A Madrid, la vie est plus ou moins revenue à la normale et en pleine crise sanitaire, on peut s’attabler jusqu’à 23 heures dans les bars et restaurants de la ville. Une aubaine pour certains voisins européens, Français en tête, encore soumis au confinement dans plusieurs régions et à la fermeture de ces lieux de vie et surtout de fête.
Alors pour respirer le temps d’une soirée ou d’un week-end, de (trop) nombreux touristes français profitent de l’ouverture des frontières entre les deux pays pour aller s’amuser, et oublier par la même occasion les mesures sanitaires pourtant toujours de rigueur, notamment celles rendant obligatoire le port du masque, ou interdisant les réunions de plus de six personnes en extérieur.
De quoi exaspérer les Madrilènes qui, eux, ont l’interdiction de quitter leur région. Pour dénoncer cette incohérence qui a aggravé le taux de contamination en Espagne selon le ministère espagnol de la Santé, qui s'est exprimé à ce sujet le 27 mars, une fronde madrilène s’est organisée sur Twitter pour dénoncer ce tourisme qui, faute d’être culturel, se déverse dans les rues en déboires avinés.
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C’est donc sous le hashtag #touristasfranceses (touristes français) que les Espagnols partagent, excédés, des scènes de rues donnant à voir des touristes éméchés, agglutinés, chantant et dansant sans se soucier le moins du monde des restrictions imposées par le gouvernement espagnol.
"Des touristes français sous le coup de l’émotion à l’idée d’aller au théâtre", écrit l’un sur Twitter, pour commenter une scène de beuverie en pleine rue, un soir à Madrid. "Deux touristes français exténués après avoir visité 25 musées à Madrid en une journée", écrit un autre, en commentaire d’une photo de deux hommes affalés sur le trottoir, ivres morts.
"Des touristes françaises admirant les toiles de Rubens au Prado", ou encore "ici, un groupe de Français fait du tourisme culturel en recréant La Liberté guidant le peuple, d’Eugène Delacroix, dans les rues de Madrid", ironisent d’autres, en qualifiant des scènes de rues.
Autant de sarcasmes aux propos tenus par le maire de la capitale, José Luis Martínez-Almeida, qui a assurait à ses concitoyens que les touristes français ne viennent pas à Madrid pour boire à cause des restrictions plus laxistes de la ville, mais à cause de "l'attraction indéniable" que représente Madrid, "seule grande capitale européenne" qui a ouvert tous les accès à la culture en période de crise sanitaire, rapporte le journal La Vanguardia.
Mais Madrid n'est pas la seule ville à souffrir de ce type de tourisme. Barcelone, elle aussi, connaît une hausse du tourisme en provenance de France avec la venue massive de fêtards, comme le dénonce la presse espagnole. En effet, il y a quelques jours, la police espagnole a dû disperser une foule de plus de 600 personnes, agglutinées le long de la célèbre rue Paseo El Born parmi lesquels de nombreux touristes français, dénonce le journal local Nius Diario.
Les autorités espagnoles ont donc décidé de réagir pour contrer ce type de tourisme, auquel on attribue la hausse des contaminations en exigeant, à compter du 30 mars, des voyageurs en provenance de France par la voie terrestre un test PCR négatif de moins de 72 heures. Une mesure qui intervient à quelques jours de la Semana santa (la Semaine sainte), qui se déroule du 28 mars au 4 avril, et au cours de laquelle les Espagnols, en vacances, ont coutume de se déplacer pour rendre visiter à leur famille, chose qui sera désormais impossible avec de nouvelles mesures qui interdisent les déplacements entre régions.
