les projets artistiques évoqués lors de l’entretien téléphonique par le limier du régime d’Alger avec l’artiste n’ont fait l’objet de discussion lors de leur entrevue. Seules les relations de Sehaki avec le MAK ont été abordées.

«Vous avez filmé les manifestations du MAK à telle date, telle date, telle place», lui dit-il, avant de lui intimer l’ordre «d’arrêter éternellement tout contact avec deux de ses amis militants du MAK».

Réagissant à ce qu’il a qualifié «d’ingérence étrangère», le député canadien Mario Beaulieu souligne que «les Québécois d’origine kabyle ont le droit à leur opinion et c’est inacceptable qu’ils subissent de l’intimidation du gouvernement algérien».

Par Saad Bouzrou
Le 18/06/2024 à 13h50